Pour cette rentrée 2022, nous avons donné la parole à l’élu Marc Chassaubéné, impliqué à travers ses différentes responsabilités au sein de la vie culturelle, mais aussi dans le design, le numérique ou encore le patrimoine. Plus enthousiaste que jamais, il nous confie que toutes les équipes de la municipalité et de la Métropole ne ménagent pas leurs efforts pour maintenir ou développer tous ces domaines. Une nécessité sans doute mais aussi une spécificité que beaucoup de régions nous envient. 

Commençons par ce qui, cette année, a marqué les esprits dans le domaine du design, avec une biennale qui a duré 4 mois. C’est inédit. Quels sont les retours d’expérience de cette initiative ?

Tout d’abord je voudrais souligner qu’il y a eu une grande satisfaction sur la qualité des expositions. J’étais très attentif sur ce sujet-là et sur leur accessibilité au grand public. Les retours que l’on a sont extrêmement positifs. Nous avons eu une biennale à la fois pointue, exigeante sur le fond, mais aussi accessible, compréhensible, et qui touche à des sujets intimes et qui parlent à tous, comme l’habitat, l’automobile, le mobilier…Nous sortons d’une période post covid et on s’attendait à ce que le public soit encore prudent. Il a encore une certaine appréhension à revenir, on le voit à l’échelle du pays, dans les salles de spectacles, d’exposition, de cinéma. On est déjà très heureux d’avoir assisté à une fréquentation régulière tout au long de ces quatre mois et particulièrement pendant l’été, ce qui démontre que  nous avons eu raison de la faire durer 4 mois.

Même bilan sur tout le territoire ?

Avec près de 200 expositions sur la région, Paris… ça a donné le temps aux visiteurs d’aller visiter les autres expositions après avoir amorcé, si l’on peut dire, leur visite à la Cité du design. Ils ont pu explorer plus en profondeur la thématique des « Bifurcations », revenir aussi, en ayant le temps de le faire. Enfin pour les équipes, c’est beaucoup plus riche aussi, car ça permet d’accueillir le public de manière beaucoup plus sereine.

Ce format devrait donc se pérenniser ?

Oui, en tout cas, suite à ce bilan, nous sommes certains de vouloir proposer la Biennale sur plusieurs mois.

On reste dans le design avec le projet Cité 2025. Pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit ?

C’est une phase très importante pour la Cité du design, car depuis sa création, elle n’avait finalement pas assez évolué. En concertation avec les Stéphanois, nous allons en faire un lieu de destination, un lieu de vie dans lequel on aimera et on voudra passer du temps. On va développer beaucoup de propositions auprès du grand public, d’hôtels dans le bâtiment de l’Horloge, de restaurants, de brasseries, de commerces design, de concept stores, etc., qui s’installeront sur le site et dans les espaces restés vacants. Il y aura aussi un lieu culturel avec la création de la Galerie Nationale du Design, en partenariat avec le Centre National des Arts Plastiques, avec le Mobilier National, avec bien sûr le Musée d’Art Moderne et Contemporain, avec le VIA (VIA a pour but de valoriser l’innovation dans l’ameublement contemporain, N.D.L.R.)… La Cabane du design à destination des plus jeunes va s’implanter définitivement. Il va y avoir également une grande halle entièrement équipée pour accueillir régulièrement des festivals, des événements, des expositions, etc. Il y aura toujours quelque chose à faire, à voir, à la Cité du design : ce sera un pôle de vie comme ont pu être développés Steel, les Halles et demain Cité du design 2025, un quartier créatif en pleine rénovation. Un autre point très important qu’il faut noter, c’est que l’on augmente la capacité d’accueil des entreprises, on crée un centre d’innovation par le design. On trouvera du matériel, des laboratoires d’usages, et surtout des compétences, des designers, et de l’enseignement supérieur avec l’extension de l’ENSADSE qui a de nouveau locaux et où sont développées de nouvelles formations, des co-diplômes avec par exemple Science Po Lyon etc. Tout cela va aller très vite. Pour l’instant, avec l’Epase, nous sommes en pleine rénovation des extérieurs et assez rapidement les aménagements intérieurs vont débuter.

Une autre application du design, cette fois liée au Jeux Olympiques de 2024, que l’on nomme le Design actif. Là encore, la ville s’implique. De quoi s’agit-il ?

Nous avons créé Banc d’Essai, qui permet, depuis 2014, l’installation dans l’espace urbain de bancs conçus par des designers et différentes entreprises. Nous avons fait évoluer ce projet vers la notion de design actif effectivement en lien avec le Comité d’Organisation des J.O et l’initiative Cœur de ville qui est portée par le gouvernement pour réinventer les centres-villes des moyennes et petites communes. Le mobilier des Bancs d’essai a été réorienté pour favoriser la mobilité de manière générale, l’activité physique ou simplement le mouvement. C’est accompagner les JO, mais aussi des problématiques sociales importantes comme la prise de poids, la santé cardiaque… C’est également en lien avec le Plan Cancer cher à Gaël Perdriau et à notre municipalité. Vous l’aurez compris, nous cherchons à améliorer la santé et le bien-être par le design, si l’on peut résumer les choses comme ça. La Cité du design est très impliquée et va accompagner une centaine de communes pour faciliter la réalisation de leurs projets en les mettant en lien avec des designers.

Pour clore le chapitre design, est-ce qu’on peut mesurer aujourd’hui, notamment grâce au label de l’Unesco, si le design a eu un impact sur la vie économique ou autre à Saint-Étienne ?

Alors justement nous avons développé un outil pour ça qui s’appelle  » L’Observatoire du Design ». C’est une initiative totalement inédite que nous avons développée avec l’EPURE, l’agence d’aménagement du territoire, qui va permettre de recenser avec un questionnaire l’ensemble de ceux qui interviennent dans le champ du design, même ceux qui ne sont pas référencés avec le code APE correspondant, et dans une deuxième phase d’interroger tous les besoins en design dans toutes les entreprises qui font appel d’une manière ou d’une autre à la notion du design et aux designers. On va être capable de mesurer très précisément sur le territoire quels sont le retour et l’impact en terme économique, d’emplois et de dynamique du design sur notre territoire. À ce jour, on observe que le design participe à la valeur ajoutée des entreprises dont Banc d’essai, nous en parlions, est un très bon exemple. Cela a permis à des entreprises comme la Tôlerie Forézienne de renaître. De manière moins visible, beaucoup d’entreprises innovent avec le design d’objet, d’interface, le design thinking… La progression est constante mais on a besoin de le mesurer plus précisément. On pourra avoir des chiffres très précis et suivre le développement de ces activités, et d’orienter aussi nos politiques publiques en fonction des données qui seront remontées.

Quelques mots sur le digital sur Saint-Étienne et la French-tech notamment. Où en est-on de cette dynamique, et des projets entrepris ?

La dynamique reste toujours très forte. Notre présence au sein de l’association French-tech One Lyon Saint-Étienne qui réunit nos deux métropoles est très importante. Nous avons beaucoup d’entreprises innovantes, dans des domaines qui nous sont propres comme la santé, le design bien sûr, le numérique ou le new manufacturing. French-tech One a dépassé d’ailleurs le cadre strictement numérique puisqu’aujourd’hui on est vraiment dans la notion de start-up et de développement de ces économies innovantes. Dans les dispositifs naissants, nous allons bientôt annoncer de nouveaux services d’accompagnement notamment de développement par le design à travers les welcome packs qui seront présentés dans le cadre du plan de relance de la métropole. Aujourd’hui, innover sur la Métropole de Saint-Étienne et se lancer dans l’entreprenariat est plutôt confortable je dirais !

Quels sont les leviers que la ville peut actionner pour aller encore plus loin ?

Nous souhaitons aller plus loin dans la résorption de la fracture numérique. Nous pourrions parler par exemple de culture. Nous nous lançons dans un label BNR2 (Bibliothèques numériques de référence 2ème phase) pour faire de nos bibliothèques des lieux de ressources et de sensibilisation des outils numériques très importants pour toucher un public le plus large possible. Nous allons aller au-delà de l’usage des ordinateurs. Il va y avoir des animations de plus en plus poussées dans ces établissements, l’ambition étant d’aller proposer jusqu’à des cours de codage par exemple. À travers l’une de mes missions de la métropole de vice-président en charge du numérique j’ai en charge le déploiement du numérique dans les écoles. On va présenter un plan très ambitieux, très différent de ce qui a été fait jusqu’à aujourd’hui. Il s’agira d’aller plus loin que la dotation de matériel, en proposant des accompagnements, des formations pour les enseignants et de mettre à disposition des outils innovants comme des robots programmables etc. Nous travaillons en lien avec l’Éducation Nationale pour résorber cette fracture numérique et faire en sorte d’avoir une vigilance par rapport aux familles puisqu’on sait qu’il y a beaucoup d’inégalités dans ce domaine. Nous allons enfin développer le numérique dans nos établissements culturels : la billetterie en ligne par exemple, ou la médiation numérique. Nous avons commencé cela au Musée d’Art et d’Industrie avec une salle de projection.

Côté patrimoine, Saint-Étienne est une ville d’Art et d’Histoire. Là aussi il y a beaucoup à dire et à faire ?

Nous avons des ambitions très fortes évidemment. Nous avons attaqué la rénovation de notre patrimoine statuaire notamment dès cette année. Mais aussi de certaines places, fontaines… La notion de ville d’Art et d’Histoire a été transposée en Pays d’Art et d’Histoire dès cette rentrée, pour avoir un récit global du territoire, son développement notamment dans son patrimoine industriel, mais pas seulement. La Maison du Patrimoine et des Lettres qui a été un symbole fort a trouvé son public. Nous allons y améliorer nos outils numériques. Nous avons également une grosse ambition autour de la question de la mémoire. Nous souhaitons créer un pôle autour de la transmission de la mémoire et du patrimoine dans l’ancien immeuble de grande hauteur (IGH) avenue Émile Loubet. Là y seront réunis le Musée de la Résistance et de la Déportation, la Cinémathèque, les Archives Municipales et Métropolitaines, et les associations dédiées à cette question du patrimoine, avec de grandes salles de conférences, d’ateliers pour les enfants, des salles d’expositions. L’avenue Émile Loubet, avec la Comète, ce futur lieu (qui n’a pas encore de nom), la Maison du Patrimoine et des Lettres, la proximité avec la médiathèque, du Pax, du Musée d’Art et d’Industrie, du Musée de la Mine… est très orienté culture !

Le volet culturel avec déjà peut-être un point sur les coupes budgétaires du président de la Région. Où en est-on ?

À ce jour nous n’avons pas eu de réponse. Les baisses des subventions, bien en deçà de celles attribuées historiquement, et cela en cours d’exercice, sont venues mettre à mal les fonctionnements de nos institutions. La Cité du design, la Comédie, des festivals sur le territoire, alors qu’ils avaient lancé leur programmation se sont retrouvés impactés directement par ces mesures. Nous avons appris en plein cœur de la Biennale par exemple que nous perdions 300 000 euros sur son fonctionnement ! Si je prends l’exemple de l’EPCC Cité du design, nous allons terminer avec un déficit de 600 000 euros dû au retrait de la Région en cours d’exercice. Ce qui est compliqué et qui pose question c’est que les élus de la Région qui siègent au conseil d’administration ont voté le budget prévisionnel. Ils se sont engagés moralement sur la subvention de la Région or ils n’ont même pas proposé ces montants-là au vote du Conseil Régional. Nous avons essayé la voie si je puis dire diplomatique, en faisant des courriers à ces élus dont tous sont restés sans réponse. Les rencontres avec notamment Sophie Rotkopf, Vice-présidente de la Région en charge de la Culture ne laissaient d’ailleurs présager aucune baisse de subvention. Nous en sommes maintenant à formuler des vœux en conseil municipal ou métropolitain. Il ne faut pas cesser d’interpeller et de dire à quel point ces retraits en cours d’exercice sont insupportables. Je ne remets pas en question l’intention politique, chacun étant maître de son budget ou de son orientation. Ce que je regrette, c’est que cela se soit fait sans concertation, sans aucun échange et encore une fois en cours d’exercice, ce qui nous met véritablement en difficulté car en l’état, nous n’avions ni la capacité d’anticiper voire de nous retourner face à ce retrait brutal et inédit. Pour ajouter un élément fâcheux, cela fait plus de 20 ans que la Région finance la Biennale, et elle finance particulièrement l’École supérieure d’Art et Design et l’École Supérieure de la Comédie pour leurs classes à l’égalité des chances, ce qui pose aujourd’hui des questions sur ses intentions. 

Peut-on faire un point sur Arcomik très brièvement. La situation est-elle apaisée ?

Nous n’avons eu aucun lien avec le directeur du festival si ce n’est par presse interposée. J’en avais eu alors avec l’association, je m’étais permis de leur exposer les raisons qui m’avaient amené à prendre cette décision et depuis il n’y a pas eu de réaction autre. Ce qu’on voit c’est que le festival continue d’exister et d’annoncer sa prochaine programmation malgré le retrait de subventions de la Ville et de la Métropole. Si le festival peut continuer sur sa lancée avec 70 000 euros de moins accordés par nos collectivités, il devra très certainement rendre des comptes sur ce qu’il a fait de cet argent pendant les années précédentes et surtout quel projet il a servi. Ça confirme le sentiment qu’on avait que l’argent public n’était pas utilisé à bon escient. Nous avons eu le plaisir d’accueillir un nouveau festival d’humour à Saint-Victor cet été qui s’appelle les Fous Rires du Château qui a fait la promotion de compagnies locales et émergentes et c’est de plus en plus vers ce genre de projet que l’on va se diriger. C’est notre mission d’intérêt général et non de financer des têtes d’affiche pour qu’au final le public n’en bénéficie pas véritablement, en termes de tarif ou de propositions sociales.

Le Covid a eu un impact sur les fréquentations dans les salles. Est-ce qu’il y a des réflexions ou des propositions concrètes pour pousser le public, notamment le plus jeune, à renouer avec la culture ?

Oui tout à fait. Particulièrement pour la musique. Mais le spectacle vivant de manière générale souffre. Les salles peinent à se remplir et les réservations se font souvent au dernier moment et en fonction de critères qui sont difficiles à déterminer. Les têtes d’affiche, parfois assez coûteuses, peuvent être plébiscitées alors que des spectacles intéressants mais peut-être plus confidentiels peuvent être boudés. Et parfois on a des surprises. Ce retour après Covid est difficile. Il est vrai que le public a pris des habitudes différentes de consommation de l’offre culturelle. Et pourtant il y a des signes positifs. La fête de la musique a été un succès énorme, avec plus de monde qu’en 2019, avant le Covid. Des dates également remplissent extrêmement bien, ce qui donne beaucoup d’espoir. Notre projet est donc, partant de ce constat, d’entreprendre des discussions avec les responsables des salles pour voir comment nous allons pouvoir les accompagner. Peut-être en termes de communication, par des dispositifs… pour favoriser le retour du public dans nos salles. Le cinéma souffre également et là c’est d’ordre national. Le pass culture ne suffit pas. Il y a la concurrence des plateformes numériques, il faut donc susciter à nouveau l’intérêt pour un retour dans les salles. Bien sûr c’est la responsabilité des directeurs de salles, mais c’est aussi une responsabilité partagée. Les collectivités peuvent accompagner les publics, créer des événements en lien avec ces salles, des festivals pluridisciplinaires… Il y a des choses à imaginer, au-delà des dispositifs financiers, puisque les places peuvent rester chères pour certains par rapport aux plateformes numériques, en croisant les initiatives.

L’émergence est un engagement fort de la ville. Malgré les coupes budgétaires, est-ce que les dispositifs vont être maintenus ?

C’est en effet l’un des tout premiers axes qui nous tenait à cœur. C’est le premier dispositif que l’on a construit avec Gaël Perdriau en 2014. L’effort a été maintenu et aujourd’hui on peut dire que c’est un taux de réussite de 100 % puisque chaque structure qui a été conventionnée ou accompagnée à l’émergence est aujourd’hui une structure professionnelle aguerrie. Il y a des exemples remarquables. Emilie Capliez et Matthieu Cruciani ont été nommés à la direction de la Comédie de l’Est, Centre dramatique national de Colmar, alors qu’ils ont été conventionnés à l’émergence puis au rayonnement et ils sont devenus aujourd’hui des acteurs majeurs du paysage théâtral français. On pense aussi à Terrenoire en musique ou La Belle Vie à qui l’on souhaite beaucoup de succès… En arts plastiques il y a des structures comme Les Limbes, l’Assaut de la Menuiserie qui sont conventionnées à l’émergence, avec la mise à disposition d’ateliers etc. Nous ne sommes évidemment pas à l’origine de tout. Je crois que c’est un cercle vertueux qui s’est engagé entre les initiatives de la ville, les acteurs qui s’y investissent, et l’identité de la ville elle-même qui veut que l’on donne sa chance à chacun-e. C’est ce qui fait toute notre richesse.

Nous avons la chance d’avoir énormément de structures, du Fil au Zénith, en passant par l’Opéra, la Comédie, les musées, Explora, la Comète… Le budget culture est-il préservé ?

Le budget de la culture a été préservé, sanctuarisé je pourrais même dire dans cette crise Covid. J’en remercie régulièrement Gaël Perdriau pour cela. Ce n’est pas par flagornerie. C’est assez exceptionnel de voir qu’il a même été renforcé de 3 % durant la crise et maintenu cette année. Nous sommes une ville créative reconnue par l’Unesco. Dans des proportions équivalentes, nous sommes probablement la ville la plus dotée de France. Que ce soit par nos équipements culturels que par notre tissu associatif. Nous avons aussi de l’ambition pour nos trois musées. C’est une telle chance qu’il faut le dire et le redire, et que les Stéphanois s’approprient cette exception culturelle stéphanoise.

Un petit mot sur les tiers lieux. C’est assez peu commun d’avoir une volonté municipale d’en créer ou de soutenir ceux existants ?

Le terme de tiers lieu est beaucoup utilisé. C’est un lieu qui n’est pas associatif, qui n’est pas municipal, qui est entre tout ça. La Comète en est un. C’est un bâtiment municipal géré par la municipalité dans son fonctionnement mais dont l’activité, la programmation est entièrement associative. C’est une collaboration, finalement, entre diverses volontés, et qui croisent les usages. Ce sont des lieux qui essayent d’inventer de manière différente l’accueil du public, les propositions pour ou l’encouragement du bien-être social, et le vivre ensemble. On y trouve bien sûr des propositions culturelles mais pas seulement en termes de spectacle. Il y a aussi de la pratique, de l’accompagnement, l’accueil des jeunes de tous horizons avec le bureau d’information jeunesse. Bref on essaie de croiser les publics, de favoriser des rencontres… Il y a un projet qui va bientôt se réaliser avec Beaulieu, le projet sud-est qui va remplacer l’ancienne MJC de Beaulieu et qui va proposer une salle capable (modulable), une médiathèque très innovante, qu’on appelle « diluée », qui va non pas présenter des grands rayonnages de livres, mais des propositions d’ateliers, des ouvrages thématiques, des animations, un restaurant également… Un lieu hybride à la fois porté par des structures indépendantes et associatives, avec des compagnies en résidence notamment, des structures municipales avec la médiathèque et des structures privées avec le restaurant. Ce sera un lieu de vie, de proximité et avant tout un lieu de construction citoyenne avec par exemple de l’éducation aux fake news. Un autre est prévu au cœur de Cité du design 2025 qui va de la même manière adjoindre des compétences municipales, une structure sociale, et l’intervention de designers… D’autres viendront mais il est encore un peu tôt pour en parler. L’idée étant de proposer des collaborations fructueuses, intelligentes, et qui ont au cœur de leur activité la construction et l’accompagnement des citoyens de demain notamment.

Nous pouvons aussi évoquer la nouvelle commissaire pour la fête du livre ?

Oui, Axelle Redon qui est l’actuelle directrice de nos médiathèques endosse cette responsabilité de commissaire de la Fête du Livre dans un esprit, je crois, très fédérateur si l’on en croit les retours que nous avons des libraires, des éditeurs, ou de l’ensemble des partenaires. Elle devrait apporter un peu de modernité, un regard nouveau sur la lecture et l’écriture, parce qu’elle connaît ses missions, et qui porte je crois cette ambition d’élargir encore plus le public, à ouvrir la lecture, l’écriture réellement à tous. Cela dit, la Fête du Livre restera l’événement qu’on connaît. Elle gardera ses ancrages et ses valeurs historiques avec ses grands rendez-vous.

Un dernier mot peut-être ?

La question des droits culturels, l’accès à la culture à toutes et à tous à tous les moments de la vie et à toutes les conditions est la priorité de ce mandat, que ce soit pour la ville ou pour la Métropole. Nous allons porter un grand projet d’éducation artistique et culturel qui sera une convention partagée entre l’État, la Région et le Département, pour notre Métropole, et qui va mettre l’accent sur la question de ces droits culturels, sur les propositions que peuvent faire nos plus grands équipements, mais aussi l’ensemble des associations du territoire en matière d’accès à la culture. Ce plan sera proposé aux habitants de la Métropole pour qu’ils se sentent intégrés dans ce monde de la culture qui paraît encore parfois inaccessible à une trop grande partie de la population. Il faut que chacun puisse être sur un  pied d’égalité. Nous avons déjà beaucoup fait, mais c’est finalement loin d’être fini.