L’histoire est parfois malicieuse… Le 6 mars 1853, lorsque la première de « La Traviata » est donnée à Venise, c’est un désastre comme rarement Giuseppe Verdi en connaîtra. Un célèbre critique écrira même à ce sujet, « l’un des fours les plus noirs de l’histoire de l’opéra ». Depuis, cette même histoire a fait son œuvre et la publicité (pour une assurance, il me semble) a fait du «Chœur des Bohémiens» un succès planétaire. La musique classique et l’opéra doivent beaucoup, en général, à nos amis publicitaires… Le rôle de Violetta est, depuis, devenue une référence incontournable pour toute soprano digne de ce nom. L’ultime référence étant celle de Maria Callas, donnée en mai 1955 à la Scala de Milan sous la direction de Carlo Maria Gigulini dans une mise en scène signée Luchnio Visconti… On peut rêver pire distribution, en effet !

Pourtant cette œuvre de Verdi se situe loin des sujets exaltés et géopolitiques qui feront sa réputation, son nom étant rattaché à la naissance d’un état d’esprit révolutionnaire qui aboutira à la création de l’État Italien en 1861. C’est à Paris qu’il faut retrouver l’origine de «La Traviata». Verdi assiste à une représentation de « La dame aux camélias » d’Alexandre Dumas fils et tombe sous le charme de ce drame romantique. Son fidèle ami, Francesco Maria Piave en réécrit le livret, en cinq jours seulement (paraît-il) Dans cette œuvre la Traviata (signifiant en italien « la dévoyée ») Verdi y voyait un sujet de son temps, une étude de mœurs intimistes mais qui privé de la conventionnelle distanciation héroïque et souligné par un réalisme musical inattendu, perturbera le public plutôt conservateur de Venise. Mais depuis, l’histoire a pleinement joué son rôle et fait de « La Traviata » une des œuvres les plus jouées au monde. Quelques semaines seulement après un superbe « Barbier de Séville », le public Stéphanois aura la chance de découvrir un nouveau petit bijou, dans une coproduction avec l’Opéra de Monaco et l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne et avec une distribution ouverte sur la nouvelle génération.

Opéra Théâtre de Saint-Etienne – Grand Théâtre Massenet – Du 13 au 19 mars