Rencontre avec Pascal Pacaly, écrivain stéphanois, qui vient de publier son dernier livre «Rock Attitude», aux Editions Grimal :

Qu’est-ce qui t’a poussé vers l’écriture ?
Un mal être adolescent, et oui comme tant d’autres, il est parfois difficile de trouver sa place dans cette société… encore plus aujourd’hui qu’à mon époque -années 80/90- où j’ai l’impression qu’on a tendance à vouloir être populaire à tout prix : il suffit de regarder les réseaux sociaux – Facebook pour ne pas le nommer- pour voir comment tout cela évolue… c’est étrange ce monde : les choses qui devraient nous rapprocher nous éloignent parfois… Enfin bref, l’écriture peut être un bon moyen d’exorciser ses peines, d’écrire ses rêves, de raconter ses espoirs, et ici, ce fut le cas…

Pourquoi cette fascination pour le rock, et vouloir en particulier investir cet univers dans tes livres ?
Parce qu’à la base, le rock permet de sortir du carcan dans laquelle la société nous englue jour après jour. Au début tout du moins, parce qu’à un certain niveau, tu es obligé de suivre certains codes, etc. Mais quand tu joues seul ou en groupe, tu peux te laisser aller, te lâcher, exprimer tes rêves ou tes doutes. Toutefois je ne navigue pas que dans le rock, je pense par exemple à « Cadavres Exquis », un recueil de poésie pour lequel j’ai œuvré avec des peintres, photographes, graphistes de tous pays: d’Amérique, d’Italie en passant par l’Allemagne et la France bien sûr. J’aime beaucoup l’art d’une manière générale : Dali pour la peinture, « Macadam Cowboy » pour le cinéma, « Un Tramway nommé Désir » pour le théâtre ( oui ce fut d’abord une pièce avant d’être un film)…

Ton écriture est libre, directe, avec des ambiances très colorées. Ressens-tu des influences extérieures ?
La principale influence est américaine. La littérature américaine. Ca vient de deux choses : déjà mes auteurs d’adolescent, tels Bukowski, Tennessee Williams, Hubert Shelby Jr, Salinger ou Mac Cullers avaient une énorme personnalité, un charisme impressionnant… en France, pour moi, excepté Sade et Rimbaud… J’aime les écrivains qui ont du charisme, qui ne sont pas lisses, formatés, comme aujourd’hui. J’aime les défauts, les excès, la folie douce. Ensuite il y a New York où certains de ces auteurs ont vécu. New-York c’est une nouvelle folie, une démesure du béton et des hommes. C’est la solitude aussi : une ville géante, tentaculaire où des millions de gens se côtoient, n’en restant pour autant parfois plus que seuls… Et il y a ces junkies, ces prostituées, ces « héros » de l’ombre, de la rue, et tout ça donne un angage parlé, direct comme tu dis…
Est-ce que tu as des retours des artistes rencontrés ?
Oui, tous ont aimé mais c’est « normal » puisqu’à chaque fois je demandais à ce qu’ils valident la nouvelle. C’était important car c’est une manière d’être crédible. Ici on n’est pas dans le voyeurisme, pas dans Voici. Tous les fais sont vrais, vérifiables et comme les artistes ont validé tout ça – en fait, il faut aussi préciser que je les ai interviewé et qu’avec leurs réponses j’ai écrit ces nouvelles- ça donne encore plus de valeur à « Rock Attitude ».

Comment décrirais-tu ton dernier ouvrage « Rock Attitude » ?
C’est la rencontre, la découverte de la scène rock française dans ses grandes largeurs : du punk à la pop, du rock au métal. C’est mélanger les couleurs, les styles, parce que le rock est un arbre aux multiples branches, il ne faut pas avoir peur du grand écart. C’est d ‘ailleurs ce qui fait la force d’une scène rock française : sa diversité. Ainsi, pour celui ou celle qui ne connaît que de nom tel ou tel artiste, c’est l’occasion d’aller plus avant, de découvrir plus en profondeur. Pour le fan c’est toujours en apprendre mieux sur son artiste ou groupe préféré. Comme je le disais au-dessus, toutes les nouvelles sont biographiques. Les éléments de celles-ci m’ont donc été fournis par les artistes eux-mêmes après de nombreuses interviews.

Qu’est-ce qui défini tes choix d’artistes ?
Il y a trois gros critères. Mes goûts personnels : avouons-le, c’est tout sauf évident de publier un livre, alors quand ça arrive, autant se faire plaisir. Et puis je ne pourrais pas écrire sur quelque chose que je n’aime pas. Je n’ai pas ce côté commercial, je suis entier, je préfère mourir pauvre mais sincère dans ma démarche artistique que riche et lisse, formaté… Ensuite il y a la presse : radio, magazines spécialisés… j’ai toujours un œil averti sur ces deux médias… et enfin le bouche à oreille… certains groupes de ce livre, c’est clairement le bon vieux bouche à oreille qui m’a amené jusqu’à eux, comme quoi, c’est quelque chose qui marche toujours…

Te considéres-tu comme une sorte d’anthropologue, où, comme dirait l’autre, dit moi ce que tu écoutes, je te dirais qui tu es ?
Non, j’essaye juste de mettre en valeur certains groupes qui le méritent tellement… Après, évidemment, à force d’écrire sur le rock, sur les fans, tu apprends forcément pas mal de choses, tu te forges une culture certaine… Il est vrai que selon ce qu’on écoute, on peut en tirer un profil, mais ce n’est pas le but. Que tu écoutes de la variété ou du métal, le but est toujours le même : de sortir de cette oppressante société, de rêver, partir loin, mais surtout ailleurs du quotidien. Mais ceci vaut pour tout art : il y a différentes sortes de peintures, de cinéma, de photographies… C’est l’histoire des goûts et des couleurs…

Le rock a toujours été anachronique. Aujourd’hui  fait-il encore référence ?
Oui et non. Pour les fans de rock, il y aura toujours une influence, un rêve des sixties et des seventies que l’on n’a pas vécu et qui font envies, surtout quand tu compares avec la situation – sociale, musicale- d’aujourd’hui. Et justement, aujourd’hui, qu’est qu’il marche ? Lady Gaga, entre autres : et c’est triste car là on n’est plus dans la musique, mais dans le show, le business… et les mômes se font bassiner à longueur de journée par tout ça, c’est du lavage de cerveau. Il faut avoir une certaine culture rock pour passer au-dessus de tout ça… encore faut-il être curieux, avoir soif de découvertes, se rendre compte du formatage. La sueur c’est dans les concerts, pas à travers l’écran.

Quelques projets à venir ?
Oui plein, bien sûr le rock… dont un livre consacré au métal français, un genre musical qui est hélas parsemé de nombreux clichés, et encore une fois on va essayer de démonter tout ça, de montrer l’envers du décor, que ces gens de l’ombre ne cherchent qu’une chose : promouvoir une certaine culture, une vision des choses… qui est bien loin de ce qu’on croit en savoir… Il y aura aussi « Adora et Démona au pays des cauchemars’, version adulescente d’ « Alice au pays des merveilles », livre illustré par le merveilleux Ludovic Sallé, mais ici avec un mélange de Tim Burton, Edgar Poe, Rocky Horror Picture Show et donc Lewis Caroll. Enfin, un livre sur le foot… on est stéphanois avant tout !