L’un des intérêts du Festival des 7 Collines est de nous faire découvrir des artistes venants de l’autre bout du monde et qui au fond partagent exactement les mêmes interrogations sur l’art et le spectacle que les artistes locaux ou régionaux et que nous découvrons ici ou là tout au long de l’année au fil des programmations culturelles. « Knee Deep », qui une fois traduit signifie « genou profond « (?), interroge la capacité sans cesse renouvelée de l’artiste à créer à partir de rien ou de presque rien, les corps, rien que des corps, quelques accessoires et une douzaine d’œufs… Ou comment créer de l’émotion et, pourquoi pas, du sens à partir d’une chorégraphie minérale et de performances époustouflantes. Tout ou presque tout a déjà été fait ou imaginé. Pourtant, ces quatre artistes acrobates venus du plus éloigné des continents nous prouvent que l’imagination et la créativité restent toujours sans limite : que ce soit celles imposées par les lois de la gravité ou celles ordonnées par nos cerveaux conditionnés.
Créé par quatre acrobates originaires d’Australie et des Îles Samoa issus de l’étonnante troupe Circa, la Compagnie Casus propose un spectacle qui est tout simplement à couper le souffle. Marchant sur des œufs, volant dans les airs, chaque instant est marqué par la beauté, la grâce. « Knee Deep » est une ode à l’incroyable agilité du corps humain… Emma Serjeant, Jesse Scott, Natano Fa’anana et Lachaln McAulay, portés par un travail de lumière discret mais d’une rare efficacité, rythmés par une musique qui bat comme le souffle d’un cœur, défient, à chaque instant, les limites de la physique. Marchant sur des œufs, volant dans les airs, c’est sur le fil de la fragilité et de la poésie qu’ils nous emportent pour un spectacle frissonnant d’émotions, de tensions, d’extrême habileté. Les corps sont poussés, tirés, portés, explorant à chaque numéro leur limite. Et de ces prouesses techniques naît, comme par magie, et c’est là toute la réussite de ce spectacle, l’émotion.
Un spectacle suspendu, que l’on n’ose applaudir tant la tension est à son paroxysme, la tension à son comble, entre force et douceur, on ne sait pas, on ne sait plus très bien. Le travail aérien souligne une finesse sans égale. Et l’entrelacement des corps, délicieusement incroyable ! La musique rend l’atmosphère organique. L’émotion omniprésente fait de ce spectacle un moment suspendu hors du temps que l’on voudrait sans cesse renouveler.
Salle Jeanne d’Arc – Festival des 7 Collines
Jeudi 11 et vendredi 12 juillet à 21 h
