Déjà auteur des tomes I et II de « La Vie en Vert » côté foot, et des « Gueules Noires de Sainté et d’ailleurs » côté mine, l’écrivain Pascal Pacaly est cette fois allé à la rencontre des témoins du passé et du présent avec la sortie de « Sanctus Stephanus de Furano – Histoires de Sainté ». Il raconte leurs souvenirs qui sont une partie de l’Histoire de la ville. De Jean Dasté à Jean Castaneda, de la « ville dans la ville » qu’est le CHU, il fait revivre la Muraille de Chine et nous emmène au Musée de la Mine avec un ancien mineur, Fernand Fraisse, sans oublier une visite dans ce que l’on appelle le « Père Lachaise » stéphanois : le cimetière du Crêt de Roc. C’est un livre pour les « Amoureux de Sainté ».
À partir de toutes ces rencontres et recherches est-il possible de définir un « profil Stéphanois » ?
Pas vraiment… Car cela est une question d’époque, de démographie, de migrations… Après on peut dire que la ville et ses habitants se sont construits autour de l’industrie avec des « spécialités » telles que les armes, les cycles, la rubanerie, la houille… Il y eut aussi beaucoup de migrations, qu’elles soient italiennes, espagnoles, marocaines, ou algériennes. On n’oubliera pas le Furan qui permit pendant longtemps à la ville de se développer. En 1975, il y avait encore 220 000 habitants contre 172 000 aujourd’hui, la « faute » à la concurrence étrangère et au chômage qui s’ensuivit. Au même moment, le football faisait connaître la ville dans toute l’Europe, rendant ainsi une certaine fierté à ses habitants. Si les valeurs inhérentes à l’industrie (solidarité, résilience) restent ancrées dans la population, la ville se diversifie aujourd’hui avec le Design par exemple. Mais les Stéphanois restent résolument attachés à leur histoire.
Y a-t-il un chapitre que tu retiens le plus, ou une rencontre ?
Je pense que celui du bombardement du 26 mai 1944 et tout ce qui toucha à la Seconde guerre mondiale (libération, occupation des Allemands, résistance, épuration) fut un tournant dans notre ville comme dans le monde. C’est là où l’on voit la dualité, le sombre dans l’Humanité, de tout temps. Et ces dames âgées qui évoquent toutes le « bruit des bottes » : quand elles en parlent c’est comme si c’était hier… Je retiens aussi Casino, par rapport à tout ce que représente Geoffroy Guichard. Casino c’était la qualité « made in Saint-Étienne » reconnue dans toute la France. Et puis l’ASSE avec Jean Castaneda, le personnage de Jean Dasté…
Tu es également notre chroniqueur ASSE : que penses-tu de cette conclusion et quid de l’année prochaine ?
Avec 77 buts encaissés, impossible de se maintenir. Sans défense, rien n’est possible, donc rien n’est surprenant : aucune surprise de descendre mais malgré tout un immense gâchis. Les repreneurs avaient amené l’espoir : celui-ci est déçu et les gens sont désormais plus que méfiants, avec une colère à la hauteur de ce même espoir. Désormais c’est l’heure de la reconstruction : les repreneurs ont quelque part grillé leur joker, ils sont plus qu’attendus. Année hautement cruciale.
Pourquoi ce nom de livre au fait ?
Dans les documents du moyen-âge nommant Saint-Étienne, c’est l’un des noms, en latin ici. J’aime faire ressortir l’idée du Furan, car c’est ce qui a permis l’émergence de la ville. Au départ, Sainté est un tout petit bourg situé à côté du Furan. La photo de la couverture date de 1897. Pendant plus d’un siècle, de 1830 à 1953 il y eut, comme on le voit, un dôme sur la mairie.
Pascal Pacaly
Ed. Les Joyeux Pendus
Extrait :
« Comme c’étaient des temps troublés, il n’y avait plus d’école officielle. On regroupait les enfants du voisinage dans une maison quelconque, parfois celle d’un particulier. C’était mon cas. Il y avait souvent des alertes, et ce fut là aussi encore le cas : il y en eut une vers 10 heures du matin et notre institutrice nous alors dit de sortir dehors. Je me retrouvais ainsi à jouer à la marelle en face de chez moi avec une camarade de classe. Je vois alors quelque chose briller dans le ciel. C’est un avion. Il y en a d’autres Je commence à peine à vouloir les compter, que mon père, qui était dans le coin, surgit précipitamment tout en criant “c’est pour nous, couchez-vous ! Hélas c’est trop tard car une bombe vient juste d’exploser à quelques mètres de là, sur une maison située rue de la Liberté. »
Rémonde, 94 ans, sur le bombardement du 26 mai 44.
Au sommaire du livre : Casino, le bombardement du 26 mai 1944, l’ASSE, la Muraille de Chine, Manufrance, La Comédie, la STAS, la Cité du Design, la Fête du Livre, le Musée d’Art Moderne, le CHU, le cimetière du Crêt de Roc, l’Opéra, le Musée de la Mine, les Archives Municipales, Steel et… les kebabs !