Nous venons de traverser une période difficile, inédite, et si la ville de Saint-Étienne et ses habitants ont dû faire face à de nombreuses épreuves, il faut maintenant regarder ce que la ville a à nous offrir, et nous tourner vers l’avenir. C’est la raison qui nous a poussé à proposer cette rencontre à Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne et président de Saint-Étienne Métropole. Placée sous le signe de l’espérance et de l’optimisme, elle n’occulte pas les responsabilités auxquelles il a fallu faire face ni les leçons qu’il faudra tirer de cette crise. Il partage avec nous son ressenti sur la crise, ses projets, et les bonnes nouvelles que l’on n’a peut-être pas suffisamment mises en avant. Rencontre avec un acteur engagé auprès de ses concitoyens :

Il fait beau, les restrictions disparaissent peu à peu, les gens semblent retrouver le sourire… Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Dans un état d’esprit combatif, comme nous l’avons été pendant toute cette période difficile. C’est déjà lointain pour certains, mais trouver des respirateurs pour les hôpitaux, des masques pour les professionnels de santé, parer à toutes les urgences dans les écoles, les résidences pour personnes âgées, auprès de nos personnels, réorganiser la vie de la cité avec de nouveaux protocoles, etc. nous a bien mobilisé. Cela a été une période très intense où il a fallu être aux avant-postes tout le temps. Et nous n’avons pas relâché nos efforts en organisant, par exemple récemment, la vaccination, qui par ailleurs se déroule très bien et à un bon rythme, puisque tout habitant de la métropole peut se faire vacciner aujourd’hui s’il le souhaite. Nous avons également dû faire face en soutenant l’économie et les emplois avec le plan de relance métropolitain. Parce qu’il faudra bien s’attendre à des conséquences économiques et sociales consécutives à cette pandémie. Combatif donc mais également heureux car cela fait très plaisir de voir les terrasses dressées, du monde en ville et des commerçants contents de l’affluence et du retour de leurs activités.

En tant que maire, avez-vous eu suffisamment les mains libres ?

Je dirais que le gouvernement nous a fait confiance quand il ne maîtrisait plus la situation et qu’il ne savait pas comment faire. Là, il a délégué aux communes en comptant davantage sur nous. Et nous avons réussi, les uns et les autres n’importe où sur le territoire, à parer à l’urgence et à agir. Pour la vaccination, je dois reconnaître que le dialogue s’est engagé. Nous avons de très bonnes relations avec l’échelon préfectoral, qui est d’ailleurs dans la même situation que nous. L’État aurait gagné à décentraliser pour éviter certains problèmes. Nous l’avons vu, toutes les initiatives que nous avons été amenés à prendre nous ont permis de répondre aux préoccupations de nos concitoyens et à parer au plus urgent. J’espère que c’est une leçon que l’État retiendra.

Vous avez décidé sur votre plan de mandat de mettre l’accent sur le bien-être social. Peut-on en donner quelques grandes lignes ?

De manière générale, je pense que notre société, depuis de nombreuses années, a laissé de moins en moins de place à l’humain. L’aspect financier a pris le pas sur toute autre considération. On le voit dans l’entreprise, où il faut d’abord rémunérer l’actionnaire avant les salariés ; on le voit au niveau de l’État avec par exemple les économies qui ont été faites sur l’hôpital public et la limite de l’exercice en cas de situation exceptionnelle comme celle que nous venons de vivre. Vous aurez remarqué que ce programme, je l’avais proposé aux Stéphanoises et aux Stéphanois avant la pandémie. J’avais déjà souhaité mettre l’humain au cœur de ma politique avec notamment le développement durable, parce que nous vivons sur une planète qu’il faut respecter et dont on a, je pense, largement compris maintenant qu’elle est fragile et qu’elle ne peut donner plus qu’elle n’a. J’avais également déjà placé dans mon programme le bien-être social, avec en son cœur la santé. Prenons par exemple le Plan Cancer Stéphanois qui permet, dans nos politiques publiques, de traiter toutes les dimensions de prévention et de mise à disposition d’équipement et de moyens auprès de la population, pour couvrir, au-delà même du cancer, de très nombreuses maladies. Ce bien-être social inclut bien sûr tous les âges de la vie. De la naissance jusqu’à ce qu’on devienne plus dépendant, notamment à cause de l’âge. Ma proximité avec les habitants depuis plus de 6 ans me conforte dans l’idée que cela répondait déjà aux préoccupations de la population. L’être humain est véritablement au cœur de nos actions encore aujourd’hui.

Durant cette période de crise, la ville a mis en place des mesures d’aides aux commerçants. Comment cela s’est-il traduit ?

Nous avons immédiatement réagi puisque j’ai décidé de me rallier au plan de soutien proposé par la Région, avec près de 2 millions d’euros investis par la Métropole, destinés aux fonds de soutien en direction des commerçants, artisans, PME et PMI… Nous avons également décidé de renoncer aux droits de terrasse toute l’année dernière et encore toute cette année. Lorsqu’il n’y a pas d’activité cela paraît normal, évidemment, mais il y a eu des intermèdes l’été dernier ou en ce moment, c’est donc faire en sorte que les commerçants puissent en profiter et améliorer encore un peu plus leur équilibre financier bien mis à mal pendant la crise. Nous préparons enfin l’avenir en continuant d’embellir la Ville et faire en sorte que la population ait envie de sortir, de profiter de l’espace publique quel que soit le quartier !

Nous vous avons aperçu parcourir la braderie. Les commerçants ont-ils encore des inquiétudes ?

Je n’ai pas, il me semble, senti d’inquiétude. J’ai plutôt perçu de la volonté, de la détermination, la nécessité de rouvrir pour reprendre une activité professionnelle, voir des clients, même si les conditions ne sont pas encore optimales. Globalement, quel que soit le type de marchandise ou de service proposé, j’ai le sentiment quand même que depuis le 19 mai les commerçants ont plutôt le sourire et que les habitants ont compris aussi que ce qui fait la qualité de leur vie à Saint-Étienne, c’est bien sûr une ambiance et un environnement général de vie, et que les commerçants y contribuent très largement. Il y a une prise de conscience au détriment, je l’espère, d’internet, car lorsqu’on est en difficulté, on a besoin de cette solidarité à l’échelle d’un quartier ou d’une ville.

Parlons encore des commerces. Quelques mots sur les chantiers en cours comme Centre 2 et les Halles Biltoki ?

Même si la période n’est pas idéale pour faire un bilan ou tirer des conclusions trop hâtives, je constate que Steel a très bien démarré et n’est plus sujet à polémique. Si j’enlève le caractère exceptionnel lié à la crise, ils sont au-dessus de leurs prévisions. Et le commerce de centre-ville marche très bien. Nous n’avons jamais eu autant d’enseignes qui demandent à s’installer ou qui se sont installées, y compris durant la crise. On voit que l’objectif que nous nous étions fixé au départ, avec cette dynamique générale, fonctionne bien. Centre 2 a décidé d’investir plusieurs millions d’euros pour rénover son centre commercial, cela veut dire aussi qu’ils sont confiants, c’est donc une bonne nouvelle. Nous avons la confirmation de l’arrivée de Primark, une grande enseigne mondiale qui va apporter beaucoup de chalandises. C’est également une bonne nouvelle, alors même que certains esprits chagrins voyaient Centre 2 fermé et prenaient plaisir à inquiéter la population. Les Halles Biltoki sont un projet auquel je suis très attaché. Je trouve que dans une ville comme la nôtre, de vraies halles manquaient, avec toute cette animation, ces odeurs, cette ambiance si particulière. C’est un très beau projet qui est quasiment rempli, puisque sur les 30 commerces disponibles 28 aujourd’hui sont pourvus et avec une offre très diverse qui viendra compléter ce qui existe déjà en centre-ville. J’ai hâte effectivement qu’on aille y vivre de bons moments avec la promesse de très nombreuses animations tout au long de l’année pour y passer des soirées, des dimanches… Cela va ouvrir début septembre et aura pour conséquence également de dynamiser les quartiers et rues alentour. Nous avons également à la galerie Dorian un projet exceptionnel de centre de soins, qui remplit deux objectifs, celui de redonner vie à la galerie dans l’hyper centre, et de bénéficier d’un service qui fait cruellement défaut dans toutes les villes en apportant une offre pluridisciplinaire de soins avec des médecins, des dentistes, etc. et un service d’urgence sans rendez-vous.

Dès le début de la crise vous avez également manifesté votre soutien à la culture en vous engageant fortement. Vous disiez d’ailleurs récemment « la culture est nécessaire à la vie » et dans un éditorial « que la beauté sauvera le monde ». Comprenez-vous qu’elle ait été déclarée « non-essentielle » et pouvez-vous donner quelques exemples de mesures que vous avez prises ?

Nous avons pris la décision avec Marc Chassaubéné, vice-président à la Métropole et adjoint à mes côtés en charge de la culture, de soutenir particulièrement ce secteur que l’on sait fragile. Déjà par le statut même de ces professionnels, particulièrement les intermittents du spectacle, et j’ai très vite compris en échangeant avec bon nombre d’entre eux que l’État n’avait pas pris la mesure de leurs situations personnelles, en généralisant leurs statuts sans entrer dans le détail. J’ai écrit à plusieurs reprises au Premier Ministre, à la ministre de la Culture, mais les réponses se sont faites attendre, or un comédien, un chanteur, un technicien a besoin comme tout un chacun de se nourrir, de faire face à des charges. Je ne pouvais pas attendre que le gouvernement mette 6 mois ou un an à apporter des réponses car la situation était urgente. Nous avons donc décidé de maintenir toutes les subventions à toutes les associations, dont les associations culturelles, sans se préoccuper de savoir si les événements qu’on leur confiait ou qu’elles pilotaient, étaient maintenus ou pas pour éviter de mettre à mal les trésoreries. Ça ne veut pas dire qu’on a fait n’importe quoi avec l’argent des Stéphanois, ça veut dire qu’on a honoré tous nos engagements d’abord, avant de discuter, et on s’est donné rendez-vous à la fin de la crise pour faire un bilan avec le contrôle de gestion municipal, les comptables et les structures bénéficiaires pour faire le point, évaluer la situation et leurs besoins, et nous ajusterons alors notre soutien en fonction de leurs difficultés ou de leur trésorerie. Ce qu’on veut, c’est être juste et surtout leur permettre de continuer à offrir aux Stéphanois leurs talents, leurs spectacles et de ne pas voir disparaître des pans entiers de la culture comme cela aurait pu être le cas si nous avions suspendu nos aides. La ville de Saint-Étienne emploie également des intermittents du spectacle de façon régulière, par exemple à l’Opéra. Là aussi j’ai souhaité que l’ensemble des personnels intermittents perçoivent leurs rémunérations y compris si les spectacles n’ont pas pu être joués car le système de rémunération de l’État laissait beaucoup d’interstices vides qui pouvaient les mettre en difficultés dans la période de crise mais aussi l’année d’après. On sait que le retour à une activité normale va prendre du temps. Il faut donc poursuivre tous ces efforts, ce qui nous a permis de terminer la saison de l’Opéra avec Otello. Car pour chaque spectacle programmé on leur a demandé de travailler, déjà parce qu’on ne savait pas quand il fallait être prêt et ce qui allait se jouer, et d’autre part parce que tout travail méritant salaire, nous les avons rémunérés.

Beaucoup d’événements ont été reportés comme la Biennale de design ou encore la Fête du livre. C’est tout bon pour 2022 ?

Aujourd’hui, au moment où je vous parle, la situation est nettement meilleure. Nous avons un taux d’incidence autour de 60. Tous les jours depuis un an et demi, je reçois les chiffres de notre CHU. Il reste 50 personnes hospitalisées sur l’ensemble du bassin et 14 en réanimation alors qu’au plus haut de la crise nous avions plus de 1200 hospitalisés et 250 en réanimation, autant vous dire que ça va mieux. On peut également espérer que le vaccin apporte une réponse à la baisse de la contamination. C’est ce qu’on souhaite évidemment et nous mettons les moyens qu’il faut pour cela. Donc pour répondre à votre question, nous devrions profiter de la Fête du livre, de la Biennale de design et de tous les autres événements comme la Foire à la rentrée.

Les musées sont rouverts. Et bonne nouvelle, les entrées sont gratuites jusqu’en septembre. Un mot là-dessus ?

Oui, après avoir été privés des musées depuis plus d’un an, nous sommes heureux de les voir de nouveau ouverts. Nous avons voulu fêter la réouverture à notre manière, en offrant l’entrée des visites libres jusqu’au 31 août 2021. Et peut-être aussi de permettre à tout un chacun d’en profiter encore plus qu’avant, de découvrir des choses nouvelles, et aussi parce que nous avons besoin de nous aérer la tête et de rêver un peu à nouveau. C’est enfin un soutien à nos concitoyens dans cette période un peu compliquée. Certains sans doute ne partiront pas en vacances ou pas comme ils auraient aimé le faire. Nous espérons que ça égayera un peu leur été.

Parmi les bonnes surprises également, le Méliès a fait peau neuve et Mégarama s’est installé en centre-ville. Ouf ?

J’avoue que c’est également une très très bonne nouvelle pour le cinéma évidemment et pour le centre-ville de Saint-Étienne. Je suis énormément reconnaissant aux frères Claret d’avoir mené un projet très ambitieux et de très bonne qualité, avec une vraie volonté d’offrir des films pour lesquels les Stéphanois trouvent un réel intérêt. Avec la brasserie juste à côté, cela crée une très belle vitrine et un pôle d’attractivité, et puis les deux patrons, les deux frères, sont de très bons chefs d’entreprise en plus de leurs qualités culturelles et cinématographiques. Et aussi une très belle rencontre aussi avec Monsieur Lemoine, le patron de Mégarama qui a repris les deux cinémas. C’est quelqu’un pour qui j’ai beaucoup de respect. À 90 ans, je trouve qu’il a une vision extrêmement claire de ce qu’il faut faire et il connaît bien ce milieu. Pour quelqu’un qui a pris sa retraite il y a 25 ans, c’est assez formidable (rires). Il a donc complètement refait à neuf le cinéma en y investissant beaucoup d’argent. Le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est vraiment impressionnant. Il faut maintenant que cela se sache car c’est également un véritable intérêt pour la place Jean-Jaurès et la ville.

Un cinéma qui n’ouvrira plus mais qui laissera place à un beau jardin, c’est l’Éden. C’est pour quand ?

Avec Christiane Jodard dans l’ancien mandat et Jean-Pierre Berger maintenant, adjoints à l’urbanisme l’un et l’autre, nous avions décidé en 2014 d’assainir la ville en démolissant tous ces vieux tènements parfois délaissés, parfois insalubres, qui polluent l’image de la ville. Cela représente aujourd’hui 20 hectares au sol. Plutôt que d’appliquer une règle dogmatique qui est de démolir et de reconstruire automatiquement, nous avons essayé de repenser l’urbanisme pour embellir la ville en nous posant également la question de Saint-Étienne dans 30 ou 40 ans. Par exemple, en haut de la rue de Michel Rondet et de Tarentaize, nous avons créé un parc urbain de 2 500 m carré avec faune et flore que nous avons travaillés avec France Nature Environnement et la LPO. Dans d’autres quartiers, nous avons créé des parkings supplémentaires car il faut aussi s’adapter aux demandes des concitoyens. Ailleurs, nous avons décidé de reconstruire et rénover l’habitat pour attirer de nouveaux habitants et parce que le marché de l’immobilier est très dynamique. Je constate avec plaisir que depuis le dernier mandat, nous avons 4 000 habitants de plus en ville, 5 000 nouveaux étudiants, 500 commerces supplémentaires, etc. Toute cette dynamique commence à se voir et à être agréable. S’est donc posée la question de ce nouvel espace de 2 500 m2, soit un peu plus que la place Dorian, avec objectivité et sans a priori. Nous avons racheté cet espace, et lancé une consultation auprès de la population qui demande encore plus d’espaces verts. C’est là que nous nous sommes dit que cet espace dégagé pouvait devenir un petit écrin de verdure à quelques pas des places refaites par mes prédécesseurs mais de manière très minérale. Cet espace sera très qualitatif et les habitants pourront y passer, nous l’espérons, des moments très agréables.

Nous nous sommes rencontrés au lancement de la nouvelle saison de l’Opéra. Elle s’annonce exceptionnelle ?

Vous l’avez constaté, nous avons mis le paquet. 168 levés de rideaux devraient nous garantir une saison exceptionnelle. Il faut dire que l’Opéra ne s’est jamais arrêtée pendant la crise. Nous avons par exemple nos ateliers de confection sur place, ce qui nous a permis de ne pas ralentir l’activité tout en restant maître de ce que nous faisions. Nous avons aussi la chance d’avoir des artistes talentueux. Otello que j’ai pu découvrir récemment avec Marc Chassaubéné et Gilles Artigues en a été le témoignage. Une saison exceptionnelle donc se prépare avec de belles surprises. Je pense par exemple à la venue de Roberto Alagna, un artiste que nous avons rencontré il y a quelques années et qui nous fait l’honneur d’avoir accepté notre invitation. La programmation vise un large public à travers la diversité des disciplines proposées. Du symphonique, du lyrique, de la danse, du théâtre, une programmation jeune public… je pense vraiment qu’il y en a pour tous les goûts et pour tout le monde, et à un prix très abordable, il faut le préciser. Vous pouvez assister à un opéra pour 5 euros. C’est vraiment mon désir le plus profond qu’un habitant puisse s’y rendre pour découvrir cet univers culturel. C’est mon rôle d’élu d’ouvrir des portes en ayant conscience que chacun peut ou non la franchir, mais la possibilité est donnée.

Une autre institution Stéphanoise, La Comédie, a changé de directeur. Qu’en pensez-vous ?

J’avais créé une relation de confiance très forte avec Arnaud Meunier. Son mandat terminé, il fallait un nouveau directeur. Je suis très heureux de l’arrivée de Benoît Lambert. C’est quelqu’un qui a déjà un nom dans le métier, et qui est resté très fidèle à Dijon, sa ville précédente. Le maire de Dijon, un de mes amis, m’a confié que son départ est très regretté. Il avait déjà compris ce qui est important pour nous à Saint-Étienne, notamment qu’il faut aller vers tous les publics, même ceux qui ne se rendent pas habituellement dans un théâtre, cela sans faire l’économie de la qualité ni de l’exigence, car nous ne parlons pas de culture au rabais. Benoît Lambert partage ces valeurs-là et je pense que c’est quelqu’un qui est capable d’apporter énormément à la Comédie, évidemment d’une autre façon qu’Arnaud Meunier.

Saint-Étienne valorise aussi la culture scientifique. Explora accueille enfin le jeune public, et le Planétarium améliore encore ses équipements. Vous y êtes sensible semble-t-il ?

Saint-Étienne valorise la culture sous toutes ses formes et la culture scientifique en fait bien évidemment partie. Il y a finalement assez peu de villes qui s’en sont saisies. Nous avons la chance ici d’avoir l’École des Mines qui contribue largement à cette ouverture scientifique et la Rotonde, un lieu destiné aux enfants et aux familles dont les animations suscitent un grand intérêt. On peut l’observer par exemple à la Fête de la Science qui remporte à chaque fois un grand succès de fréquentation. L’idée a été de proposer, de manière durable tout au long de l’année, cette ouverture d’esprit sur une discipline qui peut paraître difficile d’accès. L’intérêt d’Explora, que nous avons confié à la Rotonde, a vraiment atteint ce but. Cela permet également d’enrichir le Parc Couriot. Et bien sûr, le Planétarium, qui permet de mettre à la portée de chacun ce que l’on pourrait croire réservé à des spécialistes, dans des conditions pédagogiques et techniques de grandes qualités.

Avec Explora, la Comète a également ouvert ses portes durant le confinement !

Avec Marc Chassaubéné, nous avons souhaité mettre en avant les talents émergents. Lorsque nous travaillions sur le projet, avant 2014, nous avions constaté qu’à Saint-Étienne, nous avions toute la chaîne musicale qui est possible, des talents qui réussissent, mais pour certains il manquait une étape, un outil, pour leur permettre d’asseoir une carrière professionnelle. On a voulu remédier à cela, en proposant le financement sur trois ans d’un projet, à travers les écoles de musiques, les classes, le conservatoire, les troupes en résidences. Et nous sommes en train de gagner cette bataille de ville créative en matière artistique. Tous ces outils dont la Comète en est un écrin formidable, qui accueille aussi l’espace Infos Jeunes, l’École de l’Oralité, des salles de spectacle, de répétitions, un caveau Jazz avec le Solar, permettent d’accompagner davantage de personnes, encore une fois, s’ils le souhaitent.

Nous avons placé cette rencontre sous le signe de l’espérance. Les jeunes incarnent cette idée. Saint-Étienne fait beaucoup pour eux. Quelques mots sur le campus Tréfilerie et sur certaines initiatives comme l’aide psychologique ou la précarité ?

Pendant la crise, je suis resté en contact avec l’ensemble des acteurs de la ville, notamment les étudiants. Nous avons beaucoup échangé avec eux ce qui m’a permis de comprendre les difficultés qu’ils rencontraient et pour lesquelles ils ne trouvaient pas forcément de réponse. C’est la raison pour laquelle, après avoir sollicité le ministère de la santé qui n’a pas répondu, que nous avons décidé d’embaucher deux psychologues pour accompagner les étudiants mais aussi les autres. Nous mettrons leurs compétences à disposition autant de temps qu’il le faudra. Autre sujet, ce sont les jobs qui ont disparu du jour au lendemain, qui servaient à beaucoup pour payer leurs frais quotidiens. Nous avons donc décidé de les inclure dans les réseaux d’aide alimentaire où ils n’étaient pas référencés, en cassant les critères habituels des associations que nous avons également soutenues davantage. J’ai pris également l’engagement sur la période de mai à octobre de multiplier les jobs d’été. Habituellement, entre la ville et la métropole, nous recrutons 170 personnes. Je m’étais engagé à doubler. De passer donc à 340. Nous avons reçu plus de 600 candidatures. J’ai donc décidé d’aller au-delà en passant à un peu plus de 500 recrutements par tirage au sort avec un huissier de justice. Ceux qui ne seront pas retenus cette année seront prioritaires l’année prochaine. Je m’étais également engagé à financer 50 Bafa. L’idée étant double. D’abord de financer une formation qui permet derrière d’avoir un travail, puis de permettre à nos centres sociaux de trouver des animateurs l’été. Nous avons enfin financé une quarantaine de bourses de stages industriels. Elles existaient déjà mais nous avons quadruplé leurs nombres. La collectivité paye 1 000 euros le stagiaire en plus de ce que paye l’entreprise pour faciliter les contrats. Nous avons également doublé le Fond Social de Logement et le Fond d’Aide aux Jeunes. On a installé et rénové l’Espace Info Jeunes à la Comète avec déjà de très bons retours. De nombreuses autres mesures ont été prises, je m’y étais engagé, comme le tarif solidaire des transports à 10 euros par mois, et l’abonnement mensuel que vous pouvez donc interrompre en été par exemple. Saint-Étienne est une grande ville étudiante. Je revendique le fait que je souhaite doubler les effectifs d’ici 2 035 soit près de 40 000 étudiants. Concernant le Campus Tréfilerie, le projet se concrétise. Un projet ambitieux et original car la plupart des grands campus universitaires sont en dehors des villes. Nous avons la chance de l’avoir au cœur de la cité. Nous partageons avec la nouvelle équipe de l‘université le même objectif, ce qui me rend très optimiste pour la suite.

Un mot pour conclure, un message aux lecteurs de l’Agenda ?

Enfin ! l’Agenda est plein,  parce que depuis presque un an nous avons vu les dates disparaître au fur et à mesure. J’invite vraiment toutes les Stéphanoises et tous les Stéphanois à profiter des opportunités que leur donnent les acteurs du milieu culturel, mais aussi du tourisme, et de tous ceux qui animent la ville. Le meilleur soutien, c’est de participer à ce qui est mis en place pour eux. Récompenser le travail des artistes par leurs applaudissements et leurs sourires, investir la ville et le territoire, aller dans les commerces, les restaurants, et profiter au mieux de cet été.