Le nouvel album de Stevie Wonder devrait sortir prochainement. Il s’agit d’un album dans lequel le musicien américain réinterpréte tous ses grands titres rejoués par le London Symphony Orchestra. Sur une chanson précise, Stevie Wonder souhaitait un son « plus tribal ». Son entourage lui propose alors cinq musiciens sud-africains qui avaient déjà travaillé avec Paul Simon (Simon & Garfunkel, pour les plus jeunes d’entre vous…). Mais le génial compositeur de «Superstition» répond qu’il connaît un seul musicien qui pourrait très bien faire le travail tout seul. Et ce musicien que Stevie Wonder admire au plus haut point n’est autre que Richard Bona. L’anecdote en dit long sur le talent du musicien camerounais… Il faut dire que Richard Bona est ce qu’on peut appeler un musicien doué. Enfant, élevé dans une famille démunie, il se met naturellement à jouer du balafon, instrument qu’il construit lui-même.

Lorsqu’adolescent, il se rend en ville pour la première fois dans un club de Jazz de Douala tenu par un expatrié français, il découvre un vieux saxophone. Instinctivement, il s’empare du saxo et joue naturellement. Ce sera la même chose avec la guitare : après avoir attentivement observé un guitariste jouer devant lui pendant deux heures, Richard s’empare à son tour de la guitare et en joue tout naturellement. Tout ce que son oreille entend, il joue sur n’importe quel instrument ou presque… À la fin des années 80, Richard Bona s’envole pour l’Allemagne puis la France où il se produit dans différents clubs de jazz de la capitale. Cependant, en 1995, le musicien se voit refuser la prolongation de son titre de séjour et il est contraint de quitter le pays. Merci Balladur et les lois de restrictions sur le séjour des immigrés ! Contraint et forcé, Richard Bona se rend à New-York où il se produit avec la crème de la scène internationale, Harry Belafonte, Pat Metheny, Larry Coryell, Mickael Brecker. C’est là qu’il va construire sa réputation et sa crédibilité de musicien. Pour la petite histoire, Richard Bona recevra la Victoire du Jazz en tant que « Meilleur artiste international de l’année 2004 » et la France est heureuse de l’accueillir… L’an passé, il a reçu le Grand Prix Jazz de la Sacem.

« Bonafield », sorti en avril dernier, est le septième album de celui que la critique considère comme l’un des meilleurs bassistes de sa génération. L’album sonne comme un savant mélange d’une cuillerée de jazz, d’une bonne dose de pop africaine et même d’un filet de tango. Un florilège de sonorités dépouillées, traversées d’acoustique, de percussions, d’un soupçon de balafon, de délicieuses notes pianotées ou de bien belles cordes puissantes de légèreté. Un album intimiste et authentique, porté par un magnifique brin de voix. R. Bona chante en langue Douala, mais sa musique reste malgré tout imprégnée de Jazz. Comme a su le faire avant lui Manu Dibango, Richard Bona parvient à convaincre un public très large tout en gardant un style de musique singulier qui pourtant défie les genres et les chapelles. Dans une récente interview à L’Express, R. Bona s’élevait contre l’escroquerie du Play Back… Les plus grandes stars de la Pop usent et abusent du Play Back tout en faisant croire qu’ils chantent en direct. Le musicien camerounais révélait même les indices susceptibles de démontrer la supercherie car selon lui, le public ne mérite pas d’être ainsi roulé dans la farine.

Cité du design – Festival des 7 collines – St-Étienne
Mercredi 3 juillet à 20 h