« Heureux de vous retrouver ! », peut-on lire ici ou là, sur les vitrines des magasins, dans les salles de spectacles, au restaurant… cette petite phrase en dit long sur notre état d’esprit après plusieurs semaines confinés. Heureusement qu’enfin, progressivement, nous pouvons retourner au cinéma, assister à une représentation théâtrale (sic !), boire un verre en terrasse, manger au restaurant, visiter une galerie d’art… tout cela avec un bonheur indicible.

Du coup, nous pensions enfin pouvoir tourner une page, mais pas vraiment. De nombreuses incertitudes subsistent encore quant à la nature de ce qui nous attend dans les prochains mois. En premier lieu parce que le virus est toujours présent, et qu’il faut donc rester prudent. Aussi parce que si des secteurs d’activité ont repris leur « vie d’avant », qu’en est-il vraiment de la culture. À demi-mot certaines mesures sont annoncées, parfois contradictoires, souvent insuffisantes. Mais jamais d’engagement ferme du gouvernement ni du ministère de la rue De Valois.

Alors nous posons une question digne du bac de philo : « Peut-on vivre sans culture ? » et de rajouter « Doit-on la considérer comme un secteur non-essentiel ? ». En guise de réponse, certains argumenteront que ce n’est pas prioritaire, qu’il faut d’abord s’occuper de notre sécurité et de notre santé. D’autres diront que la culture profite avant tout à une bande de gens pas sérieux qui se servent largement du système. L’argument économique ne manquera pas de mettre en avant les coûts supportés par l’état, donc par les citoyens…

Finalement chacun est libre de penser ce qu’il veut. La réponse, qui n’engage que nous, est des plus évidente. Vivre sans culture, c’est comme essayer de respirer, mais sans oxygène. On s’asphyxie. Il ne s’agit pas seulement de se distraire, de rêver, d’élever son esprit par les arts, les lettres, la musique… Il s’agit avant tout de liens, de partages, de co-construction, d’inclusivité. Le metteur en scène Grégory Bonnefont, dans sa pièce « Vaclav et Tomas » qui évoque le régime tchécoslovaque dans les années soixante, a essayé de nous sensibiliser aux dérives possibles d’une société lorsque la censure s’installe, lorsque les livres sont interdits, lorsque les citoyens ou les artistes deviennent dissidents s’ils veulent demeurer libres ? Peut-on imaginer vivre ainsi ? Certes, la vision est pessimiste et nous n’en sommes pas là. Mais l’exception culturelle française est malmenée. Il faut donc rester vigilant.

Pour de nombreuses structures dans les secteurs de la musique, du théâtre, des médias indépendants… l’été sera l’occasion de réfléchir et essayer de trouver des solutions à cette crise. Mais pour la plupart d’entre nous ce sera l’occasion de profiter des vacances bien méritées. évidemment cet été ne résonnera pas aux sons des festivals, mais ce sera l’occasion de découvrir les nombreuses expositions dans les musées, les galeries, en plein air, de vous balader dans les villages de caractères de la Loire, de se laisser tenter par les propositions originales de Saint-Étienne Hors Cadre avec qui nous collaborons sur ce numéro, et de trouver dans les rubriques habituelles d’autres inspirations pour profiter au mieux de notre territoire. Nous vous donnons rendez-vous début septembre pour la nouvelle saison culturelle qui sera sans aucun doute exceptionnelle. Bel été à toutes et à tous encore !