En ce début d’année 2014, les motifs d’inquiétude ne manquent pas, à commencer par les prochaines élections municipales et européennes. Si le tremblement annoncé épargnera sans doute ces prochaines élections municipales, on peut redouter un véritable séisme législatif lors des élections européennes, les partis traditionnels n’étant plus en mesure de garantir la pérennité de l’institution politique européenne. La crise en Ukraine résulte en partie de l’imprudence de l’Europe qui a ouvert grandes ses portes à ce pays alors qu’elle n’avait aucun moyen financier pour assumer cette vague promesse d’intégration et de son incapacité à exister sur le monde politique à l’échelle internationale. Autre preuve s’il en fallait, la France attend, attend et attend encore le soutien de l’Europe dans sa mission de rétablissement de l’ordre en Centre Afrique. Le problème Malien n’étant toujours pas résolu, on se demande comment l’armée française bientôt à cours de moyens humains et matériels fera pour tenir ce grand écart si un nouveau front s’ouvrait à l’Est…

Outre ses problèmes géopolitiques, nous devons malheureusement constater l’absence de toute reprise économique, ici-même, comme en Allemagne, aux États-Unis ou en Amérique du Sud. L’Argentine risque de connaître une seconde crise économique d’ampleur en moins de 10 ans et le Brésil découvre l’insurrection urbaine et sociale tout en restant englué dans ses programmes d’investissement coûteux. D’autant qu’après la Coupe du Monde viendront les Jeux Olympiques autrement plus gourmands financièrement parlant. Entre-temps, l’Inde a disparu des écrans radars des pays émergents et la Russie poursuit sa partie de poker (ou d’échec) avec l’Occident au sujet, justement, de l’Ukraine, en attendant l’émergence d’autres zones de conflits dans sa partie asiatique (et musulmane). Le Japon, coincé dans son ère post-Fukushima, n’a trouvé d’autre solution pour relancer sa croissance que le fonctionnement à outrance de sa planche à billets, creusant encore plus sa dette devenue abyssale, elle atteint 245 % de son PIB (alors qu’on parle de cote d’alerte pour l’Italie dont la dette atteint à peine 130 % du PIB !) et faisant très bientôt du Yen une monnaie de singe…

Ne reste donc que la Chine pour sauver la croissance mondiale et espérer un retour de la croissance économique ici-bas et la fameuse baisse du chômage annoncée par le président Hollande. Et bien, du côté de l’Empire du Milieu, tout n’irait pas pour le mieux non plus : si l’on en croit un certain Joe Zhang, banquier et économiste chinois de son état et ancien directeur adjoint des activités de banque d’investissement d’UBS à Hong Kong, la Chine pourrait même connaître une crise bancaire à la hauteur de ce que fut la crise des Subprimes sur nos économies occidentales. En 2011, ce fameux Joe Zhang a créé à Guangzhou une « shadow bank », c’est-à-dire un établissement spécialisé dans le microcrédit. Joe Zhang vient de publier un livre, intitulé « Inside China’s Shadow Banking : The Next Subprime Crisis ? » dans lequel il montre que la bulle du shadow banking, « la finance de l’ombre », si elle éclate, pourrait avoir en Chine des effets comparables à la crise des subprimes aux États-Unis.

Qu’entend-on par shadow banking ? Le shadow banking concerne l’ensemble des activités financières qui échappent aux banques traditionnelles et qui sont assurées par des acteurs intermédiaires, spécialisés de produits financiers, de titrisation de dettes, avec des rendements offerts ou promis les faisant échapper à toute forme de régulation bancaire. Les acteurs les plus en vue du shadow banking sont les « trust companies » qui collectent de l’argent auprès de banques traditionnelles ou de riches investisseurs pour le prêter à des entreprises ou à des collectivités locales. Le montant total des crédits gérés par ces « trust companies » atteindrait aujourd’hui de l’ordre de 1 200 milliards de dollars, et ils ont largement contribué à financer les énormes projets d’infrastructures et immobiliers des provinces chinoises. Or, une bonne partie de ces programmes immobiliers sont toujours vides (jetez un coup d’œil sur google, ça vaut le coup !) comme une bonne partie des infrastructures restant sous exploitées voire pas exploitées du tout (comme certains aéroports notamment). Le principal problème réside dans la solvabilité incertaine des emprunteurs, alors que la moitié du remboursement de ces crédits, soit 600 milliards de dollars quand même, devraient être remboursés en cette année 2014.

En décembre dernier, le gouvernement Chinois était intervenu pour pallier le défaut de paiement annoncé de la China Credit Trust, une de ces fameuses Shadow Bank qui avait collecté l’équivalent de 500 millions de dollars auprès de 700 investisseurs, via la banque publique ICBC, pour les prêter à une entreprise du Shanxi, Shanxi Zhenfu Energy Group et qui a fait faillite en 2012, laissant les investisseurs avec une perte potentielle de 420 millions de dollars… Ces fonds devaient être remboursés le 31 janvier dernier. Finalement, une solution a été trouvée in extremis avec l’intervention du gouvernement et de la fameuse banque ICBC, ce qui permet de rembourser l’intégralité du capital aux souscripteurs, ces derniers ayant néanmoins accepté de faire le sacrifice d’une bonne partie de leurs intérêts. Sachant que la dette chinoise a atteint l’an dernier 215 % du PIB (alors qu’elle n’était que de 130 % en 2008), le gouvernement chinois aura-t-il les moyens de subvenir aux défaillances annoncées d’autres Shadow Banks ??? Rien n’est moins sûr, ce qui laisserait présager, pour le coup, quelques beaux lendemains qui déchantent…