J’ai toujours pensé que Stephan Eicher était le premier vrai artiste Européen, dans le sens où il chante quasi naturellement aussi bien en Français, Anglais, Allemand ou Italien, et que sa carrière s’est construite à force de travail et de talent dans l’ensemble des pays Européens, hormis, peut-être la Grande-Bretagne… Mais la Grande-Bretagne n’a-t-elle jamais fait partie de l’Europe à vrai dire (faudra bien un jour envisager cette hypothèse…). De la même façon, j’ai toujours pensé que Stephan Eicher était un mec bien, sincère, à milles lieux de tous ces artistes qui se la jouent cool devant les médias et qui, en privé, ne manquent pas d’étaler leur suffisance. Vous voulez des noms ? Regardez tout simplement tous ces faux artistes qui squattent à longueur d’antenne ces émissions à deux balles…

Malgré un succès public répété, qui a démarré en France en 1986 (un quart de siècle déjà !) avec l’album « I tell this night » comprenant le tube « Two people in a room », on pourrait également citer « Combien de Temps » (album « Silence » l’année suivante) ou « Déjeuner en paix » (« Engelberg » vendus à plus de 700 000 exemplaires et premier acte d’une fructueuse collaboration avec l’écrivain Philippe Djian, l’un des meilleurs de sa génération), Stephan Eicher a l’intelligence de ne point abuser des médias, évitant ainsi toute overdose égocentrique. Car, nul n’ignore que ce qui est rare est cher (merci pour ceux qui l’auront remarqué).
Enfin, j’ai toujours pensé que ce fameux album, « Engelberg », reste une des meilleures productions européennes du début des années 90. Rencontré au cours d’une émission mythique d’Antoine de Caunes (toujours dans les bons coups, celui-là !), « Rapido », Philippe Djian signe alors des textes « sur mesure », courts, intenses et explosifs qui collent parfaitement aux mélodies Rock et à la voix quelque peu éraillée du musicien Suisse. Il faut aussi dire que des pointures comme Pino Palladino (bassiste qui a joué avec les plus grands, dont David Gilmour, Elton John, Zuccherro…), Dominique Blanc-Fancart, producteur reconnu et par ailleurs père de Sinclair (celui qui fût un jeune musicos prometteur, j’entends) et Manu Katché, qu’on ne présente plus, participèrent à l’enregistrement de ce bel album. Dans le cadre de l’excellent Festival des Poly’sons (Montbrison), délocalisé une fois n’est pas coutume sur la scène du Fil (Saint-Étienne), Stephan Eicher proposera un tout nouveau concept scénique (à découvrir donc), s’appuyant notamment sur son 16e album, sorti à l’automne dernier et intitulée « L’envolée ». La première partie est assurée par Milord, un jeune chanteur à la gouaille, dit-on, bien affirmée.

Le Fil – Saint-Étienne
Mercredi 6 février à 20 h 30