En 2006, les Amérindiens de Caledonia de la réserve des Six Nations au Québec prirent les armes pour s’opposer à la construction d’un golf résidentiel sur un territoire sanctuarisé… Un peu comme si on décidait de construire un centre commercial à la place de la Basilique de Saint-Denis ! Cette révolte permit de découvrir que le Canada aussi avait quelques problèmes à régler avec son histoire et ses populations autochtones. Parmi ces peuples, on trouve les Iroquoiens, que l’on résume trop souvent aux Iroquois. Le mot « Iroquoiens », comme « francophones » pour le français, réfère à une situation linguistique et désigne les Amérindiens qui parlent une langue appartenant à la grande famille des langues iroquoiennes. Le mot « Iroquois », comme « Français de France », réfère quant à lui à une situation politique et géographique : il désigne les Iroquoiens qui, au XVIIe siècle, font partie d’une des cinq nations établies au nord de l’État de New York. Dans les faits, on parle d’Iroquois lorsqu’on évoque la langue parlée par les Iroquoiens.

Avant l’arrivée de Jacques Cartier sur les rives du Saint-Laurent, on estime que près de 10 000 Iroquiens étaient installés là depuis des millénaires. Curieusement, 60 ans plus tard, lorsque Samuel de Champlain débarque à son tour sur les rives du Saint-Laurent, il ne trouve plus aucune trace de ce peuple dont parlait si abondamment Jacques Cartier. Qu’est donc devenu ce peuple qui cultivait notamment le maïs ? L’exposition livre les hypothèses les plus récentes apportées par les chercheurs sur cet épisode important de l’histoire amérindienne. Parmi celles-ci, et davantage que la détérioration des conditions climatiques ou les épidémies, se profile celle des guerres entre divers groupes amérindiens. Plus fréquentes, plus importantes, plus violentes, plus inquiétantes pour les vaincus au cours du XVIe siècle, elles pourraient être à l’origine de la dispersion des Iroquoiens du Saint-Laurent.

Constitués d’objets datant des XVIIe et XVIe siècles, cette exposition réalisée en partenariat avec la Cité Archéologique et d’Histoire de Montréal, présente un grand nombre d’artefacts qui sont autant d’éclats de voix qui font résonner le temps et l’espace dont ils sont extraits. Des femmes qui excellaient dans l’art de la poterie et de la céramique, qui fabriquaient des vases en terre cuite selon une tradition transmise de mères en filles, on croit reconnaître la musique secrète qui scande leurs journées quand on jette un œil sur les motifs décoratifs que sont les ponctuations au roseau, ceux en épi de maïs ou ceux en échelle. Des hommes, on croit percevoir le geste qui les anime lorsqu’ils fabriquent leurs pipes, le souffle qui les inspire lorsqu’ils fument le tabac qu’ils ont cultivé, les réflexions et les rêves qui s’emparent d’eux lorsqu’ils font face aux effigies qu’ils ont tracées sur le fourneau même de leur pipe. Et puis tant d’autres menus mais inestimables objets qui rappellent que leur quotidien n’était riche d’enseignements que pour ceux et celles qui savent voir et entendre avec leur cœur…

Musée Gallo-Romain – Saint-Romain-en-Gal  Jusqu’au 15 avril