Marie-Caroline Janand (Directrice du Pôle muséal de la Ville de Saint-Étienne) répond à quelques questions autour du nouveau parcours permanent du Musée d’Art et d’Industrie intitulé : La mécanique de l’art. Une belle occasion pour nous (re)faire découvrir ce musée extrêmement riche, qui nous plonge au cœur de l’histoire de notre ville à travers de magnifiques collections.

Peut-on avoir une brève histoire du Musée d’Art et d’Industrie ?

Dans les années 1830, la Ville de Saint-Étienne a acheté les collections à Eyssautier, une sorte de savant amateur. Ce sont des coquillages, des animaux, des minéraux et des monnaies. L’ensemble est installé dans des salles à l’Hôtel de Ville. La collection d’armes anciennes du maréchal d’Empire Oudinot la rejoint dans les années 1850. Puis en 1866, ces objets trouvent leur place dans le bâtiment actuel qui devient le Palais des Arts puisque la bibliothèque municipale s’y installe aussi. Les industriels du textile créaient alors le musée de Fabrique. En 1889, sous l’impulsion de Maurice Vachon le musée devient le musée d’Art et d’Industrie pour former les ouvriers au goût. Il est à la source des autres musées de la ville (Couriot-Musée de la Mine et le MAMC). Sa dernière rénovation d’envergure est celle de Wilmotte sur un projet de Nadine Besse, en 2001.

Quels types de collections permanentes pouvons-nous y découvrir ?

En plus des rubans, des armes et des cycles, le visiteur peut (re)découvrir les collections beaux-arts et d’arts décoratifs dans le nouveau parcours permanent ouvert en novembre : La mécanique de l’art.

Depuis plusieurs années se succèdent de nombreuses évolutions. Peut-on en dire deux mots ?

Les musées ne sont pas des lieux figés et poussiéreux. Ils sont ancrés dans la société et ses évolutions, ils apportent un regard distancié et reconnu par le public comme étant « sûr » dans un contexte de fragilisation de l’information. Le numérique est un outil de cette modernité. Il permet notamment d’être plus inclusif, comme dans la salle d’introduction du musée qui propose une approche par l’image et le son, sans discours. Le patrimoine est notre « matière », celle pour laquelle on travaille tous les jours en conservant des objets, en les restaurant, les valorisant : c’est ce qui fait sens commun.

Cette année est également à marquer d’une pierre blanche, avec la nouvelle collection permanente La mécanique de l’art. En quoi est-ce une véritable évolution pour le musée ?

Une évolution mais pas une révolution ! C’est important à noter car le projet s’inscrit dans une continuité. Il s’agit d’une part de remettre à l’honneur des œuvres d’art et des objets d’art décoratifs un peu oubliés. Replacer l’art au même niveau que l’industrie et ainsi renouer avec les racines de l’institution.

D’autre part, nous souhaitions faire dialoguer les 3 collections phares cloisonnées par niveaux, autour de thèmes communs. C’est ainsi que le musée comme modèle esthétique avec l’Orient et la fleur, ou encore la mécanique parlent à toutes les productions industrielles stéphanoises.

Enfin, une approche par l’usage rapproche les objets du public : le parcours rubans de La mécanique de l’art propose de mettre les rubans dans leur contexte d’usage.

Concrètement que découvrons-nous dans cette collection ?

Des tableaux, des objets rares et précieux, des rubans, des robes, des métiers (la liste est longue !) mais aussi beaucoup de manipulations. En effet, le public peut « éprouver » des concepts comme sur le mur de la mécanique où chaque partie est illustrée par des objets de collections, des textes mais aussi des éléments à faire tourner, engrener, ouvrir…

On peut également dire deux mots sur les expositions flash qui viendront ponctuellement animer le musée ?

Jusqu’à fin janvier, deux expositions d’un nouveau format (court et limité dans le temps) permettent d’appréhender le patrimoine et la création autour du textile. Maison Neyret propose de poser un regard sur les 200 ans du rubanier Neyret et Croisements textiles fait découvrir le foisonnement des formes et des approches dans l’art textile contemporain.

Quelques mots enfin sur ce qui nous attend dans les prochaines semaines ?

Une belle programmation ! Des visites thématiques, des spectacles, des conférences… Encore une fois, on ne s’ennuie pas dans les musées.

Un mot pour conclure ?

Venez voir !