Créée dans la province du Québec au Canada en 2009, la structure associative Kinomada intervient dans la production, création et diffusion de courts-métrages internationaux. La structure coordonne et organise notamment des laboratoires nomades de création intensive de courts-métrages qui promeuvent les échanges entre les savoirs et les cultures à travers le monde. Il était sans doute écrit quelque part que Kinomada rencontre l’association stéphanoise Ciel ! Les Noctambules pour fonder cette première édition Kinoctambule. Cette manifestation réunira, durant une semaine, une cinquantaine de cinéastes, comédiens, techniciens ou musiciens, étrangers et Stéphanois, dans le but d’écrire, de réaliser et de produire ensemble des courts-métrages.

Tous les participants sont invités à partager leur savoir-faire et connaissances à travers la réalisation d’un ou plusieurs films. Sans esprit de compétition, l’objectif restant le partage d’une expérience professionnelle et l’expérimentation de nouveaux champs de compétences.

Créer de manière collective et solidaire, tel sera donc l’esprit de l’événement Kinoctambule. Le « laboratoire », lieu central où toutes les équipes pourront se retrouver et travailler ensemble, sera situé dans l’enceinte du quartier créatif de la Manufacture/Cité du Design.

L’ensemble des films réalisés pendant la semaine seront ensuite projetés lors de la soirée de clôture du 26 septembre 2014, au Fil à Saint-Étienne. À noter pour cette première édition, en plus des inscrits locaux, la participation de cinéastes venant de Belgique, Espagne, Slovénie, Québec, Mexique, Chili, Brésil et Pays Bas.

Saint-Étienne – Du 20 au 26 septembre

 

Porté par l’association stéphanoise « Ciel ! Les Noctambules » et le collectif québécois Kinomada, « Kinoctambule » réunira à Saint-Étienne, du 18 au 26 septembre prochain, cinéastes, techniciens, musiciens et comédiens dans une frénésie créative particulièrement prometteuse. Rencontre avec l’association stéphanoise « Ciel ! Les Noctambules » :

Pouvez-vous nous présenter brièvement l’association « Ciel les Noctambules » ?
« Ciel ! Les Noctambules » est une association qui voit le jour en 1997 à Saint-Étienne. La volonté du collectif est avant tout de favoriser la production et la diffusion du court-métrage sous toutes ses formes (fiction, docs, clips, animation…) et du cinéma indépendant. En 2003, les « Nocs » héritent d’un lieu au cœur de la ville de Saint-Étienne : un ancien cinéma paroissial en friche qu’ils réaménagent en salle de cinéma et studio de production et qui devient leur QG. « Le Noctambule » devient alors un espace de diffusion et de création. Véritable relais de la création musicale, théâtrale et de la danse, « Les Noctambules » a toujours défendu l’approche pluridisciplinaire de l’image et du cinéma. Les Nocs produisent et réalisent des œuvres originales (courts-métrages, clips, documentaire…) et mettent leurs talents au service de nombreux partenaires (reportages, captations d’artistes…) et de collectifs pouvant bénéficier d’un espace de création et de diffusion.

On parle volontiers de scène théâtrale ou musicale stéphanoise… Peut-on parler d’un cinéphile ou cinématographique stéphanois ?
On peut parler de l’existence d’un réseau cinéma stéphanois ! De nombreuses structures, de nombreux artistes et techniciens travaillent de près ou de loin dans les métiers de l’image. L’avantage, c’est que c’est un réseau composé à la fois de comédiens, de techniciens, mais aussi d’artistes des arts plastiques et des arts visuels. Il est facile de mettre en connexion tous ces individus sur un projet. Le film de Raphaëlle Bruyas, « Le Lit », en est un très bon exemple. Le tournage de ce court-métrage tourné à Saint-Étienne a suscité une énergie locale remarquable. La différence avec la scène théâtrale ou musicale, c’est que le réseau cinéma n’est pas institutionnalisé. Cela peut être considéré comme une force, parce qu’il favorise une forme de liberté d’action. L’inconvénient réside dans le fait qu’il est difficile de pouvoir bénéficier de moyens financiers et structurels. De plus, le réseau et les acteurs locaux sont plus difficiles à identifier. C’est en partant de ce constat que nous avons mis en place notre étude de mise en réseau des acteurs de l’image : une étude qui doit permettre d’identifier et renforcer les liens entre les structures et les acteurs de l’image, et valoriser les actions menées.

Est-il simple de faire vivre un tel collectif à Saint-Étienne ?
Il n’est jamais facile de faire vivre un collectif, quel que soit son mode de fonctionnement. L’avantage, c’est que « Ciel ! Les Noctambules » est une association qui se remet continuellement en question dans le sens ou elle accueille de nouveaux membres actifs. Certains s’investissent une saison, d’autres plusieurs années… C’est un outil de travail qui permet à chacun de trouver un mode d’expression personnel et d’apporter aussi sa contribution au fonctionnement d’une telle structure. C’est un collectif qui a su s’adapter aux difficultés depuis sa création en 1997. Nous ne pouvons pas simplement nous dire que nous sommes dépendants de telle ou telle subvention pour faire exister un événement. On essaie toujours d’aller dans le sens des projets, en trouvant tous les moyens possibles pour réaliser nos objectifs et nos désirs.

Vous gérez depuis plus de 10 ans un lieu de diffusion cinématographique indépendant. Qu’en est-il exactement ?
Nous sommes un lieu culturel qui se situe entre la démarche « underground » et l’exigence institutionnelle… Avec le temps, nous avons su trouver notre propre identité. Notre programmation se situe autour du court-métrage et des films indépendants. Des œuvres que l’on ne verrait pas dans les salles de cinéma classique. Nous développons aussi des projets cinématographiques, non pas pour rentrer dans des cases, mais par envie et conviction. Le fait de défendre des projets pluridisciplinaires nous a posé des problèmes de lisibilité au départ. Aujourd’hui, nous sommes un peu identifiés comme une sorte de laboratoire de l’image où personne ne sera étonné de voir du théâtre et de la musique côtoyer le cinéma et l’image.

Du 18 au 26 septembre prochain, vous organiserez la première édition du Kinoctambule. De quoi s’agit-il précisément ?
Kinoctambule/Escale Kinomada Saint-Étienne, est un laboratoire international de création intensive de courts-métrages organisé avec Kinomada. Il réunira, durant une semaine, une cinquantaine de cinéastes, comédiens, techniciens ou musiciens, étrangers et locaux dans le but d’écrire, de réaliser et de produire ensemble des courts-métrages. Tous les participants seront invités à partager leur savoir-faire et connaissances à travers la réalisation d’un ou plusieurs films, sans aucune compétition, l’objectif est le partage d’une expérience professionnelle et l’expérimentation de nouveaux champs de compétences. L’ensemble des films réalisés pendant la semaine sera ensuite projeté lors de la soirée de clôture du 26 septembre 2014, au Fil à Saint-Étienne (entrée libre). Créer de manière collective et solidaire, tel est l’esprit de l’événement Kinoctambule. En mars 2014, en vue de préparer l’édition stéphanoise, nous avons participé à la Kinomada Québec. Lors de ce rassemblement, notre collectif a réalisé un court-métrage en compagnie d’une équipe internationale constituée de Québécois, Brésiliens, Colombiens, Péruviens et Mexicains.

Pour financer cette première édition, vous avez sollicité la plateforme Kisskissbankbank. Pourquoi et comment s’est déroulée la souscription ?
Comme je disais, lorsque nous nous engageons dans un projet, nous essayons de trouver tous les moyens réalisables pour aboutir à nos objectifs. Le modèle de crowdfunding proposé par KKBB permet de trouver des solutions économiques en proposant des contreparties qui vont dans le sens de notre projet. Ce modèle peut s’envisager comme une alternative aux financements publics. Sur le Kinoctambule, nous l’envisageons plutôt comme un soutien complémentaire aux aides publiques. Nous invitons tous ceux qui se sentent sensibilisés par notre démarche à nous soutenir sur la plateforme de KKBB ! http://www.kisskissbankbank.com/kinoctambule

Le projet Kinoctambule s’inspire du projet Kinomada élaboré au Québec puis en Amérique du Sud. Les Québécois sont-ils plus créatifs ou plus débrouillards que nous autres Français ?
Disons qu’ils envisagent différemment les choses. Là où nous avons du mal quelques fois en France à mettre en pratique des modèles de fonctionnement derrière des termes « mutualisation » ou encore « coworking », eux le vivent au quotidien. C’est culturel. Il y a un vrai sens de la solidarité et du partage chez les Québécois. Des valeurs que l’on peut retrouver chez les Stéphanois… Quand vous avez une culture européenne aussi présente et une influence culturelle américaine massive, peut-être que pour trouver sa propre identité, il faut savoir prendre le meilleur des deux. La théorie chez l’un, la pratique chez l’autre…

Qui peut participer à ce projet ?
Tous ceux qui veulent partager une expérience cinématographique originale. Il n’y a pas de sélection sur CV ou selon le niveau de compétence. Un projet comme celui-ci doit justement permettre à des cinéastes confirmés de transmettre un savoir-faire à des artistes émergents.

Que va-t-il se passer concrètement du 18 au 26 septembre ? Le grand public sera-t-il convié à cet événement ?
Deux soirées sont ouvertes au public. La soirée d’ouverture, le samedi 20, aux forces motrices, avec projections de films et apéro mix et la soirée de clôture qui aura lieu au Fil le 27 septembre. Ça sera l’occasion, en plus de la soirée avec un Dj Set de Fisto et la performance du projet « oqpo_oooo », de découvrir les films qui auront été tournés à Saint-Étienne. Les deux soirées sont gratuites. Nous allons également créer une exposition photo évolutive du 20 au 26 septembre. Elle sera visible au Mixeur dans le quartier créatif de la Manufacture. L’entrée est libre et les Stéphanois pourront découvrir cette exposition qui proposera l’évolution des tournages du Kinoctambule tout au long de la semaine.

Quels sont vos objectifs pour cette première édition ?
Nous espérons ancrer cet événement de manière récurrente sur la ville. Cette première édition doit nous permettre de trouver nos repères et expérimenter des modèles de fonctionnement avec nos partenaires. Nous avions des tas d’envies qu’il nous était impossible de mettre en place dès la 1re édition. Notre objectif est aussi de créer et pérenniser des réseaux avec des partenaires et des artistes internationaux. Nous avons eu l’opportunité d’être soutenu par le dispositif européen Erasmus + ainsi que l’Institut Français via le conventionnement avec la ville de Saint-Étienne. Ces soutiens vont nous permettre d’accueillir 35 étrangers issus d’une quinzaine de pays différents, et donner un peu de visibilité à Saint-Étienne et à ses habitants.