« Soleil cherche futur » 1982, restera l’un des rares albums de Rock français que je me suis offert. Il y avait bien eu « Trust » quelques années auparavant… Je me revois encore, écoutant en boucle cet album en tentant de comprendre cette poésie étrange et mystérieuse : un univers peuplé d’individus singuliers, de lieux improbables et de rencontres surréalistes. Bien sûr, il y avait cette fabuleuse chanson « Loreleï Sebasto Cha », envoûtante, mais aussi des titres plus expérimentaux et, au final captivants, comme « Les dingues et les paumés » ou « Solexine et Ganja ». Pour la première fois, un chanteur parlait de Ganja et chantait « Je bande pour toi, petite »…

Plus tard, je découvris « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir » (quel putain de titre pour un album !) qui contenait l’hymne de nos campagnes, « La fille du coupeur de joint »… Il est évident que le Jurassien a apporté une touche personnelle, énigmatique, poétique associée à des rythmes Rock, assumés comme tels. Il faudra ensuite attendre l’éclosion de Noir Désir, avant le cataclysme, pour renouer avec cette même veine poétique et Rock. Contrairement à certains, je ne parle pas d’Hubert-Felix Thiéfaine dans la lignée de Gainsboug ou de Lavilliers, mais plus dans l’héritage de Léo Ferré avec une plume certes moins politique mais plus délirante encore.

On le sait, notre homme fût banni des ondes ou des émissions de télé populaires à cause de ses chansons dans lesquelles il ne faisait pas tant l’apologie du Cannabis mais plutôt abordait les thèmes de son époque. Une audace qui lui vaudra une reconnaissance éternelle de la part de son public, si fidèle. Sorti il y a quelques mois, « Suppléments de mensonge » montrait que notre homme avait superbement résisté au temps. Il était même l’un des rares, dans ce métier ingrat, à se bonifier avec le temps. Son écriture reste toujours aussi mystérieuse et envoutante, ses rythmes simples mais terriblement efficaces. En programmant H-F. Thiéfaine, Les Oreilles en Pointe ne s’offre pas une tête d’affiche racoleuse mais bien un artiste à la hauteur de l’ambition singulière du festival créé sur les hauteurs de Saint-Priest-en-Jarez, il y a plus de deux décennies déjà par Alain Rocher. Les bretons de Red Cardell assureront la première partie d’une soirée très excitante !

Les Oreilles en Pointe – Le Fil Saint-Etienne
Vendredi 16 novembre à 20 h 30