Nine Antico, ce nom vous dit peut-être quelque chose, mais probablement pas dans le secteur du cinéma ! Et c’est normal. Plus connue des amateurs de bande dessinée, elle est pour la première fois derrière les caméras en tant que réalisatrice de Playlist. Elle sera au Méliès Jean-Jaurès le 3 juin pour présenter son film. nous avons eu la chance de la rencontrer.

On vous connaît pour vos BDs, mais basculer dans le 7ème art, ce qu’ont essayé quelques auteurs comme Sfar n’est pas un exercice facile. Qu’est-ce qui vous a intéressé ?
Le cinéma m’a percutée quand j’avais 16 ans, avec un film d’Elia Kazan, « Un tramway nommé désir ». Faire un film c’était profiter pour toucher des « sens » en plus. Ce que permet le son/la musique, et l’incarnation des actrices.eurs, l’image en mouvement est magique. Par ailleurs, dans mes bd j’ai toujours essayé de penser ma narration comme un montage, de faire mon film, sur du papier.

 » Playlist « , c’est l’histoire d’une jeune femme pleine de rêves et de vie. Quel regard portez-vous sur votre héroïne et au-delà quel propos souhaitez-vous mettre en évidence ?
J’ai envie de lui passer la main dans les cheveux (comme une scène dans le film où les filles fument un joint). Sophie a peur car « on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie », et elle déteste cette idée. Son impatience et son insécurité la font s’agiter en tous sens, et chaque fois qu’elle essaie de s’appuyer quelque part, c’est branlant, ça ne tient pas. Mais ça ne l’empêche pas de vouloir, de s’entêter, sans aucune garantie de succès (dans sa vie professionnelle ou amoureuse).

Comment vivez-vous cette période où la culture dans son ensemble a été mise à l’arrêt, tout au moins pour le public ?
Je suis passée en mode « survie », en essayant de me ressourcer autant que possible : continuer à lire, voir des films, écouter la radio. Mais à un moment, ça n’accrochait plus. C’est indispensable que la culture soit incarnée, qu’elle soit synonyme de surprise, d’échanges, de rencontres, sinon elle ne se recycle pas.

Un mot sur votre scénariste, qui a déjà adapté une BD de Riad Sattouf ?
L’expérience de Marc Syrigas avec Riad Sattouf et aussi sa collaboration avec Catherine Corsini sur « la Nouvelle Ève » (un de mes films cultes), m’ont attiré vers lui. Nous sommes arrivés à une version que j’ai ensuite ré-écrite, pendant plusieurs années. Mon erreur d’aiguillage a été de commencer à écrire à 2, avant que l’idée de fond n’ait suffisamment germé en moi.

Un mot pour conclure ?
J’avais envie de faire une « comédie violente », inspirée par les comédies de mœurs ou dramatiques des années 80, 90, un film qui ressemble à mes bd, à mes proches, à moi. Pour moi le passage à la réalisation a vraiment été épanouissant parce que, et c’est une condition sine qua none, je me suis entourée de mes amies. Nous avons bossé, beaucoup, mais nous avons aussi beaucoup ri.

 

Synopsis : Sophie a 28 ans. Elle aimerait être dessinatrice, mais ce serait tellement plus facile si elle avait fait une école d’art. Elle aimerait aussi trouver l’amour, mais ce serait tellement plus facile s’il vous sautait aux yeux. Elle multiplie les expériences amoureuses et professionnelles. Prendre des coups, beaucoup, en donner, un peu : c’est ça, l’apprentissage. Dans sa tête tourne en boucle Daniel Johnston, qui chante que « l’amour véritable finit bien par vous tomber dessus » ; mais Sophie se demande s’il dit vrai.