Le 7 mai prochain, les Français éliront le plus jeune Président de l’Histoire de la République. En remportant ce premier tour des élections présidentielles avec 24 % des voix, contre 21,5 % pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron, 39 ans donc, décroche le gros lot et deviendra, selon toutes probabilités, et pour les 5 prochaines années à venir, le nouveau Président de la République Française. Même si Jean-Luc Mélenchon (qui réalise, soit dit au passage, une très belle performance électorale !), s’abstient de toute consigne de vote à l’intention de ses électeurs, on voit mal comment, sauf bourde monumentale ou bouleversement incroyable dans ces 15 jours à venir, Marine Le Pen pourra exploser le plafond de verre qui bloque l’accession ultime d’un candidat issu du Front National (en sera-t-il de même avec Marion Maréchal…, ce sera encore une autre histoire). Le Parti des Républicains et le Parti Socialiste sont les deux grands perdants de cette élection qui leur tendait pourtant les bras. En effet, l’accès au second tour valait presque de fauteuil présidentiel pour Alain Jupé ou Manuel Valls. Sauf retournement de situation, A. Juppé et M. Valls garniront le rang des éternels loosers de la République. Ce qui n’est pas pour nous attrister outre mesure, c’est vrai. En nommant Emmanuel Macron au Ministère de l’Économie, en lieu et place d’Arnaud Montebourg, François Hollande a permis la maturation d’un phénomène médiatique et marketing qui a fait véritablement exploser le Parti Socialiste. En misant tout sur la carte du complot médiatique, François Fillon, le Sarthois vertueux, comme ces vieux généraux de l’Armée Française à l’aube de la seconde guerre mondiale, a surestimé ses forces et placé son adversaire dans des conditions idéales.

Comme celle de Trump aux Etats-Unis il y a quelques mois déjà, la victoire annoncée d’E. Macron à la présidentielle Française confirme la puissance et la force du marketing politique, même si, bien sûr, les deux candidats présentent des profils totalement différents. Mais le fait est que Trump comme Macron sont devenus président à partir de rien, ou presque rien. En dehors de tout appareil politique établi. En cela, les deux dernières élections Américaines et Françaises sont remarquables. Les appareils politiques traditionnels ne sont plus indispensable à la conquête politique ultime. Grâce en partie à l’événement des nouveaux médias numériques. A méditer. Trump et Macron sont parvenus à faire croire qu’ils étaient également synonymes de renouvellement politique, alors que les deux, chacun à leur manière, sont directement le fruit du système. Le système des affaires pour D. Trump et le symbole de l’élitisme à la française, Sciences, ENA & Rothschild pour Macron. C’est Jacques Attali qui, le premier, a mis le pied à l’étrier politique d’Emmanuel Macron. Ce parrainage massif ou encombrant, cela dépend, suffit à entrevoir les lignes du programme du prochain Président de la république Française. L’ancien rapporteur de la commission Attali ne remettra finalement rien en cause, en tout cas en profondeur. Nous irons vers une ubérisation de la société Française, la libération de notre économie, la fin de quelques privilèges, plus symboliques que réellement efficaces, pour le profit de nos grands groupes industriels. « Dis-moi qui sont tes soutiens, je te dirai quelle sera ta politique ».

Gérard Collomb, le maire de Lyon, a été l’un des tout premiers soutiens d’Emmanuel Macron. Le maire de Lyon n’a pas hésité une seconde, à trahir son parti pour gagner, sans doute, un beau siège ministériel, ce à quoi le maire de Lyon aspirait tant. Et c’est sans doute du côté de notre voisin Lyonnais qu’il faut  lorgner pour imaginer ce qu’il adviendra de notre pays dans ces 5 prochaines années. Aucune remise en cause réelle du système, juste la main mise du pouvoir économique sur le pouvoir politique. Une forme de principe de réalité et d’efficacité à moindre coût. La ville de Lyon est devenue, ces 10 dernières années, comme une vraie capitale Européenne tout en sauvegardant le pouvoir et les intérêts en place. Les banlieues lyonnaises sont toujours aussi éloignées du pouvoir économique et politique. La ville de Lyon s’est vidée de sa classe populaire mais en gagnant en brillance. La ville a largement été offerte aux constructeurs et autres hommes d’affaires. Le résultat est éloquent, charmant, brillant mais jusqu’à quand ce bel édifice tiendra… ? Car ne nous méprenons pas, aucun des grands sujets de société n’aura réellement été abordé durant cette campagne présidentielle polluée par les affaires en tous genres. Pas sûr non plus que l’ubérisation annoncée de notre économie et de notre société suffira à colmater toutes les brèches.

Emmanuel Macron aura moins d’un mois pour constituer une équipe et préfigurer sa ligne politique avant d’affronter les élections législatives des 11 et 18 juin prochains. Car, on le sait, une présidence sans majorité ne servira strictement à rien. Et lorsqu’on connaîtra, en région, le nom des élus en charge de représenter le mouvement « En marche » de E. Macron, sa volonté de renouvellement clairement affichée durant la campagne risque de prendre un sacré coût dans l’aile. Et les électeurs de s’apercevoir du service de recyclage et d’enfumage qu’on leur aura, studieusement, élaboré.

Merci qui ?