Depuis pas mal d’années nous suivons avec intérêt le travail de Pascal Pacaly. Son nouveau livre « La France est (toujours) rock » devrait réjouir les fan de cet univers passionnant. Nous lui avons posé quelques questions pour en savoir plus :

– On connaît ton parcours d’écrivain, mais on sait peut-être moins que tu t’occupes d’une maison d’édition. Peux-tu en dire deux mots ?

Nous sommes deux bénévoles. Nous avons une grande passion pour l’Art, pour les choses différentes. Tu le sais sans doute, hélas, la culture ne va pas dans le bon sens en France… les gens sont beaucoup moins cultivés qu’auparavant. Ceci est sans doute dû au tout-connecté… Mais rien ne nous empêche de nous élever. Il suffit de lire, de regarder des choses intéressantes et d’arrêter d’avoir peur de ce qu’on ne connaît pas. La différence n’est pas immorale. La différence, l’ouverture d’esprit c’est un état de conscience qu’on veut t’empêcher d’atteindre. Mais tu peux aussi réussir par toi-même. Modestement, mais férocement, on essaye de contribuer à cet état d’esprit…

– Le rock et les verts. Deux passions, deux univers peut-être pas si loin l’un de l’autre ?

Oui, pas si loin. Le point commun est cette furieuse envie de sortir du quotidien, de rêver un peu. Prendre des bouffées d’oxygène. Quand ton équipe gagne, c’est toi qui gagne, tu n’es plus le loser-mouton de la semaine coincé dans une société-cage. Quand tu pogottes dans un concert, c’est exactement la même chose. C’est ce sentiment de sortir du cadre. Hélas le foot est nourri de clichés fric fric fric… le rock lui est encore parfois vu comme violent, surtout le punk. Là aussi ce sont des clichés, le punk est un style de musique, comme le jazz ou le blues en sont. Ce n’est pas plus violent, mais bruyant, ce qui est totalement différent. La violence EST CETTE SOCIETE. Et que ce soit le foot ou le rock, ce sont principalement des classes dites populaires qui s’y retrouvent. Donc oui, il y a bien un lien…

– Tu publies ton nouveau livre « La France est (toujours) rock ». Une parenthèse à toujours. Un doute ?

Pas vraiment, c’est plus un clin d’œil par rapport à la situation que nous vivons ! Car de concerts, hélas, il n’y a plus ! Mais oui la France est toujours rock ! Il y a toujours ces groupes qui se morfondent en attendant des jours meilleurs, mais que le temps est long ! Il y aurait tant de choses à dire, tellement improbables sur cette situation. Mais ici, le but est encore une fois de montrer que les groupes français tiennent plus que la dragée haute à leurs confrères anglais ou américains. Non, il n’y a pas que de la variété en France ! Il y a des tonnes de groupes qui se défoncent, qui rêvent, qui font passer des messages, qui donnent de l’espoir. Il n’y a pas de doute à avoir, la France est (toujours) rock ! Ce qui est moins rock, ce ne sont pas les groupes, mais bien ceux en haut de la pyramide, là, pas de doute !

– Le volume 3 de cette épopée musicale dans les coulisses du rock est encore très complet. Comment se déroule la journée type de l’écrivain journaliste que tu es ?

Je raconte la version tête dans le cul ou celle où je me lève direct tout beau tout propre et bien habillé ? Sinon, en ces temps tristes, c’est forcément beaucoup d’écriture et de promo sur les réseaux sociaux. En temps normal, donc dans le monde d’avant, tu rajoutes des stands livres dans les concerts et festivals (et là tu remues le couteau dans la plaie). Sinon beaucoup, beaucoup, beaucoup de lectures, de la bio de Neil Armstrong, à un road trip américain, en passant par des livres sur le foot. En tout cas, pandémie ou pas, tout ce qui est culture est nourriture. Même décrypter les infos est enrichissant. Voir comment le monde tournait dans le passé, et tourne de nos jours. Comparer, apprendre, comprendre.

– Que va-t-on découvrir dans ce nouvel opus ?

Que la vie est drôlement sympa finalement ! On est d’habitude tellement à fond dans le boulot et autres, qu’on ne se rend pas compte de certaines choses… Il aura fallu une pandémie pour se dire « hey !! mais c’était bien finalement le monde d’avant !! » et on se met à regretter tout ce qu’on avait. Dans ce livre c’est un peu ça, et c’est terrible car des lecteurs me parlent de « souvenirs », comme si c’était quelque chose qu’on ne verrait plus ! C’est effrayant ! Ce livre à néanmoins le mérite, comme les autres, de montrer ce qu’est la vie rock en France, comment on fait pour arriver à en vivre, comment se passent les tournées, les concerts, les enregistrements. Et bien sûr, il y a les anecdotes incomparables…

– Écrire et publier par temps de covid, c’est comment ?

C’est chiant même si paradoxalement c’est mieux pour l’écriture du tome 3 car du coup, les groupes étaient plus disponibles pour répondre… Mais cette situation reste désespérante par quelque bout qu’on la prenne. Tout ça manque tellement de recul. La panique, la peur de la mort, et l’inculture font que nous en sommes là. L’homme est un loup pour l’homme, quel gâchis, nous ne méritions pas notre planète. Quand tu penses que des dinosaures avec un cerveau de la taille d’une noix ont vécu des millions d’années… Pauvres incultes de nous….

– Que souhaites-tu le plus aujourd’hui ?

Boire des bières lors de concerts, du foot avec du public, manger des pâtes quatre fromages dans un restau italien de Sainté, regarder un film commercial et un autre intello dans les cinés. Que les gens lisent, éteignent un peu la télé, aient moins peur, arrêtent de croire en la religion et deviennent ainsi moins cons. Qu’on prenne soin de mère Terre. Hélas je sais que certains de ces rêves ne se réaliseront pas !

– Un mot pour conclure ?

Putain mais à quand on en boit une ?