Nous avons posé quelques questions à Geneviève Dumas, Directrice Artistique de FestyVocal. Cette biennale qui en est à sa 3ème édition, donne à la voix toute sa place. Cette année, le thème est « Silences épanouis », comme une invitation à retourner dans les salles de spectacles après presque 2 ans de silence . L’écrin qui abrite ce festival n’est autre que la magnifique église Saint-Pierre de le Corbusier. Les voix, dans ce lieu sacré, n’en ont que plus d’intensité.

Pouvez-vous nous raconter l’origine de festyvocal ?

L’idée d’un festival pour la voix a germé en 2006 suite aux inaugurales de l’église Saint-Pierre du Site Le Corbusier de Firminy dont la construction venait d’être achevée. L’acoustique s’était révélée comme étrange, étonnante, unique, à apprivoiser, à dompter. Cette réverbération de 13 secondes d’une linéarité exemplaire est très porteuse pour la voix. L’idée a grandi et ce festival est né 10 ans après en 2016.

Quel est l’état d’esprit de ce festival ?

FestyVocal est porté par une équipe de bénévoles enthousiastes et fiers de leur patrimoine, une équipe issue du territoire et de ses habitants qui a envie de promouvoir ce site et sa richesse sonore.

Ce festival est unique en Europe et allie architecture, musique vocale et création. Pas moins de 11 créations mondiales cette année : les 4 prix du concours de composition, 5 pages blanches à de jeunes compositeurs régionaux et deux autres créations seront dévoilés au public lors des concerts du 6 au 14 novembre prochains. Les compositeurs et compositrices ont écrit spécialement pour ce lieu atypique et débordent de créativité.

Un mot sur le thème de cette année « Silences épanouis » ?

« Silences épanouis » ? Qui aurait dit début 2019 que ce thème résonnerait avec l’actualité que nous connaissons. Aujourd’hui, « l’épanouissement des grands silences » de Le Corbusier prend tout son sens. Chanteurs et spectateurs savoureront chaque concert comme un pas vers un retour à la norme du spectacle vivant.

Qu’allons nous découvrir comme temps forts lors de cette 3ème édition ?

Un festival, c’est une arche ponctuée d’événements uniques à travers lesquels passent les spectateurs. Cette ligne permet de se confronter à des ambiances, des rythmes, des impressions tellement différents les uns des autres qu’il est difficile de cibler les temps forts mais il faut souligner que l’expérience sonore et visuelle de l’ensemble du festival est unique.

Citons la venue des jeunes de Madrid qui savent émouvoir puissamment le public par leur enthousiasme communicatif et l’énergie des jeunes du Puy en Velay, la musique de Francis Poulenc dirigée dans cette acoustique par Yannick Berne avec un chœur de longue expérience Sinfonietta, l’alliance du baroque et de l’écriture contemporaine proposée par Alkymia, les voix solistes de l’ensemble Tarentule, les chœurs stéphanois Actéon, Kaléïvoxcope et Symphonia. Et pour commencer, la kyrielle de créations du concert d’ouverture avec le chœur du festival.

Tout ne se passe pas qu’à l’église. La ville de Firminy sera elle aussi investie ?

Depuis septembre, des ateliers de médiation et de sensibilisation autour des musiques contemporaines sont proposés à différents publics : usagers des médiathèques, résidents d’EHPAD, bébés de 0 à 3 ans, patients du CHU de Saint-Étienne, cinéphiles du Méliès, habitants de l’Unité d’Habitation et visiteurs du Site Le Corbusier à Firminy. Le 9 novembre, à la Maison de la Culture de Firminy, Cédric Garde proposera une conférence sur la musique a cappella de Francis Poulenc dans le cadre de l’Université Pour Tous en avant-propos du concert qui lui est consacré le samedi 13 novembre.

Un mot pour conclure ?

Plonger dans FestyVocal, c’est vivre des expériences multiples desquelles on peut sortir transfiguré bien malgré soi. Les voix, le gris du béton, la couleur qui s’y accroche, la magie de toutes ces soirées ne s’oublient pas.