Au départ il y a l’idée, puis le travail, le talent et, in fine l’œuvre pensée devient concrète. Pour en arriver là, la vie d’un auteur de bande dessinée est semée d’efforts et de persévérance. Un jour un éditeur remarque son travail et un jour enfin, le lecteur, au bout de la chaine, pourra s’offrir non pas une BD, mais une œuvre à part entière. Deloupy, bien connu des stéphanois, par ailleurs éditeur chez Jarjilles, vient justement de publier un nouvel album que l’on pourrait qualifier d’érotique, mais cela en réduirait le propos. Il répond à nos questions pour en savoir plus.
Comment et pourquoi as-tu décidé de te lancer dans ce projet ?
« Pour la peau » est un vieux projet, mais ce sont des rencontres successives, celle de Sandrine Saint-Marc ma co-scénariste et de Yannick Lejeune mon éditeur chez Delcourt, et le fait que « Love story à l’Iranienne » ait eu un peu de succès qui ont permis à ce projet atypique de voir le jour. Mathilde et Gabriel sont un couple adultérin, lui est marié et père, elle est mariée aussi, sans enfant. Dès le premier regard, les corps s’enflamment. Une relation illégitime démarre très vite pour tenter d’assouvir l’envie et le désir. Les rencontres sont d’abord purement sexuelles, animales, pleines de risque. Mais les sentiments naissent vite et le cadre de la relation devient trop restreint…
D’ailleurs de quoi parle cette nouvelle BD ?
C’est un projet érotique, avec des images explicites, qui raconte un adultère. J’avais au départ l’idée d’alterner les points de vue féminin/masculin et même de trouver une dessinatrice pour dessiner la partie féminine. Les essais que j’ai pu faire n’étaient pas convaincants… Et puis on m’a proposé de travailler avec Sandrine sur le scénario, en lui confiant l’histoire de Mathilde, le personnage féminin. J’ai donc deux dessins pour ce récit, l’un « classique » au pinceau, et l’autre au stylo-bille.
Techniquement, j’avais écrit une architecture de récit, avec des points par lesquels je voulais qu’on passe, mais j’avais indiqué à ma co-scénariste que je lui laissais toute liberté pour inventer, intervenir proposer des idées autour du personnage. On a donc fonctionné sous forme de ping-pong, j’envoyais mes pages dessinées auxquelles Sandrine répondait par une réponse scénarisée, que je dessinai, puis je lui renvoyai une réponse dessinée qui poursuivait le récit, ou le faisait basculer dans une autre direction…
L’érotisme reste cantonné à des clichés tant qualitatifs que sexuels. Comment as-tu abordé ce sujet ?
C’était l’idée d’aborder ce genre particulier, et de raconter tout de même une histoire, pas de me faire plaisir. J’aime la littérature de genre, polar, science-fiction, et le genre érotique est un genre comme un autre, qu’il faudrait sortir de sa fonction masturbatoire, pour l’amener vers un peu plus d’artistique… C’est ce que l’on a essayé de faire, modestement. Ce qui ressort des premières lectures, c’est que l’histoire est prenante, sensuelle et qu’on oublie très vite l’aspect sexuel du récit.