Si on vous dit : « C’est un festival à taille humaine, avec une programmation joyeuse et colorée, un festival porteur de valeurs fondamentales, le tout dans un parc au centre-ville de Saint-Chamond » vous l’aurez compris c’est le retour du festival « La Rue des Artistes ». Cette année peut-être plus que les précédentes, il plane comme une envie de lien, d’authenticité, de partage, de fête, et d’engagement. Des mots qui font sens et que Mustapha Kerroua va développer dans les quelques questions que nous lui avons posées, tout en évoquant les contours de ce festival indépendant et fier de l’être.

Le festival La Rue des Artistes approche. Peut-on présenter l’association Atout Monde qui s’occupe de cet événement ?

Atout Monde, c’est 3 salariés et une soixantaine de bénévoles à l’année qui s’impliquent dans les nombreux projets que l’on porte, dont évidemment le festival la Rue des Artistes mais aussi des actions de médiation en lien avec les acteurs du territoire, de l’accompagnement artistique… Depuis 1996, nous avons mené plus d’une cinquantaine de projets différents mais qui ont tous un objectif commun : permettre l’accès à la culture au plus grand nombre, que ce soit par la pratique artistique ou l’expérience spectateur.

Un festival c’est d’abord une programmation. Cette année plus que jamais, vous semblez en être très fiers ?

Plus que très fiers… C’est vraiment une programmation curieuse et métissée, avec 1/3 de groupes régionaux et une large part accordée à l’émergence… On a osé programmer des styles qui jusque là étaient plutôt absents lors des précédentes éditions, comme de l’afro-house avec le duo Raz&Afla qui enflammera la fin de soirée du samedi soir. On est également très fiers de la venue d’Inna de Yard, ce mythique collectif de reggae jamaïcain, qui fera sa première date de la tournée chez nous à Saint Ch’mond ! Néanmoins, le fil conducteur de notre programmation reste identique : celui de proposer des artistes engagés, des découvertes, des têtes d’affiche.

En termes de spectacles et animations, nous gardons la formule des spectacles décentralisés le samedi après-midi dans la ville (deux auront lieu devant le Château du Jarez et deux Place Île de France) et également une représentation dans le parc Nelson Mandela le dimanche après-midi. Entre déambulation festive avec Senario, du trapèze avec Adriano Cangemi et des spectacles sur les mots et l’importance d’écrire avec les compagnies Easy to Digest et les Miscellanées, il y en aura pour tous les goûts !

Nous proposons toujours des animations familiales gratuites le dimanche : maquillage artistique, activités autour des Lego et aussi une nouveauté : la présence d’une artiste qui réalisera en direct des petites illustrations !

Plus spécifiquement, ce qui fait la singularité du festival, ce sont vos valeurs fortes et votre engagement militant pour la culture. Peut-on en dire quelques mots ?

On a toujours été des fervents défenseurs de l’accès à la culture, c’est d’ailleurs la raison d’être de l’association Atout Monde. La Rue des Artistes a été et restera un festival accessible à tous !

Cet axe se traduit notamment par une politique tarifaire que l’on tente, tant bien que mal, de garder accessible. N’oublions pas de rappeler qu’initialement, le festival était gratuit… Mais pour maintenir l’événement, et par extension l’association, viable et pérenne, le payant est désormais inévitable.

Après, nous savons très bien que la gratuité ou la pratique de tarifs bas n’induit pas l’accessibilité d’un événement. C’est pourquoi, et depuis la première édition du festival, nous impliquons les habitants dans le projet, via notamment la Décoration des Chats ; projet dans lequel nous rassemblons plus de 40 structures (crèches, écoles, EHPAD, instituts spécialisés, centres sociaux, …) qui créent de superbes chats que l’on peut admirer en ce moment même dans tout Saint-Chamond !

Au-delà de l’accessibilité pour laquelle on se bat, nous souhaitons faire de notre événement un véritable lieu de sensibilisation à différentes causes : écologie, violences et risques. Nous avons décidé cette année de mettre l’accent sur la prévention des risques auditifs via le relais de la campagne Ear We Are portée par Agi-Son. C’est un vrai sujet de société sur lequel nous avons tous un rôle à jouer en tant qu’acteur des musiques actuelles. Chaque année, nous améliorons notre capacité à sensibiliser les festivaliers aux thématiques et causes qui nous sont chères.

Enfin un débat fait de plus en plus parler de lui, celui de l’accès à la culture pour tous, et de son indépendance. Vous êtes là-dessus encore très militants ?

L’indépendance des festivals est un vrai sujet depuis quelques années déjà. Avec des coûts qui ne cessent d’augmenter sur quasiment tous nos postes de dépenses (de notre côté, c’est 30% d’augmentation de notre budget artistique cette année par exemple), des subventions qui stagnent ou disparaissent, le modèle associatif des festivals devient de plus en plus fragile, car l’équilibre est difficile à trouver, surtout pour un événement comme le nôtre. Mais c’est malheureusement un constat que la quasi-totalité des festivals rejoint.

Pour notre part, les collectivités locales sont à nos côtés, la Ville de Saint-Chamond en premier lieu, ce qui nous permet d’envisager plutôt sereinement cette 26ème édition. Mais nous savons très bien que certaines collectivités n’hésitent pas d’ailleurs à se retirer du jour au lendemain, ce qui compromet la pérennité de certains évènements et peut questionner l’intérêt qu’elles portent aux politiques culturelles qu’elles sont censées mener…

Un mot pour conclure ?

Un mot pour conclure ! PEUPLE ne te laisse pas emporter par la morosité ambiante du moment. Nous avons vécu deux années très difficiles et compliquées, mais comme il est dit dans l’édito de notre programmation : Atout Monde est toujours là et vous aussi. L’ambiance n’est certes pas terrible, alors c’est à nous, créateurs de rêves et rassembleurs de bonnes ondes, de donner et faire sens à notre société, à notre territoire en vous proposant un festival riche et coloré. Alors plus que jamais, PEUPLE, ne te divise pas et rejoins-nous du 16 au 18 juin à Saint-Chamond !