Rien que sur l’année 2012, cinq tueries ont émaillé l’actualité des États-Unis d’Amérique. En avril, un Coréen apparemment sans histoire tue 7 personnes et en blesse 3 autres dans une université de Californie. En juillet, James Holmes, un jeune homme de 24 ans, fait un carton pendant une avant-première de Batman : 12 personnes tuées, 58 blessées. 15 jours plus tard, un sympathisant néo-nazi shoote 6 membres de la communauté Sikh de Oak Creek, Wisconsin avant qu’en octobre un tireur ne tue 3 personnes et en blesse 4 autres dans un institut de beauté de Milwaukee. Enfin, le 14 décembre dernier, la cinquième tuerie de l’année 2012, la plus terrible, perpétrée par le jeune Adam Lanza dans une école de Newtown, non loin de New-York, qui brise la vie de 20 enfants, âgés de 6 à 7 ans, et 6 adultes, dont la mère du tireur… On dit qu’Adam Lanza était un enfant perturbé, autiste peut-être, aux résultats scolaires très brillants mais au comportement asocial… Pourtant, on dit que sa mère, divorcée, emmenait régulièrement ses deux enfants s’entraîner aux tirs à l’arme à feu. Adam Lanza aurait utilisé trois armes différentes, dont un fusil d’assaut appartenant à sa propre mère avant de semer la mort… On pense bien évidemment à l’infinie douleur des parents. Depuis 30 ans, une trentaine de tueries, toutes aussi horribles les unes que les autres, ont marqué l’histoire de cet étonnant pays où, pour évoquer l’acte délirant d’un jeune homme probablement autiste, on invoque encore le diable et pour exorciser cet acte incompréhensible, on préfère prier et s’armer encore plus. C’est sûr, c’est beaucoup plus simple de convoquer le diable que de rénover sa propre législation sur les armes… Alors, c’est vrai, on nous parle sans cesse du poids de la NRA, National Rifle Association, l’association nationale des armes à feu, et de son intense lobbying pour justifier une inertie sidérante. Qu’a donc fait ces 4 dernières années Barack Obama si ce n’est verser quelques larmes ? Rien.

On nous bassine qu’il est pratiquement impossible là-bas de remettre en cause ce droit constitutionnel… Certes, mais la proclamation du Patriot Act, un ensemble de lois remettant en cause plusieurs droits issus de la sacro-sainte Constitution Américaine, a été adoptée sans aucune discussion au Congrès après les attentats de 2001 et reste toujours appliqué à ce jour ! Alors, disons les choses telles qu’elles sont ! Aucun autre état que les États-Unis n’a, dans son histoire contemporaine, fait autant la guerre, essaimé autant de violence, tué autant de personnes et ce, parfois, sans aucun mandat international. Le socle de cette nation repose sur un ethnocide manifeste, celui du peuple Indien, son indépendance a été conquise au gré d’un terrible conflit meurtrier avec la puissance coloniale et sa justification en tant que nation repose sur une guerre de Sécession d’une violence toute aussi inouïe. Lorsqu’à cette déjà douloureuse histoire, on ajoute une question raciale toujours aussi prégnante, une bonne partie de la richesse de cette nation ayant été construite sur l’autel de l’esclavage et un développement industriel et économique reposant sur le complexe militaro-industriel, dont le président Eisenhower critiquait déjà la puissance au début des années 60…, on comprend que ces terribles faits divers ne peuvent être qu’inscrits dans l’ADN de cette nation. Ces tueries trouvent leur justification dans cette histoire mais aussi dans la violence économique et sociale qui caractérise sa société. Il faut savoir, en effet, qu’il est plus simple là-bas d’acheter des armes que d’avoir accès à des soins psychiatriques (concernant Adam Lanza), on comprend alors que cette proximité avec ces armes à feu encourage forcément toutes ces dérives.

Il existe en circulation aux États-Unis pratiquement autant d’armes que d’habitants (près de 300 millions) et Mickaël Moore montrait bien, dans « Bowling for Columbine », cet incroyable paradoxe avec cette offre démentielle d’une agence bancaire qui offrait un fusil de chasse (avec munitions !) pour toute ouverture d’un nouveau compte bancaire !!! Se pencher sur cette succession de tueries oblige donc à poser la question de l’essence même de cette nation dont l’industrie de l’armement, dans son sens le plus large, de la fabrication des revolvers jusqu’à la vente des avions F15 ( plus récemment ou des drones militaires), constitue, avec l’exploitation des richesses minières et pétrolières, la principale force industrielle. Même si objectivement on ne peut avoir que de la compassion avec toutes les familles de ces victimes innocentes, on ne peut que douter de la véritable volonté du président B. Obama à remettre en cause, frontalement, le lobby de l’armement. On s’aperçoit que tous ces lobbys, celui des armes (Lockheed Martin) celui des laboratoires pharmaceutiques (Johnson & Johnson), celui de sionistes et/ou évangélistes (Aipac), celui des banques (Goldman Sachs), celui des compagnies pétrolières (Exxon), celui de la grande distribution (Warlton), etc., ont, par leur mainmise financière, littéralement confisqué le pouvoir politique. Pour être élu, comme le montrait la dernière campagne électorale la plus dépensière de l’histoire, le président Américain doit obligatoirement accepter le financement de tous ces lobbys à qui, en retour, il doit obéissance. Et de la même façon, les parents de millions d’enfants américains iront sans nul doute, dans la foulée de cette énième tragédie, acheter de nouvelles armes pour défendre leur précieuse progéniture jusqu’à la prochaine tuerie. Alléluia god bless America…