« Quand le maire de sa ville natale est condamné pour agressions sexuelles, Anne-Sophie décide de se présenter aux élections municipales. De retour en ville après plusieurs années de galère, elle souhaite l’empêcher de briguer un nouveau mandat. Issue de la classe ouvrière, mère célibataire de deux enfants, elle fait irruption dans un monde dont elle ne possède pas les codes. Elle doit alors rassembler des soutiens, mener campagne et se construire un personnage public. »

Julien Ouguergouz (réalisateur) et Mathieu Lesueur (La casquette productions), tous deux installés à Saint-Étienne, ont répondu à quelques questions pour nous éclairer sur la réalisation de ce documentaire très inspirant qui relate le parcours d’une citoyenne lors d’une campagne politique.

Mathieu : Pouvez-vous présenter votre structure « La Casquette Productions » ?

La Casquette Productions a été créée en 2011 par trois jeunes producteurs afin de soutenir des projets audacieux et accompagner des auteurs aux visions fortes et singulières. Au sein de La Casquette Productions, nous nous intéressons à toutes les narrations, à tous les cinémas, dès lors qu’ils portent un regard engagé sur le monde. Installée à Saint-Étienne depuis 2014, La Casquette Productions développe de nombreux projets à la ligne éditoriale dictée par les aspirations et la sincérité de ses producteurs. Enfin, La Casquette Productions affirme sa volonté de défendre la création locale et régionale. Parmi nos jeunes aut·eurs·rices, la majorité réside et travaille en Auvergne Rhône Alpes : Julien Ouguergouz, auteur réalisateur de Europa City, Cannes 1939, le festival n’aura pas lieu et Madame le Maire ; Rayhane Chikhoun, auteur réalisateur de ZEF ; Raphaëlle Bruyas, auteure réalisatrice de Chkoun, les Sauvages ; Maxime Dizy, réalisateur du projet LadyTiger en co-écriture avec Julien Ouguergouz.

Julien : Comment vous est venue l’idée de suivre Anne Sophie dans sa campagne pour la mairie de Firminy ?

Nous sommes amis. Nous avons milité ensemble dans des organisations de jeunesse il y a quelques années. Au départ, c’est elle qui m’a demandé de réaliser quelques vidéos de communication pour la campagne. Mais très vite, j’ai senti qu’il y avait de la confiance et je lui ai proposé de la suivre pour réaliser un documentaire sur son engagement. Au début, je la trouvais fébrile et je me demandais comment elle allait pouvoir mener cette campagne jusqu’au bout, c’est justement cela qui m’intéressait: la manière dont une femme ordinaire, mère célibataire de deux enfants et travaillant toute la semaine pouvait mener un tel projet.

On sent beaucoup de valeurs transmises dans ce film. L’engagement, le féminisme… Était-ce l’objectif au-delà de la campagne elle-même ?

L’engagement est un thème que j’explore et que je questionne dans l’ensemble de mes documentaires depuis une dizaine d’années. Le sujet m’a donc immédiatement saisi. J’avais l’habitude de traiter la question avec un regard d’historien. Ici, j’ai eu l’occasion d’être en prise directe avec le présent. Le féminisme est porté avec force par Anne-Sophie, c’est le sens de son combat: montrer qu’une jeune femme peut faire de la politique. Je pense qu’elle a accepté que je la suive pour cette raison, elle voulait porter ce message. Finalement, le film ne parle pas vraiment de politique. C’est plutôt le portrait d’une femme qui se jette dans un contexte politique extrêmement tendu.

Un mot pour conclure ?

Il n’est pas nécessaire de filmer des figures nationales pour comprendre la force d’un engagement politique. A l’échelle locale, il existe des personnes intègres et courageuses qui se démènent dans des conseils municipaux, tout cela pour une reconnaissance mineure, voire inexistante. Ce film leur donne de la visibilité.

Plus d’infos : http://films.lacasquette.fr/