Découverte grâce à la Star Ac’, Olivia Ruiz n’a eu cesse de s’éloigner de cette image préfabriquée par la télé réalité. Son second album, « La femme chocolat » se vendra ainsi à plus d’un million d’exemplaires… « Le calme et la tempête », son 4e album, sert de support à une nouvelle tournée nationale et déjà triomphale. Rencontre avec une chanteuse qui, indéniablement, sait ce qu’elle veut :

Vous avez débuté votre tournée à Nîmes, pas très loin de votre ville de naissance, était-ce une évidence ?
Vous savez, depuis une bonne dizaine d’années, j’habite Paris, même si, c’est vrai, j’ai grandi dans le Sud, à Carcassonne précisément… J’ai poursuivi mes études du côté de Montpellier, donc je connais bien la région. L’idée de jouer à Nîmes, c’était surtout parce que j’ai eu l’occasion d’assister à la naissance d’une salle de musique, de la conception des plans jusqu’à la fin des travaux, je suis la marraine de la salle, le Paloma, ce qui est un honneur. La salle a ouvert en septembre dernier et j’ai eu la chance de pouvoir m’y installer en résidence avant de lancer la première date de notre tournée.

Lorsqu’on parle de vous, on dit que vous êtes très Latine ?
C’est vrai, oui. J’ai quelques origines espagnoles… Je crois que par petites touches, ces origines s’entendent dans ma musique ou ma façon de jouer et de chanter.

Que gardez-vous de vos voyages à Cuba ?
J’y ai passé plusieurs mois à deux reprises, oui. Il me reste des milliards choses et de souvenirs de ces voyages… Je pourrais parler la gentillesse des gens qui m’ont accueilli littéralement les bras ouverts, comme si j’étais l’une des leurs… J’ai vécu auprès de Cubains qui n’avaient pas grand-chose, vous savez, et j’ai ressenti beaucoup d’impuissance de la part des petites gens que j’ai pu côtoyer. Il y a comme un sentiment d’abandon…

On dit pourtant les Cubains très fiers de leur pays…
Cela doit être vrai pour les Cubains qui ont une certaine place sociale et donc un certain confort quotidien car ceux que j’ai pu rencontrer, ceux qui n’ont pas grand-chose, ont plutôt une forme d’amertume à l’égard de leur pays, de ses idéaux. Ils se sentent clairement abandonnés par le pouvoir en place.

Ce voyage a-t-il influencé, musicalement, votre dernier album ?
Si je n’étais pas partie à Cuba, je n’aurai forcément pas écrit la chanson « Melancholy » où il est question du quotidien des Cubains que j’évoque à travers une histoire d’amour entre une touriste et un jeune cubain. La chanson « Volver » n’aurait pas existé non plus si je n’avais pas séjourné plus tard à Los Angeles. Forcément, ces voyages m’ont influencée quelque part…
Si on dit que l’album se situe dans la continuité musicale du précédent, êtes-vous d’accord ?
Oui dans la mesure où je suis au centre de cette création musicale. C’est moi qui compose, donc forcément il y a une forme de continuité. Sur les précédents, je composais beaucoup avec Matthias Malzieu alors que là, je suis restée toute seule à bord… Mais, je crois que depuis quelque temps déjà, j’ai mon propre univers musical.

La presse nationale a beaucoup mis en avant le fait que vous ayez composé seule cet album… Cela vous a-t-il surpris ?
On ne sait jamais ce qui va intéresser les médias à l’avance. Visiblement, le fait que je compose seule l’ensemble de l’album les a interpellés, c’est vrai, ça m’a surpris un peu aussi. Comme si eux-mêmes avaient été surpris que je puisse être à la hauteur… Je compose pourtant depuis toujours… Ce n’est pas une nouveauté. Après, il faut toujours que la presse trouve un angle d’approche et ça a été celui-ci pour cet album…

Vous écrivez de manière très imagée ou imaginative. Un détour nécessaire pour parler de choses plus intimes ?
J’essaie de ne pas offrir un seul point de vue et de faire en sorte que chacun puisse interpréter les chansons selon ses propres sensibilités, sa propre personnalité. Alors parfois, en effet, j’écris de manière imagée mais c’est aussi instinctif chez moi. Vous savez, je ne réfléchis jamais trop à ce que je fais…

Vous avez voulu un dispositif scénique plus sobre que la tournée précédente. Un choix délibéré ?
Nous avons deux musiciens en moins, c’est vrai… Parallèlement, j’évolue au côté d’un danseur qui joue aussi des percussions. Tout au long du spectacle, nous respectons une forme de mise en scène, ou une trame, mais nous nous laissons chaque soir la possibilité d’improviser selon le moment ou nos humeurs. On ne pourrait pas offrir la même représentation chaque soir. Le public vient également pour cela, pour être surpris et étonné.

Vous chantez en français, en espagnol et en anglais. La langue que vous choisissez pour écrire et chanter dépend-elle de la nature de vos textes ?
J’écris de manière très instinctive, comme tout ce que je fais d’une manière générale. Après, lorsque j’évoque des sujets peut-être plus émotionnels, je me rends compte que la langue espagnole vient plus ou moins naturellement.

Écrire en anglais nécessite tout de même de bien maîtriser la langue…
Oh, lorsque j’écris en anglais, par exemple, cela reste des choses assez basiques ou assez simples. Ensuite, je les fais relire aux membres ou aux musiciens qui m’entourent, dont certains sont anglophones. Je vous rassure, tout le monde peut comprendre mes textes en anglais.

Qu’attendez-vous de cette tournée si toutefois vous en attendiez quelque chose ?
J’attends dans un premier temps que les salles soient pleines, joyeuses et festives. L’idée est de partager quelque chose avec le public. Par chance, ça nous arrive régulièrement. Nous avons passé pas mal de temps à construire ce spectacle et j’aimerais effectivement que le public s’y retrouve également. Qu’on parvienne à une forme d’échange et de rencontre.
Avez-vous déjà joué à Saint-Étienne ?
Oui, pour chaque tournée, je suis passée au Fil, une belle salle… Je reviens sur Saint-Étienne toujours avec grand plaisir car j’ai une amie très proche qui habite un petit village à côté de Montbrison, dans la plaine du Forez. Je connais donc bien cette région. C’est une région que j’aime beaucoup, oui. Je me souviens même avoir joué au Fil et partagé la scène avec Diam’s, j’avais particulièrement apprécié cette soirée. Diam’s est vraiment quelqu’un de bien… On avait passé un super moment.

Vous allez vous produire dans le cadre de « Paroles et Musiques », un festival consacré à la chanson française…
Lorsqu’on joue dans le cadre d’un festival, nous devons toujours réinventer un nouveau spectacle. En temps normal, notre prestation dure un peu plus de deux heures. Or, sur un festival lorsqu’on partage l’affiche, il convient de réduire son temps de jeu. Il sera question, je crois, d’un concert d’une heure quinze… Il y a bien une petite frustration à raccourcir le concert mais bon, cela permet d’un autre côté de jouer avec quelqu’un d’autre que je découvrirais aussi. Je crois cependant savoir qu’on aura la chance de mettre notre décor en entier, c’est bien. Le public appréciera, je l’espère…