Organisé par le Nouveau Théâtre Beaulieu, le Festival Bô Mélange permet de découvrir les artistes les plus pertinents de la World Music. Une programmation toujours aussi sûre pour un festival différent et très attachant. Rencontre avec le directeur du NTB, Michel Mazziotta :

Avant d’aborder le Festival Bô Mélange, un mot sur le Festival des Arts Burlesques que vous organisez également… Quel Bilan pour la dernière édition ?
L‘édition 2014 fut, sans aucun doute, notre plus grosse édition, c’est devenu le festival de référence en France mis à part Marrakech et Montreux (qui ne sont pas en France) et qui n’explorent pas que les facettes du burlesque. Pour la première fois à Saint Étienne, nous avons eu plus de 18 000 personnes, spectateurs et participants dans dix salles de l’agglomération et de la rue (avec le défilé burlesque) et pour la première fois également, un reportage sur le 20 heures de TF1. Le jury a attribué de très beaux prix à Charlotte Gabris Julien Cottereau (Molière 2007), Baccala Clown et Vérino.

Comment se porte le Nouveau Théâtre Beaulieu ?
Pas très bien, financièrement parlant, l’assemblée générale du 17 juin va devoir prendre des orientations qui vont déterminer la suite à donner à notre aventure.

On l’ignore mais le Nouveau Théâtre Beaulieu intervient également sur le jeune public avec Théâtre Enfance Jeunesse. Un mot sur cette manifestation ?
Le Théâtre pour l’Enfance et la Jeunesse du NTB, c’est 4 000 scolaires par an, 12 compagnies, 36 établissements scolaires en partenariat. Le NTB, c’est au total 32 000 spectateurs par an pour 105 levers de rideau et nous affichons le meilleur ratio économique des centres culturels en Rhône Alpes (47 %), le 4e centre culturel à Saint Étienne en termes de fréquentation (après l’Opéra Théâtre, Le Fil et la Comédie) et paradoxalement, nous sommes confrontés à de réelles difficultés financières.

Petit retour en arrière, pourquoi créer un festival de musique à Saint-Étienne, au cœur de l’été ?
Au départ, l’idée a germé il y a maintenant 8 ans grâce à la volonté d’habitants et de musiciens stéphanois qui n’avaient pas la chance de partir 2 mois de vacances. Bien sûr nous avons immédiatement souhaité rassembler les gens issus d’origines et de communautés différentes dans un esprit de laïcité et de fraternité musicale. Les musiques du Monde et le Jazz ont immédiatement convaincu. Par ailleurs, un tel festival participe à l’attractivité du territoire.

Quels sont les axes de programmation de Bô Mélange ?
Pour mieux comprendre notre stratégie de programmation, il suffit de regarder la liste prestigieuse de nos invités de cette édition 2014, Irma (Folk Song), Bireli Lagrène et trio Winterstein (Jazz Manouche), Ella Wood, chanteuse des mythiques Platters (Gospels), Staff Benda Bilili (Musique Congolaise), Ky Mani Marley, fils du légendaire Bob Marley (Reggae), Jazz : Stacey Kent, une des plus grandes voix du Jazz actuellement, un concert donné en partenariat avec le Conseil Général de la Loire, Valérie June, une exclusivité Rhône Alpes Auvergne, un des talents du Blues, sans oublier de nombreux talents régionaux et locaux comme Soul Sonic, Lady bug and the Wolf, Guarana, Mystère Trio, Onda Latina… Il faut également mentionner le tremplin Open Jazz et les pratiques semi-professionnelles ainsi que le travail accompli en faveur des pratiques amateurs : avec les stages de Hip-hop, de Zumba, de chant gospel, de guitare…

Si une telle programmation était proposée à Vienne, par exemple, nul doute que le Théâtre Antique serait plein chaque soir… Pourquoi cette difficulté spécifique à Saint-Étienne ?
Je suis en effet bien placé pour en parler car j’étais membre du bureau du 1er festival de Jazz à Vienne et jusqu’en 1981, j’étais le directeur du mois du Jazz à Vienne. Je pense qu’Il n’y a pas de difficulté spécifique à Saint Étienne, le public existe partout où l’on sait le faire participer, non, simplement nous constatons un évident manque de moyens financiers et donc de communication. Qui plus est, nos tarifs sont très abordables de 12 à 23 euros par spectacle ce qui diminue les recettes potentielles, mais cela exprime surtout la volonté principale de notre conseil d’administration : l’accessibilité !

Bô Mélange joue la carte de la délocalisation. Pourquoi ?
C’est particulièrement vrai avec cette nouvelle édition puisque nous rayonnerons sur Saint Étienne Métropole et même au-delà… Nous programmons des concerts à Firminy, Roche-la-Molière, Saint-Priest en Jarez, Villars, Veauche et bien sûr sur Saint-Étienne intra muros, au Parc de l’Europe et sur Saint Victor… Si Saint-Étienne reste la ville phare du festival, ce sont en fait les villes de l’agglomération qui nous sollicitent pour délocaliser la manifestation. Je précise même que ce devrait être un des critères de financement de l’agglomération, mais nous ne désespérons pas car les communautés d’intérêt sont enfin dans l’air.

Est-ce simple de monter un Chapiteau au Parc de l’Europe pour deux soirées uniquement ?
Non ce n’est pas simple du tout mais notre partenaire anglophone nous propose des conditions financières très avantageuses. Sincèrement, nous aurions connu quelques difficultés météorologiques sans chapiteau. Donc, depuis 4 ans, il y a bien ce chapiteau Parc de l’Europe qui permet aussi de proposer une ambiance chaleureuse et une bonne acoustique. N »oublions pas qu’un des plus grands festivals de Jazz (celui de Marciac) a également lieu sous chapiteau.

Êtes-vous bien soutenus par les institutions locales ?
Soutenus oui mais certainement pas à la hauteur des prises de risque et du nombre de spectateurs (5 000) du chiffre d’affaires du festival (240 000 euros). D’ailleurs, j’ai proposé au conseil d’administration que nous réfléchissions même à l’arrêt du festival dans ces conditions ! Ces bénévoles sont courageux mais je pense que tôt ou tard d’autres poseront la question avec plus d’insistance si rien ne change.

Quelles sont les ambitions du Nouveau Théâtre Beaulieu pour cette nouvelle édition de Bô Mélange ?
Sans conteste, cette nouvelle édition proposera l’un des plus beaux plateaux de Bô Mélange, un festival qui va animer l’ensemble du territoire stéphanois du 15 au 25 juillet. Après on verra bien… Comme je vous le précisais, nous aurons notre assemblée générale le 17 juin et nous en saurons plus après… D’ici là, bon festival à tous !