Il y a bien une atmosphère singulière qui se dégage de cette salle de spectacles stéphanoise adossée au Foyer des Jeunes Travailleurs… Avec sa toute première programmation, belle et ambitieuse, le Pax entend prendre toute sa place au sein des saisons locales. Rencontre avec etienne qui dirige l’Association Carotte Production à l’initiative de cette programmation :

Nous nous étions rencontrés il y a quelques mois au sujet de Carotte Production et d’Inouïe Distribution et de son Amap culturelle. Où en sont ces structures ?

Carotte production demeure une entreprise artisanale qui se développe notamment dans son activité de label de musique, de producteur local. Ce développement tient avant tout aux artistes, par leur engagement dans le travail et la richesse de leurs créations. Nous venons de sortir un vinyle avec Mac Abbé et le Zombi Orchestra ‘Le cabaret des enfers ‘ accompagné d’un document fiction et nous terminons le 3e album de Barrio Populo qui sortira l’automne prochain. Même si nous restons fragiles, ça reste une grande joie que d’accompagner fidèlement ces groupes depuis plusieurs années. Nous avons aussi récemment fondé une nouvelle structure associative, Deltamax, qui a pris en charge la gestion de la salle du Pax depuis cette année, relayant ainsi les actions artistiques menées par Carotte Production dans ce lieu. Inouïe Distribution existe depuis 4 ans et son activité se développe chaque année. Nous comptons plus de 100 abonnés à nos paniers discographiques et nous distribuons CD, livres-cd, vinyles dans plus de 200 points de ventes en France (disquaires et libraires). Notre initiative de distribution en circuit court est désormais reconnue et nous sommes présents dans de nombreux salons de type Tatou juste, Primevère, Fête du livre de Paris. Pour nous artistes et labels, il est plus que jamais nécessaire de créer un lien direct avec nos « consom’acteurs ».

Vous intervenez dans le secteur musical indépendant stéphanois depuis de longues années… À l’heure du désengagement de l’État et des institutions locales, qu’en est-il des structures indépendantes ?

Les aides publiques connaissent des diminutions voire des suppressions depuis ces dernières années, réduisant ou effaçant les actions des structures indépendantes comme les nôtres. Nous devons rester attentifs et mobilisés afin que continuent d’exister la diversité de la création et l’accès à la culture pour tous.

Pouvez-vous nous présenter la salle, le Pax ?

La salle dispose aujourd’hui de 100 places assises, d’une scène de 50 m2 et d’une salle annexe de 70 m2. Cet ancien cinéma de quartier a su préserver avec le temps son caractère de petit lieu intime et chaleureux, offrant une proximité confidentielle entre le public et l’artiste. C’est aussi un formidable outil de travail pour le développement des pratiques artistiques et de création.

Quels sont les rapports entre la salle et le foyer des jeunes travailleurs ?

Nous avons toujours mené nos activités dans la salle en partenariat avec le foyer. C’est la même maison et nous accueillons ses résidents gratuitement sur nos concerts et réalisons aussi des spectacles avec eux. Nous continuons aujourd’hui d’entretenir d’excellents rapports dans des valeurs d’échange et de partage.

Quel est le statut juridique de cette salle ?

La salle de spectacle est un équipement du foyer Habitat jeunes qui comprend aussi des hébergements et une restauration ouverte au public. L’ensemble est géré par le foyer. L’association Deltamax vient de prendre l’exploitation de la salle de spectacle, dans le cadre d’un bail avec Habitat jeunes. Jusqu’à présent le Pax accueillait des spectacles et proposait des résidences à des groupes locaux.

Comment se finançaient ses activités ?

Une partie des activités se finançait avec l’aide de la ville de Saint Étienne et les recettes des entrées. Cela représentait en termes de temps un mois d’intervention avec une douzaine de spectacles et une vingtaine de journées de résidences. Une autre partie se finançait par la mise à disposition du lieu dans différents projets culturels comme des tremplins, formations, résidences, enregistrements.

Pour quelles raisons avez-vous créé cette saison ?

Elle s’est faite dans la continuité des précédentes, avec la même motivation de partager avec le plus grand nombre. L’arrivée de l’association Deltamax dans la gestion complète du lieu nous a incité à proposer une programmation plus conséquente par son nombre de rendez-vous et sa diversité. Cette saison est un nouveau souffle avec une nouvelle image, qui devrait permettre d’inscrire davantage le Pax sur le bassin stéphanois comme un lieu essentiel de création et de rencontre.

Quelle en est sa ligne de programmation ?

Elle tient compte de l’âme de cette salle de par sa configuration assise et son caractère intimiste. Elle reste attachée à la diversité et propose pour la première fois des spectacles jeune public. Nous programmons des artistes de composition dont la moitié est issue du tissu local.

Comment comptez-vous financer cette saison ?

Nous sommes actuellement dans l’attente de réponses de financement mais nous savons déjà qu’il faudra jouer serré.

Vous programmerez de nombreux concerts : est-ce une nouvelle concurrence par rapport au Fil ?

Les configurations des 2 salles sont vraiment différentes, de plus, nous programmons la plupart de nos spectacles le dimanche, il n’y a aucune concurrence entre nous.

Quelle est la nature de vos rapports avec la SMAC stéphanoise ?

Nous nous sommes rencontrés récemment pour étudier différents partenariats, en termes de programmation et aussi d’accompagnement d’artistes. Nous devrions commencer cette année à réaliser conjointement des actions dans ce sens.

Vous collaborez notamment avec le Festival Paroles et Musiques. Pourquoi ?

Nous avions accueilli le festival l’an dernier avec une programmation d’artistes « découvertes ». De petites formations adaptées à la salle avec de bien belles surprises lors de ces rendez-vous de fin d’après midi. Nous avons souhaité tout naturellement reconduire notre collaboration cette année.

Cette nouvelle programmation est-elle en lien avec les autres structures dont nous avons parlé, Carotte Production et Inouïe Distribution ?

Ce sont des structures complémentaires et le lien entre elles existe depuis plusieurs années. Cette programmation révèle d’autres mutualisations avec des labels locaux et Inouïe Distribution qui se traduisent lors de concerts de présentation de nouvel album comme avec Yvan Marc et Nanan.

Dans le cadre de la programmation de cette saison, travaillez-vous en partenariat avec les autres institutions de la ville, notamment sur le choix des dates ?

Nous restons attentifs aux offres que proposent les autres institutions de la ville et il nous arrive de choisir des dates ensemble comme le tremplin « nos talents sur scène » programmé cette année avec le conseil consultatif de la jeunesse, la mission jeunesse vie étudiante et l’association Métropolis 42.

Comment les institutions, et en premier lieu la ville, ont-elles accueilli votre démarche ? Vous financent-elles ?

Nous rencontrons depuis plus d’un an les différentes institutions pour leur présenter ce nouveau projet de gestion de salle de spectacle et nous l’avons bien sûr présenté à la ville de St-Etienne. Celle-ci va nous apporter une aide mais nous devons trouver d’autres financements si nous voulons maintenir une certaine voilure. À l’heure d’aujourd’hui, rien n’est gagné.

Combien a coûté cette première programmation ?

Cela représente environ 15 000 € avec entre autres les achats de spectacles, les résidences, et la communication liée à ce premier semestre qui a demandé la construction d’un site et la réalisation de 10 000 programmes.

Quels sont vos objectifs et ambitions pour cette nouvelle programmation ?

Nous souhaitons à travers cette nouvelle programmation inscrire le Pax comme un lieu essentiel sur Saint Étienne et accueillir le plus large public possible.

La seconde programmation, semestrielle, dépend-elle de la réussite de cette première édition ?

La programmation du 2e semestre est déjà bien avancée, elle va bien sûr s’affiner grâce cette première édition.

Souhaiteriez-vous développer la programmation destinée au jeune public et pourquoi ?

La salle se prête à merveille à ce type de spectacle et elle s’ouvre ainsi à une plus grande diversité des publics.

Enfin, si vous aviez les moyens financiers de vos ambitions, quelle serait votre programmation idéale ?

Nous sommes déjà très heureux de proposer cette première programmation qui permet à tous d’accéder à nos spectacles. C’était pour nous un premier idéal et nous y sommes, on va tout faire pour tenir bon.