Rien ne va plus. Cette fichue crise qui perdure depuis 2008 et qui boxe à la façon de Mike Tyson (celui des années 80 of course !) le moral des Français, ce gouvernement qui conjugue taxes et impôts à toutes les sauces, (on peut être de gauche et trouver ce matraquage fiscal immoral tant il dispense l’oligarchie et les multinationales) et ces électeurs, perdus dans ces océans de promesses non tenues qui se hasardent à Brignoles à flirter avec le diable. Car s’il s’habille en Prada, le diable n’en est pas moins prestidigitateur : il ne peut rien lui non plus contre la financiarisation de nos tristes existences. Alors perdu dans cette immensité grise et sournoise, il nous faut revenir à des plaisirs simples pour mesurer combien nos vies valent toujours le coup d’être vécues. Un bon verre de vin, une bonne daube de joue de bœuf, une belle partie de poker entre amis et quelques autres soirées inoubliables programmées par cette nouvelle édition des Oreilles en Pointe.

On classe bien des bâtiments dans le registre des monuments de France, pourquoi pas des festivals qui nous ont permis, ces dernières décennies, puisqu’on parle bien de décennies, oui, de découvrir entre Firminy et la Ricamarie, au Chambon-Feugerolles ou à Unieux, des artistes qui ont en commun une certaine forme de singularité et donc de talent. On ne sait jamais à l’avance si un concert sera à la hauteur des promesses qu’il suscite. C’est sûr. Mais bien souvent, fort heureusement, le jeu vaut bien la chandelle. Et comment pourrait-on être déçu en assistant, par exemple, à cette double soirée mettant sur scène Yvan Marc, dont j’écoute le nouvel album en boucle, « La cerise » sur le gâteau, je le conseille toujours vivement) et Jean-Louis Murat (dont j’ai écouté certains albums en boucle, il y a quelque temps encore). J’avoue, j’attends cette soirée avec excitation. J’évoque cette soirée.

Très bien, mais je pourrais également parler de celles qui suivent comme, la soirée des météores filants avec Peau et Oxmo Puccino, Oxmo qui a su ouvrir le Rap vers des horizons d’une rare poésie, ou la soirée des créatures Célestes avec Zaza Fournier et Brigitte Fontaine, qui est toujours là où on ne l’attend plus. D’autres songeront à la soirée des Décollages verticaux, pour cause avec le groupe stéphanois Mirabo et Eiffel qui pointe au plus haut du Rock Français. Et les Ambassadrices avec la jeune Charlou Nada qui ouvrira le bal des retrouvailles avec Jane Birkin, accompagnée d’un quartet de musiciens Japonais rencontrés sur les cendres du terrible incendie… C’est donc tout cela, Les Oreilles en Pointes, des soirées qui nous propulsent vers un ailleurs dirigé par des musiques et des musiciens singuliers. Malgré les vents contraires, les orages indélicats, les pluies verglaçantes et les brouillards épais, le festival initié sur les hauteurs de Saint-Priest-en-Jarez par Alain Rocher a toujours fière allure. Qu’il en demeure ainsi bien des années encore…

Vallée de l’Ondaine (et Saint-Etienne)
Du 7 au 23 novembre