20 ans déjà que ce collectif lyonnais professe la bonne parole et la bonne musique… On se souvient de leur toute première participation à la bande originale du premier film choc de Virginie Despentes, « Baise-moi ». Depuis, ils ont parcouru bien du chemin. Rencontre :

Il y a 20 ans déjà, votre groupe voyait le jour. 20 ans, presque une génération… Que pensez-vous du chemin parcouru ?

Nous avons passé ces années à enchaîner les albums & les tournées sans trop prendre le temps d’y penser ni surtout d’envisager une « carrière »(ça, c’est pour les pierres !) Et maintenant seulement on se retrouve confrontés à ce genre de questionnement, mais on ne se prend pas trop la tête là-dessus non plus.

Qu’est-ce qui a le plus changé en 20 ans selon vous dans votre univers musical ? Internet a-t-il vraiment révolutionné la musique ?

Internet a bouleversé la donne, les codes, la majorité considère maintenant la musique comme « gratuite » et ça rend plus difficile la vie des musiciens/techniciens qui essaient d’en vivre. Si on rajoute la crise, la précarité qu’elle entraîne, ça complique en effet la donne. Mais internet permet aussi d’avoir accès à beaucoup de choses inaccessibles, voire introuvables auparavant, donc tout n’est pas négatif.

Votre ville, Lyon, a beaucoup changé également pour devenir une vraie capitale européenne : Vous approuvez ?

Lyon est devenu une métropole, certes, mais reste toujours une ville à taille humaine, une « petite grande » ville, et tant qu’on s’y sent bien… Sachant que nous vivons entre le quartier de la Croix-Rousse, terre d’accueil traditionnelle des saltimbanques et artistes en tous genres mais où la gentrification progresse à vue d’œil, et les villes-banlieues du Nord et de l’ouest de Lyon, un pied dedans, un autre à l’extérieur…

Comment jugez-vous votre évolution musicale au gré de toutes ces années ?

Difficile d’être juge et partie, disons juste qu’on a essayé de ne pas se répéter, de ne pas tourner en rond comme un poisson dans son bocal et de se renouveler musicalement parlant.

Votre nouvel album est sorti il y a quelques semaines. Est-il simple pour un groupe comme vous d’avoir accès à tous les médias ?

Clairement non, pour plusieurs raisons : le fait d’avoir fait le choix de rester à Lyon et du même coup de ne pas baigner dans le Landerneau culturel parisien, le nom du groupe que trop de journalistes paresseux ou peu curieux associent à celui d’un groupe de reggae festif…Et puis la musique que l’on fait n’est pas non plus considérée comme « grand public ». Heureusement, l’un des aspects positifs d’internet est d’avoir élargi l’offre des médias, cela nous permet d’avoir une certaine visibilité.

On évoque, pour cet album, les influences d’Urban Dance Squad ou de Public Enemy ; qu’en pensez-vous ?

Tout à fait : ce sont deux groupes majeurs dans notre panthéon personnel. On peut rajouter Fishbone & aussi l’album de collab’ rap/punk rock/métal Judgement Night…

Plus que jamais, votre univers musical paraît métissé et ouvert. L’expérience, sans doute ?

Merci du compliment : la volonté de mettre à bas les frontières, physiques, mentales ou musicales fait partie de notre ADN.

Pour ce nouvel album, vous avez collaboré avec Oddatee. Racontez-nous cette rencontre…

Nous avons rencontré Oddatee lors d’une affiche partagée avec High Tone, il nous a bluffé par son énergie et son charisme sur scène. On connaissait quelques morceaux qu’il avait sortis sur JFX, mais là, en vrai, ça prenait une autre dimension…Comme High Tone avait décidé d’arrêter là leur collaboration et qu’Oddatee vit à Lyon, il est passé au studio, on a fait quelques concerts ensemble l’été dernier et dans la foulée ce nouvel album.

Que vous apporte son expérience ?

La rencontre d’une autre culture est toujours intéressante, et si on rajoute un investissement personnel, lui aussi important, ça donne un tout qui apporte de la fraîcheur à notre approche de la musique.

Qu’attendez-vous de ce nouvel album ?

Qu’il soit certifié triple platine. 😉 !

L’engagement reste toujours à la base de votre musique. Comment cet engagement a-t-il évolué au gré des années ?

On reste avant tout des musiciens, des saltimbanques quoi, mais on est aussi des citoyens, et c’est dans cet esprit qu’on cherche non pas à influencer les gens qui nous écoutent mais simplement à (re)dire des vérités simples qui nous tiennent à cœur, surtout dans cette époque trouble où l’on cherche systématiquement à trouver un bouc émissaire dans chaque « étranger » ou personne sortant du cadre.

Vous allez jouer à Saint-Étienne au profit de l’association Free-Mômes. Quels sont vos liens avec cette association ?

Pas de lien particulier, mais leur démarche c’est la classe.

Saint-Étienne, ça vous évoque quoi ?

Plein de bons souvenirs de concerts, des potes, dans une ville chaleureuse et populaire.

Vous sentez-vous proche, par exemple, de la démarche de la Dub Inc ?

On a beaucoup de respect pour ce qu’ils ont réussi à accomplir : chapeau bas les gars !