Yvan Marc n’a pas besoin de fantaisies musicales, il sait, et c’est rare, être juste, trouver la bonne tonalité. Un peu à la manière d’un Michaël Furnon, voisin et ami. J’aime entendre ce son, authentique. Rude. Élémentaire parfois mais si juste, oui. Et, une fois encore, les textes savent être à la hauteur de cette tension électrique qui caractérise sa musique. Des mots simples. Directs. Qui ne trichent jamais. On ne saurait vous conseiller, à votre tour, de découvrir l’univers musical d’Yvan Marc. Rencontre :
Nous nous étions vus pour la sortie de « La grève » en 2008. Que s’est-il passé depuis ?
Beaucoup de choses. Déjà un album, « À bout de gras », que j’ai sorti en février 2010 et puis de nombreux concerts dans la foulée. Après cet album, j’ai fait une pause dans les concerts pendant une année pour me consacrer à l’écriture de « La cerise ». J’avais besoin aussi de retrouver un peu d’énergie et d’envie suite aux faillites respectives de mon label et tourneur. Il m’a fallu remonter une structure associative qui puisse porter mon projet artistique un peu comme au début de mes premiers pas de chanteur. Donc tout ça prend du temps…

Vous avez laissé tomber votre carrière d’enseignant…sans regret ?
Et bien non, je n’ai pas laissé mon métier d’enseignant puisque je suis toujours prof. au lycée George Sand à Yssingeaux. Un métier qui me plaît même si je ne l’exerce pas à plein temps. Il me permet de changer d’air et de ne pas tout miser sur la musique, et puis surtout j’aime ce travail.

L’album s’ouvre sur un duo avec Lisa Portelli. Pourquoi ce duo précisément ?
« J’oublie » est une chanson que j’aime beaucoup avec une ambiance particulière, elle est aussi un peu le point de départ de l’album. C’est une des premières chansons que j’ai écrites pour cet album. Lisa est une chanteuse que j’ai programmée à de nombreuses reprises en Haute-Loire ces dernières années car je suis vraiment fan. Nous avons sympathisé et entre deux concerts, je lui ai demandé de venir poser sa voix sur cette chanson. Elle a accepté et on a pris deux heures dans le studio du coin. Pour moi, ça a été un grand plaisir et honneur.

On note l’utilisation de deux instruments originaux sur l’album, le banjo et l’accordéon. Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’avais vraiment envie de changer d’univers, de revenir à une ambiance plus folk, une ambiance plus épurée avec des instruments acoustiques. Mathieu Pignol qui est multi-instrumentiste a rejoint l’équipe permettant ce travail sur une ambiance plus acoustique. L’accordéon diatonique est un instrument que j’adore et j’avais vraiment envie qu’il soit présent sur cet album.

Si l’on vous dit que l’album sonne plutôt anglo-saxon, un son entre Rock, Blues et Folk, délaissant ainsi un peu la chanson française, qu’en pensez-vous ?
Mon souhait est d’arriver à intégrer mes influences anglo-saxonnes tout en restant dans une tradition où le texte en français est mis en avant. L’album précédent était beaucoup plus pop avec une basse batterie très présente qui tenait la plupart des titres. Pour cet album, j’ai voulu ce côté un peu country, song-writter mais tout en sachant que je fais de la chanson française. C’est toujours cette volonté d’équilibre : je m’appuie sur cette tradition de la chanson française en intégrant des sonorités, des ambiances plus anglo-saxonnes.

Vous parvenez à évoquer le quotidien tout en l’insérant dans une réalité sociale évidente. C’est volontaire ?
Oui. L’idée est de partir de ce que les gens vivent, donc du personnel, en essayant d’aller vers l’universel. Raconter des histoires, des moments de vie, des émotions, c’est ce que je sais faire, ce que j’aime faire.

La crise, vous connaissez puisque votre label a fait faillite… Comment avez-vous (ou avec qui) produit ce nouvel album ?
Comme je l’ai dit, j’ai monté une structure avec plusieurs personnes pour poursuivre mon projet artistique avec une plus grande indépendance, pour aussi pouvoir organiser des concerts en Haute-Loire. Je me suis donc appuyé sur cette structure pour produire cet album. Au départ, je voulais simplement titrer quelques exemplaires mais, petit à petit, j’ai eu des bons retours et une rencontre décisive avec le label « Le cri du charbon » avec qui j’ai décidé de travailler pour faire une sortie nationale. C’est un album de rencontre entre Lisa Portelli, Christophe Vial et Cyril Baltahazard issus du Cri du charbon et ensuite Inouïe pour la distribution. Que des gens bien en quelque sorte ! Des artisans comme moi qui vont au charbon, qui mouillent la chemise !

Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?
Moi, je fais le boulot après je ne maîtrise plus. Pour l’instant, j’ai de bons retours médias avec deux titres en playlist sur France Inter et RFI, de nombreux titres sur des radios locales. Cet album fait son petit chemin et c’est bien. Maintenant, c’est du côté de la scène que je regarde et c’est aussi le meilleur moyen de défendre cet album.

Si l’on dit que Dominique A a permis à la chanson française de s’émanciper de son histoire. Vous cautionnez ?
Dominique A fait parti de mes références et de mes écoutes régulières. Je suis fan, donc je ne dirai pas le contraire.

Vous êtes parfois grave, dans vos chansons, tout en restant souvent drôle…Un dosage délicat, sans doute ?
J’aime bien aborder des sujets graves en essayant de tourner ça un peu en dérision comme c’est le cas pour la chanson « La cerise ». Mais toutes les chansons ne sont pas comme ça.

Seriez-vous parfois mélancolique, par hasard ?
Oui ça m’arrive. J’ai parfois des textes qui partent de constats pas forcément positifs mais qui débouchent toujours sur une volonté d’avancer.

Comment se porte Mickaël Furnon ?
Il faut lui demander… En tout cas, il a eu la gentillesse de venir poser sa voix sur « Les filles ».

Vous allez partager l’affiche avec Jean-Louis Murat, un plaisir particulier ?
J’ai vraiment une grande admiration pour cet artiste. J’ai adoré son album précédant « Grand lièvre ». Un album parfait. Je n’ai pas encore écouté le dernier mais je vais le découvrir sur scène. C’est vraiment un plaisir que de partager la scène avec lui.

J’aime beaucoup « La cerise ». Que dire pour convaincre nos lecteurs de l’adopter à leur tour ?
Faites confiance à l’Agenda Stéphanois !

« Les oreilles en Pointe », ça évoque quoi chez vous ?
Un festival chanson référence. Donc, un grand plaisir d’être dans la programmation.