Festyvocal, première biennale de musique contemporaine de Firminy, surfe évidemment sur la dynamique de la récente inscription par l’Unesco du site de la Maison de la Culture Corbusier de Firminy au Patrimoine Mondial de l’Humanité. Une première édition très attendue. Rencontre :

Pouvez-vous nous présenter Festyvocal ?

Festyvocal est une association créée en avril 2015 et son objet est l’organisation d’un festival de musiques vocales de compositeurs contemporains et postérieurs à Le Corbusier. Ce festival se déroule sur le site Le Corbusier à Firminy (Église, Maison de la Culture de Firminy).

Geneviève Dumas, directrice artistique du festival, pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ambitionne depuis longtemps de marier architecture et voix dans leur expression contemporaine. J’ai étudié au Conservatoire et à l’Université de Saint-Étienne. Je suis Professeur des écoles Choristes dans des petits chœurs spécialisés, et je chante notamment sous la direction de Daniel Kawka, Jacques Berthelon Yannick Berne. J’ai perfectionné la direction de chœur auprès de Guy Manneveau, Jean Baptiste Bertrand, Toni Ramon puis Nicole Corti. Depuis 2004, je dirige Chœur Ondaine. J’ai également été à l’initiative de la création «Poème de l’angle droit» d’Eric Arletti dans le cadre des Inaugurales de l’église St Pierre Le Corbusier en 2006.

En juillet dernier, le comité du Patrimoine Mondial de l’Unesco validait sa décision d’inscrire le site de la Maison de la Culture Corbusier de Firminy au sein de sa prestigieuse liste. Cette décision a-t-elle aidé la création de Festyvocal ?

L’association était créée avant cette décision mais nous avons été très heureux que cette inscription vienne en résonance avec notre projet et ce n’est pas sans émotion que nous chanterons sur ce site en novembre prochain, et sur le site de Ronchamp qui fait lui aussi partie de la prestigieuse liste. Notre festival s’inscrit complètement dans l’appropriation du site par les habitants.

Financièrement, n’est-il pas compliqué de lancer un festival au moment où les institutions ont de plus en plus de mal à boucler leur budget ?

Nous avons dépensé beaucoup d’énergie pour présenter notre projet aux différentes institutions et mécènes. Ceux -ci ont répondu présents par leur soutien financier mais aussi par l’intérêt qu’ils ont porté à notre projet, convaincus de sa qualité et de son ambition. L’enthousiasme de notre directrice artistique et de notre équipe de bénévoles y a contribué également.

Cette première édition est parrainée par Daniel Kawka, Appelou d’origine et créateur de l’Ensemble Orchestral Contemporain. Un symbole ?

Bien sûr ! Et dès les premiers contacts que nous avons eus avec lui, il a su nous transmettre son énergie et son enthousiasme, nous incitant à voir grand et à voir loin. C’est devenu notre devise !

 En quoi l’Église Saint-Pierre est-elle unique en termes d’acoustique ?

C’est un site unique par son acoustique avec une réverbération de neuf à treize secondes. Le public placé au centre de la mise en résonance de l’église découvre l’écriture vocale contemporaine sous un nouveau jour, apprécie le partage des émotions avec les chanteurs. Et le concert devient une aventure sonore individuelle et collective à la fois. Mais c’est aussi un défi pour les chanteurs (et le Chef de chœur) et nous accordons une large place à la mise en espace.

 Proposer de la musique contemporaine dans un tel lieu semble évident, non ?

 Oui à cause de cette acoustique particulière, le son perçu à travers le silence demande à être développé, amplifié, travaillé, enrichi. Il appelle au jeu, à l’expérimentation. Les compositeurs sont attirés par cette expérimentation sonore du lieu, indispensable dans cette acoustique. Les jeux vocaux peuvent être déclinés à l’infini.

 Parlez-nous de la programmation de cette 1ère édition ?

 Il y aura donc des concerts à l’église St-Pierre du 10 au 12 novembre en matinée et en soirée, 1 chœur invité, tête d’affiche : Spirito-Chœur Britten, Nicole Corti, de renommée nationale le 12 novembre à 20 h une création pour chœur Ondaine élargi, chœur d’application de FestyVocal : «Poèmes étoilés» de Pascal Descamps le 10 Novembre à 20h, avec deux propos d’avant concert les 10 et 12 novembre. Plusieurs concerts seront proposés en décalé de la création de Pascal Descamps, dans le cadre de la  biennale du design en mars 2017, sur le site de Ronchamp le 19 Novembre 2016. Nous avons également des chœurs régionaux invités, porteurs aussi de créations comme Sinfonietta, Artmilles, Ubi Cantus (ex GVU), chœur Ondaine, chœur d’application de Festyvocal, EVSE, et Mini chœur Unacorda, Chœur de musicologie de l’Université Jean Monnet. Daniel Kawka, chef d‘orchestre de l’EOC invité à de nombreux orchestres de par le monde, sera le parrain de cette édition. Nous souhaitons également un élargissement du festival en direction de publics particuliers : écoles, collèges lycées en lien avec l’éducation Nationale, l’hôpital de Firminy Le Corbusier, les maisons de retraite, les habitants de l’unité d’habitation et travaillons la mise en relation de l’architecture et du son par des visites à double voix avec les médiateurs du site le Corbusier.

Pourquoi, d’après vous, le grand public a-t-il toujours quelques réticences vis-à-vis de la musique contemporaine ?

 Et si c’était un a priori ! Sans doute à cause d’oreilles peu exercées, d’un manque de diffusion de cette musique sur les médias traditionnels, d’une crainte de ne pas comprendre… C’est donc bien ce défi que nous souhaitons relever – et nous avons déjà fait entendre un répertoire de musique contemporaine – en adéquation avec l’architecture et l’acoustique de l’Église Saint-Pierre: l’espace, le vide habité, l’écho, la résonance ne laissent pas indifférents et peuvent constituer les premiers pas d’un spectateur vers la musique contemporaine.

Quelles sont vos ambitions de cette première édition ? 

Réussir cette aventure, réunir beaucoup de spectateurs pour chacun des concerts, mais surtout faire en sorte que l’interaction entre lieu, compositeurs, interprètes et spectateurs s’opère et que chacun de la place où il se trouve fasse le plein d’émotions. Et bien sûr pour l’équipe de FestyVocal donner envie de venir à la Biennale 2018, déjà en préparation.