Dire que le précédent film de Robert Redford, « La conspiration », qui traitait notamment de la mort du président Lincoln, n’a même pas bénéficié d’une sortie sur écran ! Il a été directement distribué en DVD. Décidément, Hollywood est sans aucune pitié. La dixième réalisation de Robert Redford ne connaîtra pas ce sort obscur et jouira d’un dispositif plus à la hauteur de la classe de l’acteur. Il faut dire que « Sous surveillance » fut présenté hors compétition à la Mostra de Venise l’an dernier. Cette reconnaissance internationale a sans doute permis au film une distribution digne et soutenue. Depuis ses débuts derrière la caméra, et à l’image du regretté Paul Newman, son partenaire dans deux films mythiques, « Butch Cassidy et Billy le kid » et « L’Arnaque », Robert Redford a toujours assumé ses convictions politiques marquées par la tolérance et un humanisme jamais démenti. Ce qui, aux États-Unis, vous suffit à vous qualifier de gauchiste… Sa carrière aussi bien en tant qu’acteur, « Les Trois jours du Condor », « Les hommes du président  » que réalisateur, « Milagro », « Lions et agneaux »…, est un plaidoyer pour son engagement politique et écologique qu’il confirme avec son nouveau long-métrage.

« Sous surveillance » prend sa source durant la Guerre du Vietnam. Au plus fort de l’engagement militaire américain, à la fin des années 60, une partie de la jeunesse américaine décide d’entrer dans la clandestinité et de frapper le pouvoir. Ce groupe de militants radicaux est alors appelé Weather Underground. Il revendiquera une vague d’attentats aux États-Unis pour protester contre l’engagement des forces américaines au Vietnam. La plupart de ses membres furent emprisonnés, mais quelques-uns disparurent sans laisser de trace… Jusqu’à aujourd’hui avec l’arrestation de Sharon Solarz, l’une de ses activistes, qui remet cette affaire sur le devant de la scène, au point d’attiser la curiosité du jeune et ambitieux reporter Ben Schulberg. Jouant avec ses relations au FBI, Ben Schulberg parvient à rassembler, petit à petit, les pièces du puzzle, le menant jusqu’à Jim Grant, un avocat apparemment sans histoires… Lorsque celui-ci disparaît brusquement, le journaliste se lance sur sa piste, déterminé à le retrouver avant le FBI. Cette période de l’histoire américaine n’est pas sans rappeler chez nous l’affaire Cesare Battisti, ancien membre des Prolétaires armés pour le communisme, exilé en France avec la bienveillance du gouvernement socialiste de François Mitterrand, devenu écrivain à succès, accusé d’assassinat par les autorités italiennes. Bénéficiant de la jurisprudence « Mitterrand », C. Battisti dut s’enfuir au Brésil afin d’échapper à la police française. Après quatre ans d’emprisonnement à Brasilia, C. Battisti vit librement au Brésil qui a rejeté, à plusieurs reprises, toute demande d’extradition italienne.
Sortie mercredi 8 mai