À l’heure où l’on fête le 30e anniversaire de la Marche des Beurs et que sort sur nos écrans un long-métrage produit par Jamel Debbouzze (« La marche ») retraçant cette épopée inédite, il est bien de revenir sur l’une des plus belles manipulations de notre histoire contemporaine, une escroquerie qui pourrait faire rire si elle n’était pas simplement à l’origine de l’affreuse situation de tension sociale, religieuse et ethnique actuelle. Début des années 80, les jeunes arabes issus de la seconde génération d’immigration, celle qui sera sacrifiée, tombent comme des mouches sous les armes des forces de l’ordre ou de quelques racistes nationalistes avinés. C’est ce qui arrive à Toumi Dajaïdja, jeune habitant des Minguettes à Vénissieux, qui vient d’être shooté par un policier. Il ne sera que blessé. Mais avec l’aide d’un religieux protestant, et une poignée d’autres jeunes issus ou non de la seconde génération d’immigrés, décide d’organiser une marche non violente, inspirée par Gandhi, afin d’alerter les pouvoirs publics et de sensibiliser la population Française à ce problème. Nous sommes à l’automne 1983. Socialement, cette période correspond à l’arrivée sur le marché de l’emploi de cette seconde génération issue de l’immigration qui réside essentiellement dans des quartiers qui n’étaient pas encore diabolisés. Pour cause, leurs parents ont construit la France… Mais faute de formation, à cause notamment de la défaillance et de l’indifférence du système éducatif national, ces jeunes pour la plupart n’ont aucune formation et doivent faire face à un véritable apartheid en matière de loisirs, de location et surtout d’emploi. D’où cette marche… Il est surprenant de revoir les photos de l’époque qui montrent ces jeunes arabes portant le keffieh (cela aura son importance pour la suite) et ces jeunes filles sans aucune signe extérieur religieux…

Quelques semaines plus tard, après ce grand et beau périple, la marche déboule sur la capitale et comme par magie : la portée de cet événement est subitement attribuée à un mouvement intitulé « SOS Racisme » au sein duquel ne figure aucun des jeunes arabes (filles ou garons) ayant initié le mouvement mais un grand nombre de jeunes issus du mouvement de l’Union des Jeunes étudiants juifs de France (avec en tête Julien Dray, Bernard Henri-Lévy et Éric Ghebali). SOS Racisme agit en sous-marin pour le Parti Socialiste qui espère récupérer la dynamique du mouvement afin de faire avaler aux jeunes la pilule de la nouvelle rigueur, initiée par un certain Laurent Fabius, premier ministre. Parallèlement, une partie de UEJF s’inquiète de voir émerger une population Française d’origine Arabe revendiquant ouvertement sa solidarité envers le peuple Palestinien (et donc, à terme, potentiellement contre la politique des gouvernements Israéliens). D’ailleurs par la suite, SOS Racisme ne s’aventurera jamais sur le terrain épineux du Proche Orient. Le tour de manche est parfait, la marche des Beurs est symboliquement attribuée à SOS Racisme et les initiateurs de la marche se font rouler dans la farine et retourne dans leurs cités humiliés autant qu’ignorés. Tous ces jeunes témoignent pourtant de la chaleur populaire que leur mouvement rencontra à travers nos belles contrées et les belles rencontres avec les « populations de souche ». Dans la foulée, Jack Lang, alors ministre de la Culture, se démène pour mettre en avant la Rap, tout en favorisant cette culture qu’on appellera plus tard le « Rap Game ». « En gros, il s’agit d’évacuer toute réflexion politique du Rap pour favoriser la démarche « caillera ». L’idée étant, au plus haut sommet de l’État, de victimiser ses nouveaux français en leur inculquant que la France a non seulement les mains sales mais que les Français sont de vieux beaufs racistes (avec la mise en avant du Front National), d’assister socialement cette population (création des mesures sociales dont le RMI) et de mettre en place les bases d’une haine de ce que représentent la France et les Français tout en ne faisant strictement rien contre les discriminations à l’embauche, à la formation, à la location ou à l’insertion sociale (maintien de l’aide au retour…).

Voilà comment le Parti Socialiste Français, une poignée d’intellectuels manipulateurs et les services administratifs ont tout simplement tué cette seconde génération issues de l’immigration et mis en place ce dispositif qui a placé l’Islam au cœur de leur préoccupation quotidienne. En effet, ces centaines de milliers de jeunes, pris dans ce piège terrible, se sont mis à détester la France, tout en étant eux-mêmes rejetés par les autorités de leurs pays d’origine (il fallait voir comment ces jeunes immigrés étaient reçus « au bled »), et au final, se sont tournées vers la seule identité qui leur paraissait encore valide, la religion. Il convient, à ce stade, de souligner également, la responsabilité en effet de cette génération qui est restée sur cet échec sans jamais ensuite réagir… Mais en avait-elle réellement les moyens logistiques, intellectuels ou médiatiques… ? Tout le monde, les médias, le cinéma, la publicité, le monde économique et social… les a tant ignorés… Tout a été mis en place et en ordre pour parvenir à au constat d’échec actuel. SOS Racisme est l’édifice suprême de cette mécanique, il suffit d’observer à quel niveau se situent aujourd’hui ceux qui ont participé à cette odieuse manipulation pour mesurer le niveau des enjeux… À qui a profité le crime ?

N.D.L.R. : Ceux qui voudraient avoir plus de références peuvent lire « Histoire secrète de SOS racisme » de Serge Malick ou « L’effroyable imposture du Rap » ou voir les interviews de Farida Berghoul, fondatrice de Convergence 1984…