C’est à un certain Louis Légroz, charcutier lyonnais au Petit Vatel, que l’on doit l’invention de la quenelle au début du siècle dernier. À l’époque, la quenelle se compose exclusivement de semoule de blé dur (ou de farine), de beurre, d’œufs et de lait. Le terme s’inspirerait quant à lui de Knödel, un plat à base de boulette de pâte très populaire en Allemagne. Mais depuis ces derniers mois, ce n’est pas en tant que spécialité culinaire que la quenelle détonne (l’original se déguste avec une sauce Nantua, particulièrement raffinée à base de béchamel et de beurre d’écrevisse) mais en tant que « geste de ralliement » que certains, repris par des journalistes peu professionnels (un pléonasme ?) assimilent à un salut nazi inversé (selon Roger Cukierman, influent président du Crif), ou mieux, à une « sodomisation des victimes de la Shoa » (selon la version exotique d’Alain Jackubowicz, avocat lyonnais et président de la Licra). Dans un récent entretien avec le président du Crif, François Hollande a même cru bon de tirer la sonnette d’alarme quant à l’influence qu’aurait Dieudonné, l’humoriste instigateur en 2005 du geste appelé « la quenelle », auprès des jeunes (quels jeunes précisément ? Sans doute ceux qui rendent nos quartiers si sensibles…).

Pour qui suit l’actualité de Dieudonné à travers ses spectacles ou ses interventions sur internet, cette volonté d’attribuer à la quenelle une unique et exclusive connotation antisémite est un grossier subterfuge dont l’unique objectif est de le discréditer toujours plus. Lorsqu’on connaît le parcours de Dieudonné, on ne peut cependant pas récuser toute référence au « sionisme » plutôt qu’au judaïsme d’ailleurs (voir l’affiche de la liste antisioniste). C’est bien avec les pro sionistes (juifs ou non d’ailleurs, religieux ou non) plus que les juifs en tant que tels (dont une large partie est athée et ne se sent pas représentée par le Crif notamment) que Dieudonné a maille à partir. Rappelons au passage que l’humoriste reste à ce jour l’un des rares à avoir eu l’audace et le courage de s’attaquer à l’islamisme avec un sketch, sans doute son plus drôle sketch, intitulé « La fine équipe du 11 septembre ». Précisons encore que ce sketch sans concession et d’une rare drôlerie, avec les fous d’Allah n’a pourtant subi aucune charge de la communauté musulmane nationale ou internationale… C’est bien lorsque Dieudonné a pris ses distances avec l’antiracisme conventionnel et subventionné (et/ou manipulé) façon « Sos Racisme », qu’il a été pris pour cible par l’intelligentsia parisienne. Dieudonné assume pleinement cette rupture et renoue avec l‘entreprise de diabolisation de l’idée même de la France, menée depuis la fin des années 60 par les intellectuels pour la plupart issus de la gauche marxiste ou maoïste. Et c’est justement parce qu’il propose à toute une partie de la jeunesse issue de l’immigration de renouer avec cette idée de France, en dédiabolisant une possible adhésion à l’identité nationale française, rompant ainsi à la fois avec le principe de victimisation dans lequel toute une partie de cette jeunesse s’est vautrée ces 30 dernières années, mais aussi avec l’antiracisme officiel, représenté par toutes les officines que nous connaissons tous, qui attribuaient à l’état français tous les maux de la planète (esclavagisme, colonisation, collaboration…), interdisant de fait toute « éventualité d’intégration », que Dieudonné subit cette cabale interminable et au final, injuste. Un rejet du sentiment national qui permettra à terme (mais le travail est déjà en cours) la disparition des états nations au profit d’un gouvernement supranational rêvé par certains intellectuels dits « de gauche ».

Dieudonné, comme chacun de nous, n’est certainement pas cet être parfait sur lequel une poignée de fans transits fantasme, mais il n’est pas non plus cet être abject qu’on nous décrit actuellement. Lorsqu’il lance pour la première fois sa quenelle, l’humoriste sublime au fond l’éternel doigt d’honneur qu’il jette au système. Sauf qu’un bras, c’est forcément plus gros qu’un majeur, et que, mécaniquement, ça fait plus mal. C’est ça, une quenelle, un énorme doigt d’honneur au système. Ni plus ni moins. Mais qui est le système, me direz-vous ? Libre à chacun, justement, de définir sa propre version du système. Pour certains, le système est une administration parfois un peu trop perverse, pour d’autres, il est l’émanation d’un horrible complot judéo maçonnique. Pour certains, il est cet axe anglo-américain façon « néoconservateurs », pour d’autres, l’ensemble des institutions financières ou bancaires internationales… Enfiler une quenelle, c’est exprimer toute sa haine de ce système élitaire et autoritaire. Mais il ne faut pas non plus complètement se voiler la face, lorsqu’une quenelle est envoyée en face d’une synagogue, la connotation religieuse est toute aussi évidente. Ce n’est pas tant la quenelle qui est connotée mais bien la façon dont elle est « envoyée » (par exemple, une – belle- quenelle avec M. Valls n’a pas le même sens qu’une autre effectuée après un exploit sportif…). La quenelle est donc bien un geste de ralliement, comme le serait un cri, contre un système qu’on aimerait tous changer, non ? Il ne manquerait plus, sous la pression de certains lobbys, que ce gouvernement ait l’exécrable idée de pondre une loi « anti quenelle » ! On le sait, le ridicule ne tue plus. N’y aurait-il donc pas problèmes plus urgents à régler dans ce bas monde… ?