À quoi elle pense, cette jeune fille qui se prélasse dans la piscine, sans pull marine ? À ses 19 ans peut-être…, l’âge du festival créé sur les hauteurs de Rochetaillée et toujours dirigé par Jean-Philippe Mirandon. Paul Nizan ne pensait pas que du bien de ses 20 ans (« Aden Arabie ») mais les grands auteurs n’ont pas toujours raison. Je veux parler, bien sûr, de cette jeune fille blonde, aux faux airs de Scarlett, Johansson et non O’Hara, qui magnifie le visuel de l’édition 2013 du Festival des 7 collines. Outre l’envie de plonger dans cette belle piscine, ce visuel évoque les vacances, les envies profondes d’évasion et de dépaysement. Mais les temps étant ceux que l’on nous décrit (la crise toujours et encore…), c’est donc du côté de la programmation des 7 Collines qu’on ira chercher l’évasion et le dépaysement plutôt que dans les eaux chaudes et étincelantes des Caraïbes. Pas sûr qu’on y perde au change, les Caraïbes, ce n’est plus ce que c’était…

19ans donc et la programmation du festival a évolué, peu à peu, sans révolution, délaissant lentement mais sûrement les caprices du temps et les séances cinématographiques en plein air, place Jean Cocteau (plus que deux soirées ciné avec « Soul Kitchen », excellent film de Fatih Akin et « L’art de la pensée négative » de Bard Breien) au profit d’une seconde soirée musicale, une première ouverte sur la World Music (Richard Bona et Cheick Tidiane Seck) et une seconde, sublime avec Alela Diane (qu’on vous recommande chaleureusement) tout en réaffirmant un axe directeur autour de la danse et du cirque contemporains. Ils viennent d’ici ou d’ailleurs, parfois d’à côté ou de très très loin, mais ils ont tous en commun un langage singulier, une volonté de toucher le public au-delà du langage et d’aller vers les émotions.

Ainsi Miet Warlop avec « Mystery Magnet » indique qu’elle puise sa force dans l’utopie, l’humour mais aussi dans une certaine forme de burlesque. Comme d’ailleurs les Suédoises Alma Söderberg et Jolika Sudermann qui cherchent, avec « A talk », dans les échanges verbaux des sens plus comiques, une douce satire de notre monde de l’hyper-communication. À l’inverse, Mathurin Bolze (« A bas bruit ») et Jérôme Brabant (« Heimat ») n’oublient pas les forces intérieures, les racines, les instants vécus qui agissent en chacun des êtres et qui expliquent en partie nos actions présentes. Tandis que d’autres (El Nucleo, Éclats de Cirque, Cie Parc, Le P’tit Cirk, Crique Inextrémiste, Race Horse Company…), à travers les arts renouvelés du cirque, défieront les lois de la gravité pour des performances sans cesse portées, et c’est primordial, par une recherche de sens…

Saint-Étienne – Du 3 au 1er juillet