«Tu sais, ma mère se tape des mecs plus jeunes que nous». Sa mère venait juste de quitter la pièce que nous occupions. Elle devait avoir la cinquantaine, je crois. Cela se voyait qu’elle n’avait jamais travaillé et qu’elle avait su entretenir son corps. Ma mère devait avoir quelques années de plus mais elle devait en paraître 15 ou 20 de plus. Faire des ménages, c’est comme marquer des buts à l’extérieur, ça compte double. J’avais connu une femme comme sa mère, qui traînait dans le bar que je fréquentais à l’époque. J’avais même fini par la draguer, je n’étais pas contre me faire une vieille, mais visiblement à 25 ans, j’étais déjà trop vieux pour elle qui ne courait après que les jeunes adultes…

Je connaissais Charles depuis quelques mois déjà. Il avait intégré l’équipe du marketing, on savait qu’il faisait partie de la famille, de ceux qui détenaient encore plus de 36 % du capital de la boîte. On m’avait dit que la famille comptait plus de 130 membres, dont une bonne partie vivait au crochet du groupe. Florissant, le groupe. Dans ce genre de familles, tu peux te permettre de glander et de profiter de la vie, il y en aura toujours un, plus ambitieux pour reprendre l’héritage. Souvent d’ailleurs, celui-ci possède de l’ambition à revendre, une ambition carnassière qui compense bien la fainéantise des autres membres de la dite famille. Il me disait ça, comme si cela lui était indifférent, que sa mère suce des jeunes queues. J’osais même pas y penser !

Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a eu un cancer, qui a fait de la prison, qui a chopé le sida ou tâté de la drogue… Mais quand tu vois directement cette personne, tout de suite, cela prend une autre dimension. Mais c’est vrai qu’elle était encore très bandante sa mère ! En fait, Charles était le petit cousin du PDG et il avait vite compris les avantages de me compter parmi ses amis. Je lui torchais la plupart de ses dossiers. Etudes de prix, lancement de nouveaux produits, surveillance de la concurrence… Charles m’expliquait qu’il n’avait jamais autant bringué que lors des 3 années d’école de commerce aux States qui avaient coûté une petite fortune à ses parents… Il prenait la vie du bon côté, il était né au bon endroit, au bon moment. Tout simplement. Enfin, c’est ce que je pensais. Il m’avoua que sa sœur avait déjà fait 8 tentatives de suicide alors que sa mère suivait une thérapie depuis près de 15 ans. Quant à son père, un cancer généralisé l’avait emporté le jour de ses 18 ans…

Ce qui modéra ma jalousie. C’était un juste retour des choses, pensais-je… Je voyais aussi tout l’intérêt de m’afficher au côté d’un membre direct de la famille. Consciemment, ou pas, cela jouait en ma faveur. J’espérais qu’il me présenterait sa sœur, aussi paumée soit-elle, qui sait, peut-être avais-je une chance de la séduire et, pourquoi pas, de la mettre enceinte. Il me la présenta plus tard. Estelle, elle n’avait pas hérité de la grâce de sa mère, dommage. Elle avait des jambes boudinées qu’elle cachait sous de larges jupes. Sa peau était blanche. Ses yeux bleus. Son look gothique. Nous fîmes connaissance, un jour pendant que Charles prenait ses affaires de Squash. Je veillais à le laisser gagner, de peu, mais je le laissais gagner avec sueur.., comme ça, il avait confiance en moi. Estelle était belle et bien timbrée. Elle m’avoua, entre les lignes, qu’un de ses grand oncle avait abusé d’elle, lorsqu’elle avait 5 ou 6 ans… Mais je ne la croyais pas vraiment, elle voulait se donner un genre, c’est sûr. Elle insistait pour que je l’emmène faire un tour dans la cité, c’était son trip… C’est d’ailleurs dans une des caves désaffectées que je la pris par derrière, la première fois. Entre sueur et odeurs d’urine. Elle avait aimé ça, oui… On recommença souvent jusqu’à ce qu’elle tombe effectivement enceinte et c’est ainsi que je fis mes premiers pas dans la famille…