Peintures – 2018 – 2024

jusqu’au 24 mai 2025

Galerie Ceysson & Bénétière

Noël Dolla est un artiste majeur de l’art contemporain. Il est cofondateur du mouvement Supports/Surfaces, fondé en France à la fin des années 1960 avec d’autres artistes comme Louis Cane, Marc Devade, Daniel Dezeuze, Patrick Saytour, Claude Viallat, André-Pierre Arnal, Bernard Pagès, entre autres.

Supports/Surfaces, mouvement souvent perçu comme radicale à l’époque cherchait à déconstruire une certaine forme d’académisme dans la peinture. Les artistes ont notamment exploité les composants fondamentaux de la peinture (toile, châssis, couleur) et cherché à les dissocier pour expérimenter, souvent en dehors du cadre traditionnel du tableau, une manière nouvelle de représenter une œuvre. Beaucoup d’artistes leur ont emboîté le pas et encore aujourd’hui, ils sont une source d’inspiration.

Noël Dolla s’inscrit donc dans cette filiation. Il explore la déconstruction des éléments traditionnels de la peinture, en jouant notamment avec la couleur, les matériaux et les supports non conventionnels comme des tissus, des objets du quotidien et des formes expérimentales pour remettre en question les limites du tableau. Loin d’être, comme il le dit lui-même, un exercice facile, cela demande rigueur, exigence et une constante créativité. Son œuvre continue d’explorer la peinture comme un espace de liberté et d’expérimentation.

Présent jusqu’au 24 mai à la Galerie Ceysson & Bénétière, il présente des œuvres réalisées entre 2018 et 2024, dont certaines sont montrées pour la première fois et réalisées pour l’exposition. Une occasion unique de venir découvrir son travail, de se laisser emporter par son imaginaire et finalement de découvrir ou redécouvrir un artiste qui ne cesse de revisiter son propre style, de chercher comme il le dit également, à s’inscrire dans les pas d’autres artistes, ce qu’on appelle aujourd’hui « l’histoire de l’art ».

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 » Je suis venu voir presque toutes les expositions de la galerie, en essayant d’avoir un œil critique, et en me disant : qu’est-ce que je pourrais bien proposer ici ? Un lieu à la fois formidable et très difficile pour un peintre. Depuis 3 ans au moins, j’ai conçu des pièces comme cette série de « Snipers », en pensant à ce lieu. Certaines Tarlatanes ont aussi été réalisées en pensant à l’exposition. Je joue avec l’espace et les dimensions de ces grandes salles, y compris la grande hauteur des murs. J’ai aussi choisi de mettre quelques pièces que j’ai très peu montrées. »

« J’expose mes œuvres, mais je suis aussi en quelque sorte le commissaire d’exposition. D’ailleurs, j’ai pensé l’exposition pour essayer de faire en sorte que les habitués de ce lieu ne s’y retrouvent pas totalement. Qu’ils voient la galerie de manière différente. C’est pour cela qu’il y a des ruptures, des bandes de couleur sur les murs, des pièces qui traversent les salles ou qui traversent toute la hauteur.  Jouer avec l’architecture est quelque chose d’important pour moi. Je veux aussi donner du sens, y compris du point de vue esthétique et formel. Ça magnifie le lieu et les œuvres trouvent leur vraie place. »

« Ces peintures paraissent simples, pourtant, chaque tache est peinte. Entre le moment ou le noir est posé, le moment où je suis à plat ventre et que je glisse sur le tableau puis que je pose mes couleurs, et qu’enfin je tire avec mon dispositif à air comprimé, je change le dessin d’origine. Avec la pression, l’angle de tire et la distance, ces paramètres changent le dessin à chaque fois, alors qu’il pourrait rester tel quel. Mon idée c’est que cela représente des corps entre deux états, l’un d’origine, et l’autre transformé. L’esthétique est très importante, le jeu entre le vrai et le faux aussi ! »

« Mes dernières œuvres ,c’est le début de quelque chose, mais je ne sais pas où ça va. Je sais par exemple que cette idée entre la vague de Matisse et la vague d’Hokusai trotte dans ma tête. Il y a quelque chose qui m’intéresse par rapport au volume, à la matière,… je n’avais pas de certitude quant exposer ces pièces. J’aime par-dessus tout aller voir des œuvres de Giotto, Vélasquez et tant d’autres. On fait partie de cette histoire, on s’inscrit dans la suite de ce qui s’est fait et de ce qu’on propose aujourd’hui. On ne peut d’ailleurs pas proposer des choses s’il n’y a pas la même exigence que dans les noirs de Vélasquez par exemple ! La vie, la mort, la guerre, je ne cherche pas à être illustratif, mais je veux donner à penser, un peu comme cette ombre sur un mur à Hiroshima qui a été figée par la déflagration de la bombe atomique. »

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