Certaines communes sont enracinées dans le paysage culturel par la force de leurs engagements et la volonté de tenir le cap malgré toutes les crises traversées. C’est le cas de la Ricamarie et de son centre culturel.  Proposer des actions en lien avec les différents publics mais aussi les artistes, valoriser et soutenir la création courageusement leur vaut d’avoir obtenu tout récemment le label « Scène conventionnée d’intérêt national, art et création ». Jean François Ruiz, directeur du Centre, nous explique la valeur de cette reconnaissance et nous donne un aperçu de l’actualité pour les semaines qui viennent !

Le Centre Culturel de la Ricamarie est un acteur important dans le milieu du spectacle vivant. Quelles sont vos principales missions ?

Le Centre Culturel de La Ricamarie est un lieu dédié à la création et à l’accompagnement des artistes. Cela signifie que chaque saison, nous participons à la création de nouveaux spectacles sous forme d’apports financiers, techniques ou humains. La saison prochaine par exemple sera composée pour moitié de créations, c’est-à-dire de spectacles qui n’ont encore jamais vu le jour. Il y aura 5 coproductions. C’est-à-dire un apport financier supplémentaire à l’achat des représentations pour permettre de créer dans des conditions plus confortables mais aussi, dans certains cas, de rentrer dans des critères permettant de bénéficier de subventions publiques. C’est un investissement important et précieux pour les compagnies.

Nous sommes aussi un lieu particulièrement attentif aux écritures de notre temps. Nous avons créé il y a 5 ans le Prix Kamari, qui est un prix de littérature dramatique pour les enfants de 3e cycle. Aujourd’hui, 600 enfants participent à cette action autour de 5 lieux associés – le Théâtre de Roanne, le Théâtre des Pénitents à Montbrison, l’espace culturel La Buire à L’Horme, le Théâtre le Verso et le Centre Culturel de La Ricamarie. De nombreuses actions en collaboration avec des auteurs et des autrices sont menées chaque saison : des portraits d’habitants, des résidences, des ateliers, des formations de médiathécaires, la création d’une Brigade d’intervention littéraire qui lit des textes devant différents publics et en projet pour la saison prochaine la création d’une Brigade d’habitants lecteurs. Tout ceci est réalisé grâce à la collaboration de Simon Grangeat, qui est auteur associé au Centre Culturel de La Ricamarie.

Depuis peu, vous avez obtenu le label « Scène conventionnée d’intérêt national, art et création ». De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’une appellation qui vise à soutenir un lieu pour ses actions en faveur de la création et de la diffusion toutes disciplines confondues. C’est une reconnaissance qui nous réjouie. Il n’existe que 18 scènes d’intérêt national en Auvergne Rhône-Alpes. Nous sommes la première scène de la Loire qui bénéficie de cette appellation. J’espère que nous serons suivis d’autres lieux qui méritent également cette attention particulière de la part du Ministère de la Culture. C’est avant tout la reconnaissance d’un travail d’une équipe de longue date auprès des artistes et des publics. Cette appellation nous confère également des obligations, celle notamment d’être encore plus présent sur un territoire élargi en connivence avec des équipes artistiques pour mener des actions auprès de tous les publics, jeunes et moins jeunes.

Concrètement, qu’est-ce que cela va apporter au Centre, à court et moyen terme ?

Concrètement ce sont des moyens financiers supplémentaires chaque année pour une durée minimum de 3 ans mais généralement renouvelés si le projet porté par le directeur ne change pas. C’est aussi la consolidation d’autres aides publiques. Nous sommes également une scène conventionnée avec la ville de La Ricamarie, le département de la Loire et la Région Auvergne Rhône-Alpes. Ces financements croisés sont capitaux pour pouvoir développer un projet culturel sur un territoire comme celui de la vallée de l’Ondaine et de l’agglomération stéphanoise.

La saison culturelle se termine doucement. Quels sont les principaux événements à venir ?

Une saison ne s’arrête jamais vraiment. Le programme de la saison prochaine est déjà sous presse. Nous allons terminer l’année par une belle fête avec un autre artiste associé au Centre Culturel de La Ricamarie : Laurent Fréchuret qui aux côtés des comédiennes Louise Forêt et Salomé Chabouzy, qui forment la jeune compagnie La Tranchante – est dans une démarche de compagnonnage. N’oublions pas la comédienne Angeline Bouille qui fait un travail remarquable en lien avec les associations de la ville, avec un groupe de femmes en apprentissage de la langue française et issu de l’association Un tissage coloré. Angeline intervient également à la résidence de personnes âgées La Récamière et elle coordonne la Brigade d’Intervention Littéraire (La BILI) qui va se développer la saison prochaine.

Le prochain rendez-vous sera le 2 juin prochain pour une carte blanche donnée à Laurent Fréchuret et au théâtre de l’Incendie. Laurent a invité des artistes qu’il aime pour un cabaret tango qui sera à la fois une fête, un bal, un repas. Bref un beau moment qui vient clôturer la saison. Il y aura également la finalisation d’un projet que nous menons depuis deux ans en collaboration avec Superstrat et la compagnie L’île de la Tortue dans le quartier du Montcel à La Ricamarie. Est associée à ce projet l’association Vivre Ensemble qui œuvre sur le territoire. Deux ans d’ateliers théâtre avec des femmes autour du mythe d’Antigone. La forme finale sera présentée dans l’espace public le 30 juin prochain.

Un mot pour conclure ?

Le Centre Culturel de La Ricamarie est un lieu fédérateur qui unit des artistes et des publics autour de son projet. C’est là l’essentiel. C’est bien en partant de ces préoccupations de terrain que nous développons notre action. Être Scène d’Intérêt National nous oblige a encore plus à expliquer et convaincre du bien-fondé de notre action. Notre association est reconnue à une échelle nationale, puisque c’est une appellation qui vient directement du Ministère de la Culture, ce qui est rare, notamment pour une ville aussi modeste. Rappelons qu’il n’y a que 8 000 habitants à La Ricamarie et que ce n’est pas une ville centre. Il faut donc apprécier à sa juste valeur la confiance qui nous est accordée.