En 1995, le temps passe si vite…, Les Inrocks, véritable bible de la Gauche dite « culturelle », écrivait « Dans la France de 1995, on a besoin de gens comme Malik Chibane ». Il faut dire qu’à l’époque, la diversité n’était pas encore un concept à la mode, que les Rachida Dati, Nadjet Vallaud-Belkacem ou Azouz Begag n’étaient pas encore fichés par les RG, on n’imaginait pas encore qu’un métis pourrait devenir président de la plus grande puissance mondiale et que « La haine », premier film marketé comme « film de banlieue », réalisé pourtant par un « fils de bourge » qui ne connaissait pas grand-chose aux cités, explosait le box-office. En effet, deux ans avant « La haine », dans un style certes moins maîtrisé mais plus sincère, Malik Chibane réalisait, dans l’indifférence presque générale, « Hexagone », le véritable premier film Français se déroulant exclusivement dans une cité de la banlieue Parisienne, monté, produit et filmé par un cinéaste issu de cet environnement. Mais l’intelligence de Malik Chibane sera de se libérer de sa propre condition de « cinéaste de la cité ». Ainsi pour son second long-métrage, il fera appel à Frédéric Diefenthal en lui offrant son premier grand rôle, bien avant « la série des « Taxi ».

À l ‘instar de Pierre Jolivet, Malik Chibane ancre son cinéma dans une réalité sociale et culturelle délaissée par le cinéma d’auteur façon « Fémis ». Chez Chibane, les personnages ne sont ni enseignants, ni artistes mais bien des gens « du quotidien », qui reçoivent en pleine face toute la cruauté de notre société. Pour autant, son cinéma n’est ni revendicatif ni larmoyant. Il montre simplement une réalité que les grands médias parisiens pervertissent à longueur de temps, oubliant que dans toutes ces putains de cités Françaises, on trouve majoritairement des Français, ou ceux qui aspirent à le devenir, qui luttent pour vivre dignement. « Pauvre Richard » met en scène deux amis d’enfance, Richard et Omar, qui survivent dans le quartier en vendant des boissons chaudes sur le marché. Ici, tout le monde se connaît. Entre voisins, on n’hésite pas à se rendre service, à se faire crédit, formant ainsi une charmante communauté. Aussi lorsqu’on apprend au tabac voisin qu’un gagnant a décroché près de 124 millions d’euros au loto, tout s’enflamme ! Une folle excitation s’empare du quartier et de ses habitants. La suspicion et la paranoïa s’installent. Chacun guette le moindre indice de richesse (vêtements neufs, nouvelle voiture, déménagement inopiné) si bien que plus personne achete quoi que ce soit ! Jusqu’au jour où l’on soupçonne, à tort, Richard d’être ce fameux gagnant du loto. Et pour lui, ce sera le début de la galère…
Un film de Malik Chibane
Sortie le 16 janvier