Le terme de « Arte Povera » est utilisé pour la première fois en septembre 1967 par Germano Celant pour intituler une exposition présentée à Gênes, elle emprunte le prédicat « pauvre » à une pratique théâtrale expérimentale. On a tantôt suggéré qu’il s’agissait d’utiliser des matériaux pauvres, comme des objets de rebus ou des éléments naturels, mais de nombreuses œuvres issues de ce mouvement prérévolutionnaire réfutent cette interprétation en intégrant des matières plus sophistiquées comme le néon. La référence fréquente à la nature est plutôt à considérer comme un exemple de point d’appui historique à partir duquel il devient possible de critiquer le présent. Dans ce sens, les artistes de l’Arte Povera, dont l’artiste piémontais Giovanni Anselmo sera la figure historique et dominante, participent pleinement à la réflexion sur la dialectique entre la nature et la culture.

Depuis la fin des années 60 donc, Giovanni Anselmo réalise des sculptures et des installations à partir de matériaux qu’il utilise comme instruments. La pierre, le granit, le fer, mais aussi la couleur et le mot projeté sur le mur, sont autant de moyens pour interroger l’énergie, l’activation des forces physiques, les cycles de la nature ou encore la gravitation. Giovanni Anselmo situe l’origine de son travail à une expérience fondatrice qu’il a vécu au sommet du volcan Stromboli. Le 16 août 1965, à l’aube, il y voit son ombre courir à l’infini et prend alors conscience de la connexion entre lui (l’homme) et l’univers. À la suite de cette révélation, il choisit d’orienter sa pratique en lien avec les forces naturelles (tels que la gravité, l’électromagnétisme, la force des matériaux) et les énergies qui régissent notre cosmos. De façon intuitive, l’artiste, en partant de ce qui existe, met au jour le réel pour le transformer en œuvre qu’il veut injecter dans le flux de la vie. Giovanni Anselmo a participé à la plupart des expositions collectives de l’Arte Povera, et aussi eu l’honneur d’expositions personnelles dans des musées telles que le Stedelijk Van Abbemuseum d’Eindhoven, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1985) ou encore au Musée des Beaux-Arts de Bruxelles (2002). Il représenta l’Italie lors de la 44e Biennale de Venise en 1990.

Son travail a été et continue d’être largement exposé en Europe et aux États-Unis dans des musées tels que la Galeria d’ArteModerna, Bologne (Italie) ; le SMAK, Gand, (Belgique) ; le Museum Kurhaus, Kleve, (Allemagne) ; le Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, (Belgique); le Muséum d’Art Contemporani, Barcelona, (Espagne), l’ ARC, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (France), ou bien le Renaissance Society, Chicago (États-Unis). La dernière grande exposition personnelle qui lui a été consacrée a été organisée par le Kunstmuseum Winterthur en 2013. Ses œuvres investiront la salle centrale du Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole avec des pièces historiques ainsi qu’une installation réactivée spécialement pour cette nouvelle exposition.

Musée d’Art Moderne Saint-Etienne Métropole A partir du 13 juin