Photographe et plasticien de grand talent, Jean-Antoine Raveyre n’a cessé d’élargir ses horizons et de fédérer des énergies créatives autour de sa personne et de son travail, reconnu au-delà de nos frontières. Le Musée Urbain Ephémère témoigne de cet inlassable esprit d’ouverture et de découverte. Rencontre :

Qu’est-ce que le Musée Urbain Ephémère ?

Le MUE est un projet d’exposition présentant 30 artistes de la scène contemporaine stéphanoise de tous bords, installé sur la place de l’Hôtel de Ville de Saint-Étienne durant l’euro 2016.

Comment est née cette idée ?

L’idée est née de Thierry Messager et Julien Place, chefs des projets de l’Euro de Saint – Étienne Métropole. Quand ils m’ont fait part de leur envie d’associer à l’événement Euro populaire et fédérateur deux expositions conjointes sur la création stéphanoise (entreprises de pointe et artistes plasticiens de la région), j’avoue que j’ai eu du vert dans les yeux.

Concrètement, cela va se passer comment ?

Du 11 juin au 10 juillet 2016, place de l’Hôtel de Ville de Saint-Étienne, dans des Algecos vitrés, avec Manu Adam, Alain Farnier, Nicolas Momein, Thierry Berger, Philippe Fontes, David Morel, Ghyslain Bertholon, Christelle Franc, Julien Morel, Sylvain Bravo , VJY & Daniela Gandulfo, Mika Pusse, Florence Bruyas, Chantal Goirand, Laurent Quin, Thomas Collet, Régis Gonzalez, Jean-Antoine Raveyre, Julia Cottin, Franck Lestard, Sandra Sanseverino, Rémy Courage, Agnès Mariller, A. Stella, Sophie Dupré, Cécile Mesnier, Yannick Vey, Wandrille Duruflé, Louis Molle et Claude Yvroud.

Combien coûte la création et la tenue du M.U..E ?

Je peux vous dire qu’on nous a fourni les moyens humains et financiers pour la réalisation du projet…, sans exagération aucune. En mesure et justesse.

Qui finance ?

Saint-Étienne Métropole.

Le MUE a-t-il un lien, de près ou de loin, avec le Foot ou avec l’Euro ?

Absolument aucun.

Comment ont été choisis les 30 artistes qui participent au MUE ?

Ma mission a été très claire : parler de la création stéphanoise. J’ai fait un choix de cœur et d’esprit, en me questionnant sur la réalité des actions menées par les diverses associations stéphanoises qui défendent au quotidien l’art contemporain et les artistes, et une conviction personnelle envers les travaux de tels et telles artistes, parce qu’ils portent haut et loin.

Chaque artiste présente une œuvre… Y a-t-il eu une ligne directrice quant au choix des artistes et de l’œuvre ? Quelle est-elle ?

Je pense à ce chanteur qui disait que la musique et les paroles s’écrivent conjointement, que l’une inspire l’autre. J’ai mené ce commissariat sur des intuitions d’assemblages d’œuvres autour de 6 thématiques : Veiller, Jouer, Formaliser, Résister, Cultiver et Penser. Mais aujourd’hui je ne sais plus qui était l’œuf ou la poule.

Quel(s) est (ou sont) le(s) point(s) commun(s) de tous ces artistes ?

Ma réponse ne va pas être des plus glamour, mais elle aura le mérite d’être honnête : Une ville et mes yeux. Après, je me suis entouré de Julien Leonhardt et de Julie Laborde en scénographie et ils ont créé un lieu idéal pour rassembler ce petit monde. J’ai toujours su que le talent d’un metteur en scène était d’être entremetteur.

Quels sont les objectifs du MUE ?

Je laisse cette question aux politiques, je ne crois pas que nos actes, ni de la vie, ni de l’humain sont régies par des questions d’« objectifs ».

Quel public souhaitez-vous toucher ?

On travaille sur la place publique, la scénographie crée des jeux d’appels aux regards de tous… Mais en art contemporain, nous ne kidnappons pas le public. Il y a toujours un effort d’envie et de curiosité à franchir. Il me semble important de protéger cela.

Plus globalement, ne manque-t-il pas à Saint-Étienne une manifestation en direction des plasticiens et des artistes locaux ?

C’est même plus que cela, mis à part le combat des associations (certes subventionnées par la ville), la municipalité n’a fait aucune proposition à ce jour en faveur de l’art contemporain. Je n’ai à ma connaissance entendu parler d’aucun projet porté par la municipalité depuis presque 10 ans en direction de l’art contemporain. Bien sûr, il y a « Local Line » du MAM et la programmation de « La Serre des Beaux-Arts » avec des financements

de productions. Mais les artistes ne se sentent pas vraiment concernés par ces actions. Et en même temps, quelque chose me rassure avec l’équipe municipale actuelle, le projet du MUE est un petit chouchou dans le grand tout de l’euro 2016, je suis surpris de la compréhension de l’équipe de Métropole quant à nos exigences d’artistes, surpris de l’immense sourire que l’on nous adresse à Métropole à nous voir porter ce projet. Ça fait un bien fou que de se sentir soutenu dans la joie et la reconnaissance. J’espère vraiment partager le repas avec les politiques et le public des fruits de ce projet.

Quelle est la réalité quotidienne des artistes et plasticiens stéphanois ?

Elle est difficile, mais elle n’est pas stéphanoise, elle est nationale.

Notre pays est touché par une vague de mouvements sociaux ou politiques alternatifs. Quel serait le rôle des artistes dans ces questionnements ?

Rester indépendants dans ses actions et sa pensée, aujourd’hui plus qu’avant.

Fait-il bon être artiste à Saint-Étienne (plutôt qu’ailleurs) ?

Y’a d’la joie, bonjour les hirondelles, partout y’a d’la joie ! Merci à vous, L’équipe du MUE !