Sans doute Eric Zemmour, illuminé parmi les illuminés, ne croyait-il pas aussi bien dire… Sans doute aussi ne connaissez-vous pas le groupe CA Chevreul. Chevreul propose des services complets et sur mesure à une clientèle internationale, fonds de pensions, institutions financières, assurances… CA Chevreul est considéré comme l’une des meilleures entreprises dans son domaine. Au mois de mars 2012, soit quelques mois avant les élections présidentielles qui porteront à la surprise générale, François Hollande à la présidence de la République, François Ruffin (qui réalisera quelques années plus tard le fameux documentaire « Merci Patron » ridiculisant le groupe LVMH et son grand patron Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France) posta sur internet une interview qu’il réalisa du « Chief Economist » de CA Chevreul, alias Nicolas Doisy. Dans cet entretien pour le moins surréaliste et prophétique, Nicolas Doisy livre un discours sans ambiguïté. L’analyste financier annonce, sans aucun détour, que quel que soit le prochain Président de La République Française, ce dernier devra obéir au diktat de la Commission Européenne, et imposer au peuple de France une loi travail sciemment décidée par l’Europe et la Haute Finance.

Selon N. Doisy, un gouvernement de droite aurait fait exactement pareil. Dans cet entretien filmé et particulièrement bien mené par Fr. Ruffin, l’économiste – qui comprend au final le jeu du journaliste impertinent – déclare que l’appartenance de la France à l’euro impose de toute façon au prochain président des réformes visant à « flexibiliser le marché du travail » et « remettre en cause le CDI », comme cela a déjà été fait en Allemagne, en Espagne, en Italie ou en Grèce ; et ceci malgré tous les fameux discours de campagnes, notamment celui de Fr. Hollande au Bourget (mars 2012, « mon ennemi, c’est le monde de la finance… »). Plus clairement, selon N. Doisy, cette mesure imposée par les marchés financiers consistera à faire passer un message au dit marché financier, celui de « réduire substantiellement les garanties des travailleurs en CDI et imposer plus de flexibilité aux travailleurs français ». Sourire aux lèvres, l’économiste explique que « dans tous les cas, ce sont les électeurs qui seront déçus et les marchés qui gagneront ». Il cite en exemple les cas de la Grèce, de l’Espagne, de l’Italie et bien d’autres pays européens depuis 2010. Selon N. Boisy, il ne s’agit nullement de donner raison ou tort au marché, mais simplement de constater qu’in fine, « c’est toujours le marché qui l’emporte ». Pour bien faire comprendre son message, l’économiste rajoute que « les pressions des marchés devraient représenter une pression suffisamment puissante pour que le prochain Président de La République Française évite de jouer à des jeux stupides ». Autrement dit à aller à l’encontre des marchés.

Et la loi El Khomeri, adoptée cet été malgré une forte mobilisation du peuple de France, n’est rien d’autre que la concrétisation d’une soumission, celle de la France aux lois dictées par les marchés financiers. Cependant, durant la dizaine de minutes que dure cet entretien, on notera qu’à un seul moment, le financier qui fait preuve d’une franchise bien naïve d’ailleurs, admettra que le seul moyen d’aller à l’encontre des marchés serait une mobilisation globale et générale de la population contre ce projet de remise en cause du CDI. Car au fond, aujourd’hui, tout le monde a très bien compris que l’ensemble de la classe politique française – il suffit de voir le profil des candidats – a pleinement accepté et validé cette soumission au marché. Tout le monde a très bien compris que le pouvoir n’est plus dans les mains du politique mais bien des multinationales, dont certaines sont bien françaises d’ailleurs, qui établissent les lois à travers les différents lobbys préalablement mis en place. Sans doute ces multinationales ont-elles été surprises de voir avec quelle facilité les hommes politiques auront rendu les armes, sans combattre, hormis quelques exceptions ici ou là.

Les médias internationaux détenus par ces mêmes multinationales conditionnent tous les jours des peuples de plus en plus pressurisés et précarisés. Le dernier film de Ken Loach, « Moi, Daniel Blake » montre comment l’Etat permet aux entreprises privées d’humilier au quotidien le petit peuple. La classe moyenne prise au piège de l’endettement, pour son logement, sa voiture, la scolarité de sa progéniture, est trop heureuse de pouvoir s’offrir quelques semaines de vacances par an grâce notamment à l’abaissement anarchique du coût des transports, la dernière tablette à la mode ou se divertir devant le prochain « match ou film du siècle », trop heureuse de pouvoir se payer un « burn out », nouvelle pandémie ou nouveau sida mental comme disait Pauwels… Pourtant, une seule chose semble effrayer le marché, cette fameuse mobilisation populaire massive.

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