D’Alain Besset – Cie Electro Chok

La nouvelle création d’Alain Besset se penche sur les dérives que peuvent connaître nos sociétés lorsque se retrouvent à leur tête des

« révolutionnaires idéalistes ». Il répond à quelques questions :

Je te cite : « J’aime par le biais d’auteurs contemporains talentueux soulever les problématiques sociales et politiques de nos sociétés cupides et inhumaines, leurs injustices ». Ton parcours théâtral est aussi artistique que militant. Pourquoi ?

Nous nous fabriquons, je crois, par notre éducation et dès mon plus jeune âge j’ai « baigné » dans une famille « militante » et « engagée ». Effectivement ma grand-mère, Alice Arteil, dès 1941 se lance dans la lutte contre les nazis en diffusant tracts et journaux clandestins, elle met sur pied seule des petits groupes résistants. Franc-tireur en 1942, elle entre dans la clandestinité et prend la tête du maquis de Lavoine, fort d’une cinquantaine d’hommes, multipliant les actions armées et de sabotages jusqu’à la fin de la guerre. Je pense n’avoir pas été insensible aux multiples rencontres et témoignages dans mon adolescence auxquels j’ai assisté à ses côtés. Passionné par le spectacle vivant et la littérature en tant que spectateur les travaux de Mnouchkine, Chéreau, Brooks, Savary… m’ont également forgé une définition singulière du théâtre !

Le théâtre et la culture au sens large interrogent nos sociétés. Ton nouveau spectacle n’échappe pas à la règle. Quels en sont l’histoire et le thème principal ?

Avec Artaud, j’ai abordé le thème de la folie et des thérapeutiques tortures électriques, avec Bosquet le nazisme et la déportation, avec Delbo la résistance et l’engagement, avec Kalouaz l’univers carcéral, avec Koltès la solitude, avec Granouillet la guerre d’Algérie, avec Vrébos la philosophie d’Henry Miller… Aujourd’hui avec Riding, je souhaite soulever le problème des dérives dictatoriales que peuvent engendrer certains révolutionnaires idéalistes une fois au pouvoir. La pièce se déroule de nos jours, une décennie après le renversement d’un dictateur de droite par une révolution populaire, dans la geôle d’un prisonnier qui nie avoir conspiré… Il doit choisir entre la loyauté ou bien la trahison envers sa famille, ses idéaux révolutionnaires et le Président.

Alan Riding t’a inspiré cette pièce. Pourquoi cet auteur ?

Parce que cet auteur ayant été journaliste du New York Times qui relatait les transitions des régimes militaires en « démocraties » dans de nombreux pays d’Amérique du Sud de 1970 à 1990 connaît parfaitement son sujet ! Sa fiction théâtrale est troublante de vérité et de sensibilité, ses dialogues incisifs, et dès notre première rencontre le « courant » humain est passé !

Un mot sur le financement de ton spectacle et par là même sur celui de la culture aujourd’hui ?

Là, malheureusement, nous rencontrons pas mal de difficultés pour boucler un budget qui doit supporter les salaires de quatre comédiens au plateau, un scénographe, des techniciens… des costumes, un décor, enfin tout ce que nécessite comme investissement un spectacle professionnel. Hormis le soutien financier de la scène conventionné de Guéret qui nous « épaule » depuis quatre saisons et dont je suis devenu compagnon artistique, un pré-achat de la MJC de Saint Martin la Plaine, et une aide de la ville de Saint-Étienne, nous n’avons pu obtenir celui du département pour cette nouvelle aventure artistique. Mais nous avons grand espoir que ce spectacle pourra rebondir comme notre dernier « Ceux qui avaient choisi » de Charlotte Delbo qui depuis trois ans a dépassé les 110 représentations dont deux Festival d’Avignon. Les temps sont de plus en plus difficiles pour obtenir des financements publics car les enveloppes subventionnelles se réduisent, les projets sont nombreux, l’offre dépasse largement la demande. D’ailleurs c’est pourquoi nous avons décidé de lancer un financement participatif auprès de notre public !

Infos pratiques

Chok Théâtre

MERCREDI 13 AU VENDREDI 15 MARS – 20H30

Mise en scène : Alain Besset

Avec : Cécile Besse, Alain Besset, Grégory Bonnefont et Marko Nikolic