JUSQU’AU 4 MARS

Le Festival des Arts Burlesques rythme traditionnellement chaque début d’année pour le meilleur et pour le rire. Rencontre avec son nouveau directeur artistique, Farid Bouabdellah :

Comment se porte le Festival des Arts Burlesques de Saint-Étienne ?

Très bien, merci !

Comment avez-vous géré le départ de Michel Mazziotta, créateur du festival et directeur emblématique du Nouveau Théâtre Beaulieu ?

Michel Mazziotta a eu l’idée de créer ce festival ; une équipe de professionnels et de bénévoles ont permis aussi de le hisser là où il en est aujourd’hui. Le fait que le festival perdure et se porte bien malgré le départ d’une personne montre que le projet est rentré dans la maturité. Les départs de Jean-Louis Foulquier des Francos ou de Daniel Colin du Printemps de Bourges n’ont pas mis en péril ces festivals, au contraire cela a permis de donner un second souffle, c’est identique pour le festival des Arts Burlesques.

On a longtemps reproché au Nouveau Théâtre Beaulieu d’agir de manière assez éloignée de sa mission première en tant que Maison des Jeunes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La création d’une structure dédiée au festival des Arts Burlesques va permettre justement de mettre en valeur ce que nous faisions en matière de médiation culturelle et d’éducation populaire (l’un ne va pas s’en l’autre à mon sens). Vous savez, les services animations et politiques de la ville de Saint-Étienne soutiennent financièrement et en logistique le Nouveau Théâtre Beaulieu, l’État aussi dans le cadre de la Politique de la Ville et le Fonjep (Fonds de coopération de la jeunesse et de l’éducation populaire), le Département contribue également avec le financement de 2 postes. Ce qui démontre que le Nouveau Théâtre de Beaulieu agit en direction de la jeunesse, du vivre ensemble. Beaucoup de ceux qui nous ont reproché de ne pas agir en cette direction, ne sont jamais venus voir nos actions ou n’en ont pas entendu parler, car le festival était trop mis en avant, cela va changer.

Pouvez-vous nous présenter l’organigramme du festival ?

L’association « Beaulieu Spectacles Vivants », est la structure qui va organiser dorénavant le festival, sa présidente est Patricia Portafaix, elle est entourée d’un conseil d’administration et d’une trentaine de bénévoles qui participent au succès du festival. Cette association s’est vue confier la réalisation professionnelle (organisation, programmation, régie, communication) par l’intermédiaire d’une convention signée avec le président du Nouveau Théâtre Beaulieu, Ayachi Riche.

Pouvez-vous nous fixer quelques chiffres de grandeurs concernant le festival (budget, % d’autofinancement, billetterie, bénévoles, nombre de spectacles) ?

Le budget de 280 000 € va à 80 % en direction de la partie artistique (cachets, technique, communication, droit d’auteur, locations, accueil des artistes…) et à 20 % en direction de la partie gestion, administrations et salaires. En ce qui concerne les recettes, la répartition se fait de la manière suivante : 40 % de billetterie, 40 % de soutien publique, 20 % de mécénat, fonds privés. Une trentaine de bénévoles participe au festival, nous attendons cette année 10 000 spectateurs dans les salles avec une vingtaine de spectacles. La partie médiation culturelle est gérée en direct par le Nouveau Théâtre Beaulieu, elle s’élève à 20 000 € environ et est soutenue essentiellement par les services de la politique de la Ville, des collectivités territoriales (Vse, État, Département).

Il y a quelques années, le festival a également joué la carte de la délocalisation. Était-ce indispensable ?

Le festival rayonne de par sa programmation, ainsi que par son aura médiatique. Délocaliser l’événement permet aux habitants de la Métropole de participer au festival des Arts Burlesques près de chez eux. J’en profite d’ailleurs pour remercier les villes qui soutiennent l’action.

Le festival a très tôt bénéficié de soutiens nationaux : Une chance ?

Le festival est né de l’idée de redynamiser un quartier par l’action culturelle ; beaucoup d’artistes sont sensibles à cette problématique.

Un mot sur votre marraine historique qui sera de nouveau présente, Anne Roumanoff ?

Anne Roumanoff a été plusieurs fois marraine du Festival, c’est une personne qui a été très vite attirée par le projet. Cette année, elle apporte son soutien à la nouvelle équipe, pour nous c’était important que ce soit elle, car c’est une figure emblématique du festival.

La programmation très ambitieuse du festival masque parfois des actions sur le terrain comme le Tremplin Nouveaux Talents, la médiation culturelle ou le Défilé Burlesque… Pouvez-vous évoquer les actions complémentaires au festival ?

En effet, il y aura le Tremplin amateur qui est un moment fort du festival. Il ne faut pas oublier que parmi les lauréats ou participants des dernières éditions, beaucoup d’entre eux ont aujourd’hui un rayonnement médiatique notamment Sanaka ou Mathieu Schalk qui participent actuellement aux Guignols, Farid Chamekh artiste majeur du Jamel Comedy Club, David Azencot qui est sur Europe 1 et Frédéric Sigrist sur France Inter. Les prochaines éditions, nous souhaitons investir plus sur l’accompagnement de l’après Tremplin car c’est là notre rôle aussi. Le journal du Festival que nous faisons avec TL7, ce sont 7 jeunes qui pendant 1 semaine vont couvrir l’événement, ils sont chargés des interviews, des montages vidéos puis cela est diffusé chaque soir sur la chaîne locale. Cette action, financée par la politique de la ville, permet de mettre des jeunes en avant, de les valoriser et pourquoi pas de créer des vocations.

Est-il facile de mobiliser la population pour des actions de rue comme le défilé ou un carnaval ?

Le carnaval burlesque des Quartiers Sud Est qui aura lieu le 24 février à 14 h est né d’une volonté du Nouveau Théâtre Beaulieu et du Centre social Alfred Sisley de rendre plus visible, plus professionnel, ce qui se faisait déjà sur le quartier. Nous avons réuni les centres sociaux déjà participants (cs beaulieu, Fjep) et nous avons aussi ouvert à d’autres structures d’éducation populaire de Saint-Étienne. Cette mobilisation se fait grâce à toutes ces personnes qui ont envie de faire vivre leur quartier, créer de l’animation. La Baroufada assurera la partie artistique et médiation du carnaval

Le carnaval ne se déroulera pas dans le centre-ville. Pourquoi ?

Parce que justement, il est important de réinvestir les quartiers, c’est aux habitants du centre-ville de venir.

Le budget 2017 s’élève à 280 000 euros. Est-ce suffisant selon vous ?

Oui, le festival doit rester à taille humaine.

Bénéficiez-vous d’un soutien des institutions locales, départementales et régionales ?

La ville de Saint Étienne a toujours soutenu le festival et les projets du Nouveau Théâtre Beaulieu, il n’y a pas d’ambiguïté à avoir à ce sujet. Pour ce qui est de cette année et des prochaines éditions, le Maire Gaël Perdriau et son adjoint à la Culture Marc Chassaubéne nous ont confirmé que la ville continuerait à apporter un soutien fort au projet qui fait partie intégrante du paysage culturel stéphanois et qui rayonne au-delà de nos frontières ligériennes. Saint-Étienne Métropole et le Département apportent aussi une subvention. La Région soutenait le festival dans le cadre du CFAC mais depuis la disparition de ce dispositif, nous n’avons plus de soutien.

Cette année, la programmation est particulièrement éloquente. Comment vous y prenez-vous pour tenir vos budgets ?

Vous savez, nous programmons le festival 14 mois à l’avance, nous essayons de tenir le même budget artistique chaque année. Les producteurs connaissent nos contraintes financières, s’ils souhaitent que leurs artistes soient programmés dans le festival, ils font des efforts financiers. Nous en sommes à la 14e édition, des liens se sont créés aussi avec les producteurs, les artistes, la relation humaine est importante.

Le festival se déroule sur deux semaines, hormis le spectacle de la remarquable Biyouna. Parvenez-vous à collaborer avec les autres structures culturelles de la ville pour éviter des concurrences trop évidentes ?

Bien sûr, déjà nous ne programmons pas un artiste qui passe dans la même année ou un an avant à Saint Étienne. Puis avec les services culturels de certaines villes, nous échangeons sur la programmation de spectacles burlesques ou d’humour. En ce qui concerne les entrepreneurs privés, notamment C’kel Prod, nous entretenons de bonnes relations et nous travaillons en très bonne intelligence.

On retrouve quelques humoristes habitués du festival… Roumanoff, Benureau, Alévêque. Est-ce important d’être fidèle dans la programmation ?

La fidélité se construit à deux, donc oui, c’est une relation de confiance. Les artistes aiment venir au festival car ils sont accueillis dans des conditions parfaites grâce à l’équipe technique, les hôteliers, les bénévoles, c’est ça aussi le savoir-faire stéphanois.

Vous présenterez parmi les meilleurs humoristes de la jeune génération, le Comte de Bouderbalaa, J-B. Lecaplain, K. Khojandi, A. Ivanov… Une véritable prouesse, non ?

C’est ce que l’on appelle « avoir un sens affûté », c’est aussi l’originalité de ce festival de faire se côtoyer des artistes confirmés et des artistes en émergence, mais aussi de proposer des spectacles originaux comme les virtuoses du quatuor espagnol « Stradivarias » ou le magicien canadien Alain Choquette.

Vous programmez également Pierre-Emmanuel Barré, l’un de nos humoristes les plus talentueux mais les plus trash. Est-ce risqué dans cette ambiance paranoïaque globale ?

Justement, c’est le rôle du festival de proposer plusieurs spectacles qui toucheront plusieurs publics. Aujourd’hui et vu le contexte actuel, nous avons besoin de rire, de nous retrouver entre amis, en famille, partager des moments avec ceux que l’on aime autour d’un spectacle. C’est pour cela que dans la programmation nous retrouvons Biyouna, la pièce de Théâtre de Pierre Emmanuel Barré (« Full metal Molière »), Anne Roumanoff, Kevin Razy et plein d’autres, donc tout le monde va pouvoir à un moment se retrouver.

Quelles sont vos attentes pour cette nouvelle édition ?

Nous attendons une hausse de la fréquentation qui se confirme déjà, ceci afin d’annoncer un bon cru de cette 14e édition, que les actions de médiations que nous mettons en place permettent de créer du lien entre les personnes, que les spectacles de découvertes ou d’artistes en émergence programmés cette année donnent envie aux festivaliers de passer la porte de la salle de spectacle pour les découvrir.

Quelle est l’ambition au fond du festival ?

Faire côtoyer sur un même événement de culture populaire, des actions de médiations pour les publics qui parfois n’ont pas de pratiques culturelles, les nouveaux talents du burlesque et de l’humour, les artistes à rayonnement nationaux et continuer à donner du bonheur aux publics, ce qui relève de l’intérêt général !