Quelques mots pour te présenter ?

Je suis auteur, metteur en scène, et je suis le directeur artistique de la compagnie Travelling Théâtre et par conséquent du théâtre le Verso.

Quel est votre état d’esprit aujourd’hui ?

De la tristesse. Pour les victimes d’abord et pour notre ville qui est à mourir d’ennui. De la tristesse mais beaucoup de colère aussi. De la colère contre notre gouvernement. Son impréparation coupable. Où sont les masques ? Où sont les tests ? Et par-dessus tout ce mensonge d’état qui a consisté à dire pendant des semaines que les masques étaient inutiles… parce qu’il n’y en avait pas. Faire preuve d’un peu d’humilité et dire : nous ne sommes pas en mesure de fournir, mais au moins couvrez-vous le visage par vos propres moyens, c’était sauver des vies. Il faudra que des comptes soient rendus à ce propos… comme à d’autres.

La culture et le régime des intermittents sont fortement impactés par les mesures de confinement. Quelle incidence pour vous ?

Travelling Théâtre c’est à la fois une compagnie de création et un théâtre. Je vois bien que les répercussions ne sont pas les mêmes. Sans rentrer dans des explications assez techniques qui risquent d’ennuyer le lecteur, ce sont les compagnies, les artistes, ceux et celles qui fabriquent les spectacles qui sont beaucoup plus touchés. Au jour d’aujourd’hui l’impact financier sur les théâtres est moins important. Demain, avec la crise économique qui se prépare nous risquons de nous retrouver dans le même bateau. Je voudrais ajouter que dans la Loire, les directeurs de théâtres ont bien compris cette problématique, ils y sont très attentifs et essayent de faire en sorte que les artistes gardent la tête hors de l’eau.

Qu’espérez-vous et redoutez-vous après ?

J’espère beaucoup ! Que le service public, en première ligne le service hospitalier bien sûr mais pas seulement, soit remis à sa juste place. Que les petites gens qui prennent des risques pour que ce pays fonctionne encore un peu, éboueurs, caissières, conducteurs de bus, facteurs et factrices… j’en oublie tellement, soient enfin reconnus comme essentiels à notre société et considérés. Qu’enfin on prenne conscience que la mondialisation est une impasse écologique mais aussi économique… Bref qu’on remette en cause en profondeur les valeurs de notre société actuelle.

Ce que je crains : qu’on enterre les morts et qu’on recommence comme avant !

Des idées pour s’occuper ?

Ah ! Un livre ! Il s’appelle les Anges de massilia. C’est ma première pièce. Elle parle… d’une épidémie ! Celle de la grande peste de 1720 à Marseille. Trois siècles pile ! En trois siècles tout change… et pourtant rien ne change… pardon pour l’auto-promotion mais c’était trop tentant !

Que vous manque-t-il le plus et que ferez-vous en premier dès le confinement terminé ?

Le contact humain comme beaucoup. Voir et toucher les gens que j’aime.

Un mot, un message pour conclure ?

Cet isolement subit, nous pouvons le prendre comme l’occasion de s’interroger sur ce qui compte vraiment dans chacune de nos vies.