Si, sous l’impulsion du Maire Républicain Rudi Giuliani aux débuts des années quatre-vingt-dix, New York est devenue une sorte de Disney Land touristique mondial qui reçoit chaque année une cinquantaine de millions de visiteurs provenant de la planète toute entière, elle apparaît au début des années soixante-dix, comme la poubelle des États-Unis avec un taux de criminalité parmi le plus élevé du pays et un climat politique et social sur fond de désordres sociaux avec notamment les émeutes de Stonewall (révolte de la communauté Gay et Lesbienne contre la maltraitance policière) en 1969. Paradoxalement, comme c’est souvent le cas, cette instabilité sociale, sécuritaire et politique a favorisé un mouvement créatif unique, celui du minimalisme. Celui-ci, en réaction au culte de l’individu et à la société de consommation, a diffusé son “less is more” dans les arts visuels, la musique, l’architecture ou le design. Le contre coup n’en sera d’autant que plus retentissant dans les années quatre-vingt avec l’avènement d’un art plus politique et plus exubérant, dans la forme, les couleurs et les thématiques.

C’est à une véritable plongée dans l’art contemporain new-yorkais des années soixante-dix que nous convie la 4e édition du Festival Nouveau Siècle, proposé par l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne en partenariat avec le Musée d’Art Moderne Saint-Étienne Métropole. Une immersion avant tout musicale et plastique autour de la personnalité unique de Philip Glass. Considéré comme l’un des plus grands compositeurs de sa génération, avec les premiers minimalistes comme Terry Riley, La Monte Young ou Steve Reich, Philip Glass présente une œuvre foisonnante, déclinée à travers multiples champs d’activité et s’inspirant du lien « populaire-savant » dans une conception musicale contemporaine davantage en rupture avec celle de ses contemporains européens. Sa musique a marqué toute une génération de musiciens « plus populaires » comme Brian Eno ou David Bowie.

On découvrira ainsi au Musée d’Art Moderne Philip Glass à la tête de son ensemble pour une sorte de rétrospective musicale avec des œuvres datant des années soixante-dix et quatre-vingt. Un moment très rare, précisons-le, assez rare pour être souligné. On pourra également écouter son adaptation de « La Belle et la Bête » d’après l’œuvre de Jean Cocteau au Grand Théâtre Massenet, toujours avec le Philip Glass Ensemble. Le virtuose pianiste en résidence à l’Opéra Théâtre David Greilsammer présentera également des œuvres du compositeur au cours d’un programme intitulé simplement « Amériques », en écho au concert « Aimez-vous la musique Américaine ? », proposé par l’Ensemble Orchestral Contemporain et l’Orchestre Symphonique de Saint-Étienne placés respectivement sous la direction de Daniel Kawka et Laurent Campellone. Le Ballet de Lorraine, dirigé par Mathilde Monnier, rendra lui aussi hommage à la musique de Ph. Glass avec « In the Upper Room », une chorégraphie créée en 1986 sur une musique envoûtante du compositeur originaire de Baltimore. Enfin, le Festival Nouveau Siècle sera donc l’occasion de découvrir une grande exposition d’artistes new-yorkais, du minimalisme à nos jours, présentée dans les murs du Musée d’Art Moderne. Les œuvres de Joel Shapiro et Peter Halley seront particulièrement mises à l’honneur par cette exposition qui présentera également le visage de la création contemporaine à New York à travers l’œuvre d’une dizaine de jeunes artistes originaires ou vivants à New York.

Opéra Théâtre – Musée d’Art Moderne
Saint-Etienne – Du 20 au 28 janvier