Ceux nous lisent régulièrement savent tout le bien que nous pensons de Denis Robert et tout le mal de Philippe Val. Le premier a été journaliste à « Actuel », puis à « Libération » avant d’accéder à une totale indépendance qui lui permettra, entre autres, de dénoncer à travers la publication d’enquêtes, d’ouvrages et de documentaires, la banque Luxembourgeoise Clearstream et ses activités de compensation facilitant notamment le blanchiment d’argent en provenance d’établissements bancaires douteux. Dans son travail d’enquête et de dénonciation, Denis Robert n’aura reçu que très peu de soutien de la part de ses confrères, c’est un doux euphémisme que de le rappeler. Parmi ses plus virulents détracteurs, citons la plus célèbre moustache de Bretagne, Edwy Plenel, alors directeur du quotidien Le Monde et depuis directeur du site indépendant Médiapart (qui produit depuis un excellent travail de fond et d’enquêtes), et Philippe Val, ancien troubadour gauchiste devenu ami du couple Sarkozy-Bruni et propulsé, au nom de cette amitié, directeur de France Inter après avoir fait main basse sur Charlie Hebdo. Il faudrait presque un roman tout entier pour parvenir à dénoncer le détournement que Ph. Val fit de Charlie Hebdo, jadis journal satirique créé par deux fous géniaux, le Professeur Choron et François Cavanna. Il faudrait également immortaliser le véritable grand écart intellectuel entrepris par celui qui, sur scène et dans les années 90, chantait l’anarchie et la révolution au côté d’un certain Patrick Font, amateur de jeunes filles prépubères (ce dernier sera d’ailleurs condamné par la justice et lâchement abandonné par son alter ego scénique) avant de faire passer, trois décennies plus tard, Éric Zemmour ou Alain Finkielkraut pour d’affreux Maoïstes…

Le plus étonnant dans ces inimitiés, c’est qu’elles répondent à une certaine logique. En effet, Philippe Val est le grand ami de Richard Malka. Avocat rusé et intéressé, certainement très brillant, Richard Malka est devenu l’une des figures judiciaires et médiatiques incontournable. C’est au cours du hold-up de Charlie Hebdo que Ph. Val et R. Malka se sont connus et depuis, ils sont « comme des frères », selon Ph. Val. Je conseille vivement à tous nos lecteurs de prendre le temps des 4mn05 d’une vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=JtTfafb9dI0), pour mesurer la perfidie sans limite dont Ph. Val fit preuve à l’égard de Denis Robert. Sachant qu’après plus de 10 années de procédures judiciaires (de la part de la banque Luxembourgeoise) à l’encontre de Denis Robert, la Cour de Cassation blanchira définitivement le 3 février 2011 de toutes condamnations le journaliste pour ses ouvrages et ses documentaires. On comprend dès lors très bien que Ph. Val est prêt à tout pour servir la soupe de son « frère » R. Malka, qui, comme par hasard, s’avére être l’avocat de Clearstream… Pour l’anecdote, R. Malka sera plus tard l’avocat de Dominique Strauss Khan dans l’affaire du Sofitel de New York… Qui se ressemble s’assemble, n’est-ce pas ? Cette vidéo terrible pour Ph. Val montre définitivement sa propension infinie à l’art du mensonge ou au détournement de la vérité, ce qui est à peu près la même chose…

Outre l’épisode Clearstream, l’autre grand conflit qui oppose D. Robert à Ph. Val est la captation de Charlie Hebdo par ce dernier à des fins économiques et politiques. Dans son dernier ouvrage, « Mohicans », sorti en novembre dernier, D. Robert relate comment Ph. Val, épaulé par R. Malka, a littéralement capté l’héritage historique du journal satirique en spoliant son co-créateur François Cavanna. Pour répondre à ces attaques, Ph. Val publia en décembre dernier « C’était Charlie », sa version toute personnelle de l’affaire. Non content de faire parler des morts, ce qui reste assez honteux comme méthode, Ph. Val détourne une fois encore la réalité pour valider sa propre position. Malheureusement pour lui, une série d’anciens collaborateurs de Charlie Hedbo, dont Delfeil de Ton, Willem, Siné, Lefred Thouron, Tignous, Michel Polack, Patrick Pelloux ou Sylvie Caster, ont dénoncé le procédé et pis encore sa version erronée des faits. Pourtant, dans la plupart des médias mainstream (télé et presse), c’est bien Ph. Val que l’on verra vendre sa soupe hideuse la plupart du temps sans contradicteur. Mais comme la morale doit coûte que coûte rester sauve et que dans ce monde cruel et ingrat subsiste néanmoins une minuscule flamme d’espoir, deux bonnes nouvelles viennent réconforter tous ceux qui ont soutenu Denis Robert dans sa démarche de réhabilitation de Fr. Cavanna et sa quête de vérité dans ses différentes enquêtes. Si bien que le film « L’Enquête » réalisé par Vincent Garenq qui s’inspire directement de D. Robert (avec Gilles Lellouche, brillant, dans le rôle du journaliste enquêteur) est nominé au César 2016 au titre de « Meilleure adaptation » et que le documentaire réalisé par D. Robert et sa fille Nina Robert, « Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai », est lui aussi nominé au César 2016 dans la catégorie du meilleur documentaire. De là à ce que l’un des deux films remporte le jackpot, j’en connais au moins deux qui doivent avoir, en ce moment, des sueurs froides.