Mickaël Mottet est un artiste, nous le disons sans détour, particulièrement talentueux, créatif et inspiré. Son parcours artistique témoigne pour lui, et son premier album solo « Glover’s Mistake » en est la confirmation. Un album riche, aux différentes sonorités et influences, dont il est extrêmement fier et nous le comprenons. Il nous en dit plus dans ces quelques lignes qui suivent. Rencontre :

Quelques mots sur ta déjà belle carrière musicale ?

Merci ! J’ai fait partie de plusieurs formations depuis que je vis ici (Del, Jerri, The John Venture) et d’un collectif stéphano-plein de choses qui a duré 10 ans, Angil and the Hiddentracks. Nous avons sorti 5 albums et eu la chance folle de jouer autour du monde. Aujourd’hui je suis dans deux groupes, l’un plutôt hip hop (Tomorrow to Morocco, un EP digital à notre actif) et l’autre plutôt rock : Lion in Bed, un album en 2018. Le disque que je sors en octobre 2020 est mon premier en « solo ».

Cet album solo compte particulièrement pour toi ?

Oui, c’est une expérience spéciale de faire un disque sans le filtre bien pratique du pseudonyme, bien que j’en aie déjà sorti un sous mon nom propre il y a quelques années (en collaboration avec le génial compositeur californien Jim Putnam), ce qui amorçait déjà cette tombée du masque. C’est en tout cas un album dont je suis très fier.

Peux-tu raconter son histoire ?

Fin 2019, le boss de mon label We are Unique m’a chargé d’une mission : écrire des bases de chansons auxquelles viendraient se greffer les autres musiciens du label, pour un album collectif à l’occasion des 20 ans de We are Unique. Sauf que je n’ai pas réussi à m’y tenir : aussitôt démarrées, ces chansons squelettiques ne quittaient pas mon cerveau avant d’avoir été incarnées, complétées. J’ai donc assumé mon échec, remercié le boss d’avoir amorcé cette créativité inarrêtable, et terminé les 11 titres de Glover’s Mistake dans un état un peu fiévreux, une urgence à le mener à bien.

J’ai joué tous les instruments de base (guitare, basse, piano). La batterie et le mix de l’album ont été faits par mon ami Flavien Girard, mon alter ego depuis 20 ans. D’anciens membres des Hiddentracks ont joué les arrangements, très présents dans le disque : hautbois, saxophone, clarinette. J’ai fait tous les chants, à l’exception notable des chœurs féminins de l’incroyable musicienne Marie-Pauline Lacroix. D’où les guillemets de « solo ».

Quant à l’album des 20 ans du label, ce sera finalement un cadavre exquis musical, dont l’enregistrement se passe en ce moment.

Parlons plus en détail des textes. Que raconte cet album ?

Le thème principal est la beauté du couple. Je crois beaucoup à la force qu’il donne, et suis toujours atterré par les gens dont l’image publique est exemplaire mais qui se comportent comme des merdes avec leur conjoint.e en privé. Un article scientifique (celui-ci :

https://www.futurity.org/flocks-of-birds-mated-pairs-flying-2060332/) m’a beaucoup inspiré : on a récemment découvert que dans les nuées d’oiseaux, les couples restent ensemble. Je trouve ça très parlant, et bouleversant.

Par ailleurs, je cite plusieurs fois dans l’album un auteur irlandais, Nick Laird, que j’ai découvert il y a deux ans et dont je suis devenu dingue. Glover’s Mistake est d’ailleurs le titre d’un de ses romans.

L’univers musical est riche et très créatif. Comment es-tu arrivé à ces sonorités ?

Les chansons sont souvent basées sur de l’échantillonnage sonore, sur le principe du hip hop. J’ai trouvé plusieurs rythmiques avec une boîte à rythme, et aussi samplé Michel Legrand, Elvin Jones, Broadcast (mon groupe préféré), Mélanie de Biasio… puis j’ai composé des mélodies par-dessus au piano et à la ukubasse, qui comme son nom l’indique est une basse en forme de ukulele. Ensuite, il y a eu une fracture, une épiphanie à l’enregistrement des arrangements : je me suis rendu compte qu’il fallait en faire un élément central du disque, pas un ornement. Les musiciens qui m’inspirent le plus dans cette direction sont Robert Wyatt et Stina Nordenstam.

Un clin d’œil aux différents clips ?

Un premier clip (15 Ways To Leave Mark E Smith) est déjà en ligne : on y voit le comédien Mourad Haraigue courir après on ne sait quoi. On a réalisé le clip à Carnot pendant le confinement, dans une ambiance très particulière. Le truc drôle c’est qu’à la fin du tournage, une jeune femme m’a arraché mon portable et s’est mise à courir. Il a fallu que je la rattrape, c’était vraiment l’arroseur arrosé.

Le 11 septembre, on met en ligne un deuxième clip (The Invisible), réalisé par la talentueuse Anne-Sophie Seguin, qui met en scène un derviche tourneur ; c’est à la fois simple et très beau, tout ce que j’aime.

D’autres clips seront mis en ligne jusqu’à la sortie de l’album, le 9 octobre.

Le disque sort donc le 9/10. Où le trouvera-t-on ?

Partout ! Il sera distribué par Big Wax dans tous les magasins de disque, où il sort en CD et vinyle. Il sera aussi sur toutes les plates-formes numériques. Il suffit d’être curieux !