Les 24 et 25 février derniers, les Italiens votaient pour élire leurs nouveaux députés et sénateurs. Près des ¾ des électeurs se sont déplacés pour ce vote qualifié de déterminant pour l’Europe tout entière. Qu’en est-il ressorti ? Le Parti Démocratique représenté par Pier-Luigi Bersani, ancien parti socialiste allié aux communistes refondateurs, parvient à décrocher la majorité à la chambre de députés en obtenant 29,5 % des votes contre 29,1 % au Peuple de la Liberté dirigé par l’incontournable Silvio Berlusconi. Le système de vote à la chambre des députés accorde 54 % des fauteuils à la formation arrivant en tête. En revanche au Sénat, où la prime de majorité est accordée région par région, les résultats donnent le Parti Démocratique très loin de la majorité absolue des 158 sièges. Le PD obtenant 31,63 % des votes et le PDL (parti de Berlusconi) obtenant 30,71 % des voix mais avec des régions clés comme la Lombardie ou la Sicile. Sans majorité solide dans les deux chambres, aucune majorité ne pourra gouverner efficacement. On imagine des possibilités de transactions entre le parti démocrate, le Peuple de la Liberté et le centre gauche, une coalition menée par Mario Monti, premier ministre en état qui n’a pourtant récolté que 10 % malheureux dans les deux chambres.

Tous les observateurs s’accordent à penser que le seul grand vainqueur de ces élections est Beppe Grillo, leader du mouvement des 5 Stelle (5 étoiles), un mouvement politique créé en 2009 et qui obtient plus de 25 % dans les deux chambres. Souvent présenté comme le Coluche italien, sachant que ce dernier était lui-même d’origine Italienne, Beppe Grillo (les deux personnalités se sont effectivement rencontrées sur le tournage du « Fou de guerre » de Dino Risi en 1984), est un personnage complexe : il est apparu sur la scène politique en 2005 à travers un blog dans lequel il livre son rejet de la classe politique italienne. Son blog deviendra le plus lu d’Italie et il lancera dans la foulée le Vaffanculoday (« le jour du va-te-faire-enculer »). En 2009, B. Grillo lance le Mouvement « 5 étoiles », un mouvement politique de démocratie participative directe qui s’appuie sur une charte politique déclinée en plusieurs thématiques. Le mouvement milite pour des idées issues de l’écologisme et de l’antipartisme. Promouvant la participation directe des citoyens dans la gestion des affaires publiques à travers des formes de la démocratie digitale, le mouvement utilise les réseaux sociaux comme un moyen d’information sans censure. Le programme économique du mouvement est d’inspiration libérale et propose notamment l’adoption de projets de grande envergure en faveur de l’informatisation, de la conservation de l’énergie, de l’élimination des déchets, et de la protection du territoire face à l’ultra-urbanisation.

Parmi ses idées fortes, la suppression de provinces (équivalent de nos départements), la fusion des communes de – de 5 000 habitants, ma réduction à deux mandats pour les députés et sénateurs, la suppression des privilèges (retrait anticipé…) pour les députés et sénateurs, un salaire parlementaire ajusté au salaire moyen national, le non-cumul des mandats, la suppression du financement public de la presse (ceci expliquant cela…), la nationalisation du réseau téléphonique de base, l’interdiction du croisement actionnarial entre le système bancaire et l’industrie, la suppression des stock-options, plafonnement des salaires des dirigeants des grandes entreprises, l’accès aux services essentiels de santé universel et gratuit, la fin du financement public pour les écoles privées… On comprend mieux pourquoi B. Grillo risque d’être diabolisé par l’ensemble des médias et des classes politiques internationales. Certes, B. Grillo ne résout pas tout mais il met un joli coup de pied dans la fourmilière ! Et quand on voit que plus près de nous, qu’en pleine débâcle financière et cure d’austérité pour les ménages européens, que le Conseil Général du Rhône (un exemple au hasard…) fait construire un Musée des Confluences estimé à plus de 270 millions d’euros alors que son ancien président Michel Mercier, ancien Garde des Sceaux coule des jours tranquilles dans les Monts du Lyonnais grâce à notre labeur (après une multitude de mandats et donc retraites de toutes sortes), on se dit que la fourmilière a bien besoin, ici aussi, d’être secouée.