Un festival comme les oreilles en pointe demande une grosse année de travail. Définir la programmation, rencontrer les artistes, organiser leur venue, préparer la biletterie, trouver les partenaires, les salles…. tibert le sait mieux que personne. il répond à quelques questions sur cette 28e édition.

28 éditions. Qu’est-ce qui a changé entre hier et aujourd’hui ?

En 28 ans les changements ont été nombreux : 3 déménagements entre Saint Priest en Jarez, Andrézieux et l’ancrage dans la vallée de l’Ondaine, l’arrivée progressive de bénévoles ultra-motivés, une offre de concerts bien plus importante et plus récemment le développement de partenariats avec le monde du travail et de l’entreprise ont radicalement transformé ce qui n’était au départ que l’idée d’un musicien attaché aux chemins de traverses.

Et qu’est-ce qui est resté ?

Le goût de la découverte, le respect des cultures dans leur diversité, une façon simple et chaleureuse d’aller au concert entre amis et une certaine indépendance d’esprit et de programmation voilà l’essence et ce qui donne son originalité aux Oreilles en Pointe.

Francophonie, beaux textes. Une volonté parfois difficile à assumer ?

Oui il est difficile de tenir cette exigence. Écouter une chanson (et cela quel qu’en soit le genre) c’est écouter quelqu’un qui s’adresse à vous. Cela demande de la part du spectateur un peu d’effort et d’attention, d’accepter d’entrer dans un univers singulier. Cet effort demandé, ce rapport plus intime à l’œuvre va à contre-courant des grands rassemblements médiatisés pour lesquels il s’agit avant tout d’un acte de consommation de masse, d’une identification au plus grand nombre. Mais d’un autre côté c’est parce que le Festival est dans cette démarche qu’il peut y puiser énergie et volonté. L’essentiel est bien de donner du sens à ce que l’on fait.

Quelles sont les grandes lignes de cette nouvelle édition ?

Toujours oser la découverte ! Cette année est 100 % francophone avec des artistes canadiens, suisses et français inconnus et pourtant magnifiques. Une dimension festive aussi avec la soirée des Négresses Vertes et celle de Feu ! Chatterton.

Eric Berlivet, le maire de Roche la Molière, parle de valeurs, d’interconnexion avec le territoire. Que veut-il dire ?

C’était un très beau moment lors de la conférence de presse d’entendre Eric Berlivet parler ainsi de ce qui fait l’âme de notre festival : être au plus près des gens de l’Ondaine (il y a des concerts dans les entreprises, les maisons de retraite, les médiathèques, les écoles et lycées, les hôpitaux), unir plusieurs communes dans un même partage de moyens pour pouvoir proposer aux habitants plus de qualité et de diversité. Il s’agit aussi de défendre une présence de la culture partout et pas seulement dans les grands centres urbains. Un festival comme celui des Oreilles en Pointe doit s’inscrire dans un projet politique citoyen, proche des habitants.

Les subventions diminuent. Comment peut-on lutter contre cette érosion financière de la culture ?

Là encore il s’agit de donner du sens à ce que l’on fait. Je suis longtemps passé dans la vallée de l’Ondaine sans vraiment tenir compte de la vie au travail de ses habitants, chacun vivant de son côté. Mais en rapprochant le monde de l’entreprise de celui de la culture j’ai voulu casser ce schéma et réunir dans un même projet de bien vivre ensemble toutes les énergies qui font de ce territoire un lieu vivant et fier de ce qu’il réalise. J’ai eu la chance de rencontrer des chefs d’entreprise qui ont bien voulu me suivre dans cette démarche. C’est aujourd’hui une grande réussite puisque le mécénat d’entreprise a permis de sauver le festival et au-delà de prolonger cette aventure humaine.

Un dernier mot pour nous faire rêver ?

Oui, il faut accepter de rêver ! Et pour ça rien de mieux que d’aller au concert et de découvrir, d’aller vers l’inconnu. Il y a tant de mondes dans le monde ! Laissez la rencontre arriver et vivez les belles échappées de cette programmation !