Les temps changent, et les institutions culturelles ne sont pas épargnées. elles doivent s’adapter aux nouvelles formes de médiations, notamment numériques, mais également aux attentes d’un public toujours plus large et exigent. Le MAMC vient d’ailleurs de proposer un colloque pour évoquer cette problématique. Il s’en est dégagé des pistes passionnantes. Mais le musée avait pris les devants en créant un tout nouveau site internet particulièrement bien pensé, ainsi qu’une application très pratique pour découvrir plus en profondeur les trésors accrochés sur ses murs.

Après une année de célébration de son 30e anniversaire, le MAMC vient de rouvrir ses portes avec une nouvelle exposition, ou plutôt un parcours organisé autour de 5 expositions. ce parcours est une occasion unique de découvrir toute l’étendue des collections du musée, mais aussi des artistes émergents comme maxime duveau, certains confirmés comme Damien Deroubaix, des œuvres magnifiques dans l’exposition « de Monet à Soulage, chemins de la modernité » ou encore du design avec « Design et merveilleux ». enfin tel un roman que vous feuilletteriez au gré des salles, vous vous plongez dans les « 24 heures dans la vie d’une femme ». la directrice générale du MAMC, Aurélie Voltz, est à l’origine de cette dernière proposition. Elle nous a accordé quelques minutes pour nous en parler.

24 heures dans la vie d’une femme. De quoi s’agit-il ?

C’est une exposition qui montre le regard d’une femme, moi-même en réalité, sur la vie d’une autre femme, une femme imaginaire, qui a mille visages. La collection de 20 000 œuvres du musée, de formes très différentes, permet de raconter des histoires. Ici il s’agit de celle de cette femme qui s’éveille, qui prend son bain, qui va travailler, qui se repose, qui va se promener, qui fait une rencontre… Tous les moments de la journée que les visiteurs peuvent d’ailleurs assez facilement partager jusqu’à créer eux-mêmes leur propre histoire. Il y a dans cette exposition environ 270 œuvres qui racontent, par des associations d’idées, de formes, de couleurs, toute cette histoire qui se déroule en 24 heures.

Qu’est-ce qui vous a inspiré ce thème ?

C’est surtout la littérature qui m’inspire. Mes lectures m’orientent énormément pour être créatif notamment à partir d’œuvres et collections que nous avons dans le musée.

Comment avez-vous établi cette narration, ces différents temps forts qui ponctuent ces 24 heures ?

Je m’étais fixé quelque temps forts, mais certains se sont imposés à moi au fil du temps, lorsque je parcourais le catalogue de nos collections et que je découvrais les œuvres. L’histoire aurait pu continuer avec d’autres temps forts mais il a fallu faire des choix. Cela sera l’occasion peut-être d’une autre histoire !

Rien à voir avec les mouvements féministes actuels ?

On est loin du mouvement actuel, c’est une évidence. En revanche, l’idée de proposer le parcours d’une femme n’est pas anodine. J’y suis attachée dans le sens ou cette femme, dans ce parcours, est indépendante, elle travaille… C’est la femme que moi je regarde de cette manière-là.

Quelques mots sur l’ensemble des différentes autres expositions qui mêlent design, art contemporain, thématiques comme la vôtre par exemple ?

C’est justement le panel de tout ce que l’on peut proposer au public qui représente nos expositions. Elles sont même un écho de nos propres collections. On a aussi bien une attention vers le design, les maîtres anciens, vers la jeune création, vers des artistes reconnus. Ces 5 expositions permettent de montrer au public de découvrir les différents aspects de l’art moderne et contemporain.

Un mot sur le bilan des événements qui ont marqué les 30 ans du musée ?

Cet anniversaire, c’est évidemment un an de bonheur pour nous, mais c’est aussi et surtout 65 000 visiteurs, et l’occasion de redécouvrir des figures du territoire comme Jean Michel Othoniel, Valérie Jouve, et maintenant Damien Deroubaix, qui pour moi ont compté pour l’histoire du musée et compte encore pour l’histoire culturelle de ce territoire.

Ce n’est pas nouveau mais on ressent un effort pédagogique plus appuyé, en associant côte à côte par exemple la nature et l’art pour mettre en lien ce qui a pu inspirer les artistes… Une volonté de vous tourner davantage vers le grand public, ou il s’agit plus de choix artistiques ?

Un peu des deux. C’est très important pour moi de ne pas perdre nos visiteurs devant des œuvres trop difficiles à appréhender ou trop conceptuelles parfois. Pour moi toutes les œuvres doivent être accompagnées d’un discours, d’un texte, d’une introduction. C’est à la fois une volonté de s’ouvrir au plus grand public possible, mais c’est aussi une volonté de l’accompagner dans la définition d’une exposition. Pour moi, une exposition, ce n’est pas juste de mettre des œuvres dans une salle. C’est aussi construire un parcours, avoir une architecture qui est dédiée à ce qu’on propose. Il faut avoir une image forte, et construire un dialogue entre les œuvres.