Réalisée en 2011, une enquête montrait qu’un jeune français (18-24 ans) sur trois se rêvait fonctionnaire, cette tentation d’une partie de notre jeunesse pour la fonction publique n‘étant pas forcément liée à la volonté de servir l’autre mais plutôt à l’assurance d’une carrière stable et sécurisée. Une forme de rejet de l’audace et du goût du risque qui témoigne d’une vraie interrogation, ici, ou d’une vraie méfiance à l’égard du monde des entreprises, autrement dit à l’égard du « privé ». Maxime Le Gall, jeune comédien pré-trentenaire, et la metteuse en scène Cécile Backès, ancienne élève d’Antoine Vitez à l’école du Théâtre National de Chaillot, ont imaginé la construction originale de leur future collaboration.

Afin de tenter de saisir les signes, les comportements et les normes attachés à cette jeunesse d’aujourd’hui, ils ont conçu un projet insolite, reposant dans un premier temps, par le biais d’entretiens filmés, sur des témoignages de jeunes gens entrés depuis peu dans l’impitoyable monde du travail (qui ne peut être qu’impitoyable, non ?). Dans un second temps, cinq auteurs se sont emparés de ce premier matériau, avec pour consigne de proposer un texte d’une vingtaine de minutes de jeu maximum, comportant obligatoirement six personnages qui s’appellent tous Stéphane. Les cinq auteurs sont François Begaudeau (l’auteur de « Entre les murs » a déjà travaillé avec C. Backès), Arnaud Catherine (qui publia son premier roman à 15 ans, « Les yeux secs »), Maylis de Kerangal (Prix Médicis en 2010 pour « Naissance d’un pont »), Joy Sorman (fllle de… et Prix de Flore en 2005 avec « Boys, boys, boys ») et Aurélie Fillipetti (l’auteur de «Derniers jours de la classe ouvrière » a été nommée depuis Ministre de la Culture et de la Communication). En découlent cinq propositions littéraires variées, remplies d’humour et cohérentes. Un spectacle choral détonnant et captivant, d’autant plus qu’il est créé à L’Usine. Une évidence, non ?

Comédie de Saint-Etienne – L’Usine
Jusqu’au jeudi 15 novembre à 20 h